Ghana: entre excitation et inquiétude après la découverte de pétrole

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ACCRA (AFP) – mardi 19 juin 2007 – 17h02 – Excités à l”idée d”une envolée économique mais aussi inquiets pour la stabilité du pays, les Ghanéens imaginaient mardi l”avenir après l”annonce la veille de la découverte d”un gisement d”environ 600 millions de barils de pétrole au large des côtes du Ghana.

La compagnie pétrolière et gazière britannique Tullow Oil a annoncé lundi avoir découvert ce gisement après avoir exploré dans une zone se trouvant à cheval sur les champs pétrolifères du Cap des Trois Points et de Deep Water Tano, ce dernier étant aussi partiellement la propriété de Tullow Oil.

Le président ghanéen John Kufuor s”est réjoui de cette nouvelle, estimant que le pétrole allait permettre d”accélérer le développement économique du pays, ancienne colonie britannique devenue indépendante en 1957.

"Déjà, sans pétrole, nous allons très bien", a déclaré le président. "Désormais avec le pétrole comme coup d”accélérateur, nous allons nous envoler", a-t-il prédit.

Deuxième producteur mondial de cacao, le Ghana produit de l”or, du bois, de la bauxite et des diamants. Mais selon l”indice de développement de l”ONU, ce pays, où l”eau et l”électricité se font rares, est actuellement 136e sur 177 pays.

Certains des Ghanéens interrogés espèrent que la découverte de pétrole va mettre un terme aux problèmes énergétiques en permettant l”approvisionnement en brut d”une centrale thermique.

"Maintenant, avec une bonne gestion, nous pouvons être aussi riches que les Emirats arabes unis et nous n”aurons plus de crise énergétique", imagine une secrétaire, Edith.

Le Ghana souffre actuellement d”une grave pénurie d”électricité, ce qui a forcé le gouvernement à rationner l”énergie.

Cependant, d”autres Ghanéens interrogés s”inquiètent des conséquences d”une telle découverte pour l”environnement et la stabilité du pays.

"Nous avons besoin de pétrole mais nous devons nous assurer que cela ne sera pas dommageable pour l”environnement", lâche un étudiant, Musah Tawfiq.

De nombreuses personnes craignent aussi que la découverte de pétrole ne mène le gouvernement à négliger d”autres secteurs de l”économie, et entraîne une vague de corruption, voire des troubles.

"Le pétrole peut être une bénédiction et une malédiction. Dans la plupart des pays africains, c”est plus une malédiction qu”une bénédiction", souligne un responsable de banque, Nii Noi.

Le Ghana, dirigé par M. Kufuor depuis janvier 2001, est régulièrement cité par la communauté internationale comme un modèle en Afrique pour ses progrès en matière d”économie et de démocratie.

Mark Otchere, patron de bar, se dit "excité" par la découverte de pétrole mais aussi inquiet. "Il ne faudrait pas qu”ils nous déçoivent en pensant que cette découverte va résoudre tous nos problèmes", met-il en garde.

"Dans la plupart des pays africains riches en pétrole il y a des guerres, beaucoup de chaos et de corruption. Il suffit de regarder le Nigeria", où le sud pétrolier est en proie à des troubles récurrents.

AFP

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