Selon le rapport de l’étude sur les différentes sources de pollution de la Falémé et ses affluents dans les trois communes du cercle de Kéniéba, initiée par l’Asfa21 et ses partenaires, à l’exception des eaux de forage, toutes les eaux du cercle sont polluées par les activités minières. La survie des différentes cours d’eau de la zone est sérieusement menacée dans les prochaines années avec la présence de plus de 100 000 orpailleurs et plus de 1000 dragues.
Pour prévenir la menace imminente d’une catastrophe écologique généralisée qui plane sur l’ensemble du cercle de Kéniéba en général et la Commune rurale de Faléa en particulier, l’Action solidarité Faléa 21 (Asfa 21) et à ses partenaires ont mené une étude sur la pollution de la rivière de Falémé et de ses affluents.
Cette enquête a été financée par la Fondation Rosa-Luxembourg. Le rapport d’étude sur les différentes sources de pollution de la Falémé et de ses affluents dans les communes de Dabia, Faléa, Faraba et Kéniéba dans le cercle de Kéniéba a été présenté hier à la presse au cours d’une conférence de presse au siège de l’Asfa 21. La conférence était animée par Nouhoum Kéita, directeur exécutif de l’Asfa 21, et Guimba Diallo, ingénieur des eaux et forêts, consultant.
Le directeur exécutif de l’Asfa 21 a laissé entendre que cette enquête vise à faire l’état des lieux et suivre l’évolution de la problématique de la pollution-destruction de l’environnement de la Falémé et ses affluents dans le cercle de Kéniéba.
Guimba Diallo, qui a dirigé l’enquête, a exprimé son indignation face à la situation actuelle des choses dans le cercle de Kéniéba. Il a dénoncé l’incompétence, l’inertie et l’insouciance de l’Etat face à cette situation. Selon lui, tous ceux qui exploitent l’or dans la zone utilisent le mercure et d’autres produits toxiques.
Selon le rapport, le lavage à l’eau simple ne permettant de récupérer que des pépites et grains d’or ; le reste de la boue est traitée à l’aide de cyanure (cyanuration) ou de mercure (amalgamation) pour en extraire de l’or plus fin. Les deux procédés sont dangereux du fait de leur toxicité pour l’organisme.
Dans le cas de l’exploitation par drague, le minerai broyé passe sur des tables d’amalgamation qui sont souvent soumises à un mouvement de va-et-vient pour mieux assurer le contact entre le minerai et la table, laquelle est faite de plaque de cuivre amalgamée en surface.
L’or s’attache à la surface de la table, formant un amalgame que l’on recueille aisément. Le lavage et le traitement aux produits chimiques se font manuellement avec des calebasses ou des tables en bois par les orpailleurs traditionnels qui ne sont plus considérés comme tels dès qu’ils utilisent ces produits chimiques (ce qui est toujours le cas).
Selon les conférenciers, l’Etat doit s’assumer en jouant son rôle régalien dans la protection et la préservation de cette ressource partagée afin d’éviter des conflits prévisibles entre voisins. Les autres acteurs, notamment les ONG, devraient s’impliquer dans l’encadrement l’accompagnement et la formation des orpailleurs (pour une exploitation durable et propre de l’or) comme ce fut le cas dans les autres secteurs primaires de production (agriculture et élevage entre autres).
Le renforcement de capacités des autorités communales et des organisations locales est nécessaire pour une bonne gestion des couloirs d’orpaillage qui incombe désormais aux collectivités.
Y. Doumbia