Aider les Maliennes commerçantes transfrontalières, qui œuvrent en majorité dans l’informel, à s’installer légalement et les former à l’élaboration de plans d’affaires et à la gestion adéquate de leurs activités, en bref, leur permettre de devenir de vraies opératrices économiques, tels sont les objectifs du partenariat qui a été scellé vendredi dernier entre ONU FEMMES, la Bank Of Africa Mali (BOA), les ONGs AMPRODE Sahel et APROFEM et le RFOE (Réseau des Femmes Opératrices Economiques).
ONU FEMMES, l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes a initié le projet «Promotion des femmes engagées dans le commerce informel transfrontalier pour devenir des opératrices économiques », après avoir fait le constat que, du fait de leurs faibles capacités organisationnelles et de leur manque d’instruction, de formation et d’information, le commerçantes informelles transfrontalières (CIT) maliennes ne bénéficiaient pas de tous les avantages de leurs activités et n’étaient couvertes par aucune législation du travail.
En outre, leur très grande mobilité et la vulnérabilité qu’entraîne leurs connaissances insuffisantes en matière de santé les exposent aux IST, dont le VIH/SIDA et aux Violences Basées sur le Genre (VBG). Pour sortir de leur pauvreté et s’assurer une autonomisation économique, ces femmes voyagent fréquemment d’un pays à l’autre, devenant les cibles de nombre d’abuseurs.
Un projet mis en œuvre par deux ONGs nationales maliennes, APROFEM et AMPRODE Sahel depuis 2011, après l’élaboration de bases de données actualisées, s’est attelé au renforcement des capacités (formation et accompagnement) et à l’accès au financement adéquat des femmes bénéficiaires. Son objectif final du projet est de contribuer à l’autonomisation économique des commerçantes informelles transfrontalières et à leur pleine participation à l’économie nationale ainsi qu’à une meilleure protection contre le VIH/SIDA et les violences basées sur le genre dans les zones transfrontalières qu’il couvre.
Le projet comporte aussi la mise en place d’un fonds destiné au financement des activités économiques des femmes commerçantes informelles transfrontalières, qui représente l’apport initial d’ONU FEMMES au Fonds d’Appui à l’Autonomisation de la Femme et à l’Epanouissement de l’Enfant (FAFE), censé être financé par le Budget National, le RFOE représentant les bénéficiaires.
C’est dans ce cadre qu’un partenariat a été élaboré entre ONUFEMMES et la BOA pour abriter le fonds, cette banque ayant accepté de multiplier le financement initial par 5 au profit de 450 femmes, soit un montant total de 225 millions à débourser sur 3 ans, avec une garantie de 45 millions de FCFA et des possibilités de prêt jusqu’à 4 millions par femmes d’une durée maximale de remboursement de 18 mois, au taux d’intérêt record de 9%. Le différé et la fréquence de remboursement seront en fonction du cycle de commercialisation, pour tenir compte des réalités du terrain
La cérémonie de signature de la convention de partenariat, le 13 juillet dernier dans la salle du Conseil d’Administration de la BOA, dans le contexte actuel de crise alimentaire et de conflit armé du Mali, était donc l’occasion de marquer d’une pierre blanche le lancement du projet, qui va appuyer 450 femmes. C’est pourquoi son plateau était des plus relevés. Outre Mme Ichata Alwata Sahi, ministre de la Famille et de la Promotion de la Femme et de l’Enfant, entourée des membres de son cabinet, étaient présents un représentant du ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie, M. Seidina Oumar Waigalo, Directeur Général Adjoint de la BOA Mali, Mme Coulibaly Aissata Touré, Présidente du RFOE et Mme Rachelle Mian Djangone, Directrice Pays d’ONU FEMMES. Nombre de bénéficiaires, ainsi que leurs encadreurs, tant des ONGs impliquées que de la Banque, étaient aussi de la fête. C’est très conscientes de leur responsabilité, car c’est de la régularité de leurs remboursements que dépendront l’avenir du projet et celui d’autres femmes commerçantes transfrontalières qui aspirent à en être parties prenantes, que ces dames ont écouté les conseils qui leur ont été donné par les officiels, entrevoyant enfin le bout de leur tunnel professionnel.
Ramata Diaouré