L’événement s’est choisi un thème de réflexion original – « Mines et développement communautaire » – qui s’éloigne des sujets classiques traités dans ce genre de foras, mais qui répond bien à une question que se posent de nombreux Maliens : nos ressources minières nous profitent-elles réellement ? Les trois jours de travaux que vont durer les Journées minières et pétrolières du Mali (JMP) ne seront pas de trop pour porter réponse à cette interrogation. C’est le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, qui a présidé hier au Centre international de conférences de Bamako la cérémonie d’ouverture en présence du ministre de l’Industrie et des mines, Dr Boubou Cissé, de plusieurs membres du gouvernement et des ministres gambien et centrafricain en charge de l’Energie, des Mines et du pétrole. Le représentant du maire de la Commune III, Bakari Séméga, le directeur national de la Géologie et des mines, Lassana Guindo, le président de la Chambre des Mines du Mali (CMM), Abdoulaye Pona et plusieurs autres responsables des services et structures publics et privés du domaine étaient également présents.
Les présentes journées constituent la cinquième édition d’une initiative née en 2005 et qui est devenue un rendez-vous incontournable pour les opérateurs et autres acteurs nationaux et étrangers du secteur minier. Le forum ambitionne de promouvoir le domaine minier sous-régional en général et malien en particulier à travers des échanges d’expériences autour des sujets relatifs au développement de l’activité extractive. Cette année, la centaine de participants dont certains venus d’Europe et d’Amérique se planchera sur l’intégration du secteur minier dans le tissu économique national en général et dans celui local en particulier. L’initiative a reçu un excellent accueil des différents opérateurs miniers. Tous sont unanimes sur la pertinence d’un rendez-vous qui, de leur avis, contribue au renforcement des liens et des partenariats entre eux-mêmes, mais aussi avec l’Etat malien. Pour eux, les JMP offrent aussi une vitrine utile à l’exposition des expertises et des expériences. C’est d’ailleurs ce côté que privilégie le Président directeur général de l’Usine Stone, Ibrahima Diawara alors que le directeur général de la société minière Robex, Abdel Kader Maïga, place l’utilité des Journées dans l’opportunité qu’elle donne de dissiper de nombreuses idées préconçues sur un domaine que nos compatriotes considèrent toujours avec méfiance. Notre interlocuteur, tout comme El Hadj Ibrahim Touré, représentant de l’entreprise Ben and Co, sponsor platine des JMP, estime que l’occasion est bonne pour redonner une visibilité aux actions des mines en faveur du développement communautaire.
DE FAÇON RATIONNELLE ET DURABLE. Cette connexion mines-développement a été largement développée par le ministre de l’Industrie et des mines, Dr Boubou Cissé, pour qui les JMP offrent l’occasion de traduire en actes concrets la vision du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Le chef de l’Etat s’est dit en effet partisan d’une politique économique « plus forte, structurellement plus robuste, en progrès constant, mieux à même de répondre à nos désirs d’épanouissement, à nos exigences de promotion individuelle et collective, bref une économie orientée vers l’émergence ». La réalisation de ce noble et louable objectif sous-tend les efforts du département pour un changement qui ferait du secteur des mines et de l’industrie un des piliers de la diversification de l’économie nationale.
Pour Dr Boubou Cissé, le secteur devra s’intégrer davantage à l’économie nationale de façon rationnelle et durable au profit de nos concitoyens. Dans cette démarche, l’évolution devrait se faire vers une économie minière dans laquelle participeraient pleinement les Maliens et qui se substituerait à une économie d’enclaves minières qui n’intègrent pas les communautés riveraines. Au-delà des concertations avec les populations en préalable à l’implantation des chantiers miniers dans leurs zones, c’est une véritable politique de développement communautaire articulée autour de la responsabilité sociale des entreprises qu’il faudra concevoir pour que l’exploitation minière se traduise en meilleure qualité de vie pour les populations.
Le développement des infrastructures et des services sociaux de base de qualité avec des technologies et des connaissances adaptées est indissociable de celui des ressources minières qu’il faut à tout prix développer de façon durable. Cette approche parait paradoxale quand on sait que les ressources minières sont non renouvelables. Pourtant le ministre est convaincu que c’est la seule approche qui permettrait à notre pays de réussir une transition qui le ferait passer du statut d’exportateur de matières premières brutes à celui de pays industrialisé. D’autres Etats ont pu réussir cette mutation grâce à la qualité des hommes, a dit le ministre, ajoutant que l’exploitation minière doit être pensée dans la durée, mais une durée qui va au-delà de l’épuisement des ressources et doit servir de levier pour une diversification rapide de notre économie.
PLUS DE VALEUR AJOUTÉE. Selon le ministre Cissé, cette diversification est la seule alternative pour assurer un développement durable, parce qu’elle est génératrice d’emplois valorisants. Elle met en outre le pays à l’abri de la vulnérabilité inhérente à la dépendance vis-à-vis de l’exportation de produits dont le cours dépend de l’humeur du marché mondial. Cependant le ministre a souligné la faible capacité de nos entreprises à assurer à elles seules la promotion du secteur. Le département s’attellera donc en priorité à attirer dans notre pays des entreprises internationales pour créer des activités nouvelles et qui progressivement transféreront par effet de proximité des compétences aux nationaux.
Par ailleurs, le ministre a souligné l’importance de la qualité des ressources humaines pour l’atteinte des objectifs. C’est pourquoi, le Mali s’est engagé pour la réalisation d’une Ecole d’ingénieurs des mines et de la géologie qui sera ouverte à l’international du point de vue recrutement aussi bien des étudiants que des enseignants. Des efforts seront faits pour les autres niveaux de compétences (cadres, techniciens et main d’œuvre). Le département travaille avec les détenteurs de permis pour décliner les besoins en main d’œuvre dans les différents corps de métiers et le niveau d’expertise tout comme les besoins en services de sous-traitance, a révélé le ministre. Parlant de l’exploitation artisanale, Dr Boubou Cissé a souligné le rôle central de l’orpaillage qui, de son point de vue, occupe une place importante dans l’économie informelle avec plus de 500.000 emplois couvrant les besoins de 100.000 familles. Il a mis l’accent sur une transformation locale des produits pour créer plus de valeur ajoutée nécessaire au développement local.
Le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, a salué l’initiative des JMP qui, de son avis, offrent cette année l’opportunité du changement, celui voulu par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Loin de constituer une malédiction, les mines doivent servir de véritable outil de développement au profit des nos populations. Pour atteindre cet objectif, l’accent devra être mis sur l’implication des communautés, a souligné le chef du gouvernement, qui a remercié les partenaires techniques et financiers pour leur accompagnement constant au côté de notre pays dans tous les domaines en général, et dans celui des mines en particulier.
L. DIARRA
Mines et pétrole véritables bombes à retardement pour l’Afrique, ils empêchent à l’homme noir de réfléchir!
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