« C’est au Mali seulement qu’on a réussi à Invité sur le plateau de TV5, Alou Boubacar Diallo, PDG de Petroma explique comment, à partir du gaz découvert accidentellement dans un village, il s’est lancé dans son exploitation pour produire de l’électricité.
Comment s’est faite cette découverte ?
Avant l’arrivée de ma société, il y avait des émanations de gaz. Et les villageois avaient appelé cet endroit de conviviale et ils ont fini par le transformer en place sacré pour la circoncision des petits garçons.
Donc il y avait déjà des émanations de gaz. Et en 86-87, il y a eu une tentative de forage d’eau pour le village qui est accidentellement tombé sur le gaz. Et dans la recherche du gaz, nous avons fait des études géologiques et des études scientifiques pour voir l’importance du phénomène, l’importance de la réserve et voir si on peut en faire une exploitation.
Et justement, vous avez décidé de lancer l’exploitation, vous avez réussi à électrifier tout un village, comment ça se passe ?
Quand on a fait l’analyse du gaz, on s’est rendu compte qu’il y avait presque 98 à 99 % d’hydrogène, donc c’est presque de l’hydrogène pure. Des gens commençaient à dire “l’hydrogène, c’est volatile, comment vous allez faire, c’est une découverte qui ne sert à rien”. Moi je me suis dit non ! On va essayer de produire de l’électricité sur place, pour voir même si c’est difficile de transporter l’hydrogène. Peut-être, c’est beaucoup plus facile de transporter l’électricité. Et c’est ce que nous avons réussi.
C’est l’électricité qui est produite sans CO2, sans émission de carbone, c’est non seulement de l’électricité verte, puis c’est à moindre coût, c’est ça l’intérêt !
L’avantage, c’est qu’on produit l’électricité sans émission CO2. Et l’hydrogène est un gaz qui a un pouvoir calorique plus élevé que les gaz qu’on connait. Donc, avec une petite quantité d’hydrogène, on peut produire beaucoup d’électricité. Nous arrivons aujourd’hui à produire l’unité pilote et l’électricité sans émission CO2. Et nous avons électrifié le village de Bourakébougou, c’est une première au monde parce qu’il y a trois grandes découvertes au monde, les Etats-Unis, la Russie et le Mali. Et de toutes ces découvertes, c’est seulement au Mali qu’on a réussi l’exploitation.
Et c’est une opportunité économique incroyable pour le Mali ?
Oui ! Et surtout quand on voit les pays du Sahel qui souffrent beaucoup des problèmes de stabilité, de sécurité, de pauvreté, de sous-développement. Dans un rapport choc de Koffi Annan, il est noté que 621 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. Malgré le fait que l’électricité est produite d’avec des sources polluantes, nous n’arrivons pas à électrifier tout le continent.
On peut imaginer un jour que le Mali devienne un exportateur d’électricité ?
Pourquoi pas ? Nous sommes sur le chemin. Nous avons déjà fait l’unité pilote qui marche et qui a montré que c’est possible d’utiliser d’hydrogène pour en produire de l’électricité sans émission CO2. Mais, au-delà, on peut essayer de le produire à l’échelle nationale, pourquoi pas surtout que nos pays sont interconnectés et exporter cette électricité.
Quand on fait une découverte pareille, on imagine qu’il doit y avoir des réticences, notamment du côté du secteur pétrolier, du secteur nucléaire, ça ne doit pas être trop facile de trouver des investisseurs ?
Vous savez, changer le business modèle de production d’électricité, ce n’est pas facile. Les gens sont habitués à des business modèles de production d’électricité et dans lesquels il n’y a pas de place pour l’hydrogène pour le moment. Mais depuis la Cop-21, c’est que la transition énergétique est une nécessité pour l’avenir énergétique même de l’humanité. Dans cette transition énergétique, on parle de l’uranium, on parle du solaire, mais c’est que l’hydrogène a incontestablement sa place dedans. Avec l’hydrogène, on peut l’électricité sans émission CO2 et on peut déplacer cette électricité aisément. C’est ce que nous essayons de faire. C’est une opportunité de concrétiser les bonnes volontés affichées de la Cop-21 par un petit projet au Mali.
On pourrait découvrir d’autres gisements d’hydrogène au Mali ?
Il y a un grand professeur, Alain Bristophére, qui est un spécialiste de l’hydrogène qui a fait beaucoup de découvertes d’hydrogène un peu partout dans le monde, notamment en Russie. Il doit venir visiter bientôt nos gisements au Mali. Et je pense qu’on pourrait faire d’autres découvertes. Il faudrait aller plus vers l’investissement dans la recherche, dans la découverte, puis dans la transformation de cette nouvelle source d’énergie sans émission CO2.
Source : TV5