On ne doit pas tuer le géniteur du barrage de Félou

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barrage Felou30 octobre 2009 – 17 décembre 2013 : Voilà quatre ans, jour pour jour, après le lancement des travaux , que le barrage hydroélectrique de Félou, situé à 15 km de Kayes, au Mali, ce géant dragon métallique ouvre ses vannes.

 

Au fil de l’eau, don de merveille du fleuve Sénégal. Pour manifester leur grand intérêt à cet ouvrage communautaire de l’OMVS ( Organisation pour la Mise en valeur du Fleuve Sénégal ) que se partagent les 4 États riverains, les présidents Ibrahim Boubacar Keita, Macky Sall, Ould Abdel Aziz ont fait le déplacement ce mardi 17 décembre 2013 sur le site de Félou. Seule fausse note, le chef de l’état de la République de Guinée, Alpha Condé , trop chargé dit-on a préféré envoyer son Premier ministre à cette cérémonie. Mauvais casting pour Conakry qui se devait de grandir un des leurs, l’actuel locataire de l’institution inter-étatique OMVS, Kabiné Komara, ex chef du gouvernement du sulfureux et tonitruant capitaine Dadis Camara. Sur fonds de sonorités traditionnelles et de la légendaire civilité du ”djatiguiya ” ( hospitalité propre aux Maliens ), l’accordéon cérémonial s’est joué à fausses cordes. Presque, sans couleur et lumière.

 

 

Car, le géniteur de ce mammouth hydroélectrique d’un coût de 123 milliards Fcfa ( soit ) confié au consortium Sino Hydro, le Mauritanien, Mohamed Salem Merzoug, ex haut commissaire de l’OMVS, bâtisseur de cet ouvrage, fruit de longues et difficiles discussions avec les bailleurs internationaux n’ y a pas été convié. Tout le gratin officiel y compris le tout nouveau Haut-Commissaire, le Guinéen, Kabiné Komara ont fait table rase sur les péripéties et les hommes qui ont porté sur leurs épaules ce gigantesque ouvrage au service des peuples du fleuve Sénégal. Piètre ! Salem Merzoug était le grand absent à Félou. La décence managériale qui a été le substrat de sa gouvernance et la courtoisie de civilité urbaine devraient prévaloir sur les autres calculs de préséance. Encore que son ombre a plané sur Félou qui lui doit tout… Il a tenu la barque et fait de ce pari audacieux que beaucoup croyaient un rêve insensé une réalité. Ses prédécesseurs ont pêché dans les eaux troubles avant son arrivée aux commandes de l’OMVS.

 

Depuis 89, aucun barrage n’est sorti de terre. Salem MERZOUG délivre en 2002 l’institution. La charte des eaux de l’OMVS et le retour de la Guinée en 2006 dans la famille communautaire fluviale portent à merveille son empreinte. Urbi orbi, le nouveau barrage de Félou inauguré en grandes pompes est riche de secrets et d’anecdotes. Seuls les initiés de la chaumière en savent un bout. Le dossier Alstom, constructeur français, parmi les entreprises soumissionnaires pour s’adjuger le contrat de concession est assez révélateur. Son offre en dépit d’une forte pression exercée sur l’institution à l’époque par des officines parisiennes n’a pas été retenue devant celle de Sino Hydro. Raison: coût exorbitant de l’offre. Pour une logique de souveraineté et d’économie financière, Salem MERZOUG a préféré être du côté des États. Une leçon de grand commis léguée à la jeune génération d’entrepreneurs !!.

 

Grandeur et mysticité d’un destin croisé:

On ne peut pas tuer le géniteur d’une œuvre de cette envergure. Des trois chefs d’état présents, un certain 30 octobre 2009, seul l’homme fort de Nouackchott est encore au pouvoir. Les deux autres chefs d’état, Wade et Toumani Touré ont été défaits. Ce jour là, la Guinée de Dadis CAMARA avait dépêché sur les berges de Félou, un certain Kabiné Komara, premier ministre post -Conté, celui qui a succédé au Mauritanien, en mai 2013. C’est le même ex Premier ministre , quatre ans après , qui, dans ses nouveaux habits de locataire de l’OMVS qui reçoit les trois chefs d’état riverains. Son prédécesseur qui le recevait un 30 octobre 2009 prend le large. Entre le mysticisme d’un temps et la grandeur d’un destin, on peut tuer l’un, mais l’autre devra survivre. Lui a tué les deux ! La fâcheuse amnésie a refait surface.

 

Kabiné Komara a t’il sacrifié sur l’autel des clauses du gentlemen agreement la célèbre et très symbolique formule de Hannibal ? << Quand vous me montreriez le chemin, je construirai des édifices empiriques pour le grand bonheur de la communauté >> .

 

 

Le barrage Félou est pour Merzoug, ce que Richelieu représente pour l’ Académie des Beaux Arts de Paris, ce que Maréchal Sully était pour le Roi Henri IV. Même au fort supplice de Pharaon, son peuple n’a jamais renié de le lui reconnaître sa vision de grand chef et de bâtisseur éprouvé …

 

 

Par Ismaël  Aidara, rédacteur en chef délégué ( www.lesafriques.com ) pour  Maliweb.net

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3 COMMENTAIRES

  1. il devait les organisateurs de la cérémonie pour savoir les raisons de l’absence de ” son merzoug” et nous le dire; il doit savoir, ce journaliste que l’état est une continuité….

  2. Tu es un vrai cancre , c’est lui qui a conçu ce grand projet intégrateur hydroélectrique et cherché les financements pour sa réalisation. On fête la mise en service du barrage, la décence voudrait qu’on le convie à la cérémonie inaugurale. C’est tout simplement cela. Il n’est pas mort et vit sous nos tropiques encore. Ne pas le faire peut être assimilie à de l’amnésie .!!

  3. Que signifie toute cette litterature puerile? Ton Merzoug n’a pas ete invite: est ce que le…barrage va s’arreter de fonctionner????

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