Le 11 janvier 1994, le franc CFA a été dévalué de 50% par rapport au franc français auquel il était arrimé depuis 1948 par une parité fixe. Ce changement de parité du FCFA est intervenu dans un contexte de quasi-stagnation des exportations de l”ensemble des pays de la zone Cfa autant en Afrique centrale qu”en Afrique de l”Ouest. Seulement voilà ! Rattaché depuis quelque temps à la devise européenne- l”Euro- le Franc CFA risque de revivre le triste événement de 1994 du fait de la forte ascension de l”Euro. Depuis mars 2007, l”Euro s”est apprécié de 3,7% face au Yen et de 1,9% par rapport au Dollar américain. La bonne santé de l”Euro peut-elle en contrepartie provoquer une dévaluation à court terme du franc CFA ? Voilà tout le débat actuellement en cours dans les milieux financiers internationaux et dans la zone franc de l”Afrique centrale (la CEMAC). En Afrique de l”Ouest et particulièrement en zone UEMOA, c”est motus et bouche cousue car la plupart des pays semblent plus préoccupés par la conduite de leur processus électoral.
La zone franc n”oubliera pas de sitôt la dévaluation du CFA intervenue le 12 janvier 1994, suite à la rencontre des deux Michel : Michel Roussin ministre français de la Coopération et Michel Camdessus venu du lointain FMI pour nous tomber dessus. En effet, selon les experts financiers, la surévaluation du CFA – en ce temps-là – se traduisait pour de nombreux pays de la zone franc par une perte notoire de compétitivité des exportations au profit d”autres concurrents. Cette perte de compétitivité a été notamment aggravée par plusieurs facteurs, parmi lesquels les coûts de production élevés et la mauvaise qualité des produits exportés.
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Dix ans après cette mesure dont les effets avaient pour but essentiel de restituer la valeur réelle de cette monnaie régionale africaine, conformément à la santé des économies de deux régions qui l”utilisent (Uemoa et Cemac), des observateurs pensent aujourd”hui que les résultats escomptés sont encore mitigés et craignent une réplique de la mesure de janvier 1994, depuis la forte ascension de l”Euro, monnaie à laquelle est désormais rattaché le Franc Cfa.
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Niveaux records de l”Euro et faiblesse du Dollar
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L”Euro évoluait à des niveaux records, mercredi 11 avril, face aux principales devises. En hausse face au Dollar, l”Euro a inscrit des records face au Yen et au Franc suisse. La nouvelle appréciation de l”Euro s”explique notamment par la faiblesse du Dollar et du Yen. Les questions de taux de change ont été d”ailleurs posées, à la réunion du G7-Finances qui s”est tenue les 13 et 14 avril à Washington.
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A plus de 1,34 Dollar, l”Euro a atteint, mardi 10 avril, son plus haut niveau depuis mars 2005 face à la devise américaine. Et contre le Yen, il s”est établi à un niveau record en franchissant la barre des 160 Yens pour un Euro, s”échangeant mardi à 160,14 Yens pour un Euro. Le Franc suisse est l”autre victime.
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L”euro a atteint 1,6391 Franc suisse au cours de la séance de mardi, un niveau historique. Du jamais vu depuis la création de la monnaie unique. La devise a profité des perspectives de remontée des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE). Les gardiens de l”Euro ont relevé sept fois les taux d”intérêt depuis décembre 2005, à chaque fois d”un quart de point. Et au rythme actuel, à savoir une hausse tous les trois mois, le prochain geste devrait avoir lieu avant la fin juin, avec une hausse du taux directeur qui devrait passer de 3,75% à 4%.
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Euro contre le Yen
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Depuis le dernier relèvement des taux d”intérêt européens en mars, la monnaie unique s”est appréciée de 3,7% face au yen et de 1,9% par rapport au dollar. Cette réalité de l”euro fort ne fait pas l”affaire des grandes entreprises : plus la monnaie unique s”apprécie et plus cela pénalise les exportations européennes. Par exemple, à chaque progression de l”Euro face au Dollar, ce sont des centaines de milliers d”Euros de compétitivité qui échappent au constructeur aéronautique Airbus face à son concurrent américain Boeing.
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D”ailleurs, l”Euro fort est également un thème de campagne des candidats à l”élection présidentielle en France, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont régulièrement critiqué le niveau trop élevé de l”Euro et par extension la politique de la BCE. Cette ascension de la monnaie unique s”explique aussi par la faiblesse du Dollar, handicapé par le ralentissement de l”économie américaine. Outre-Atlantique, les perspectives sont d”ores et déjà pessimistes.
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Les experts s”attendent en effet à ce que les résultats trimestriels des entreprises américaines soient ralentis. Si c”est le cas, les marchés financiers accordent leur préférence à l”Euro plutôt qu”au Dollar. C”est dans ce cadre que les questions de taux de change ont été discutées à la réunion du G7-Finances de Washington. En effet, selon les affirmations du ministre japonais des Finances, Koji Omi, la semaine dernière, c”est-à-dire avant la tenue du G7-Finances: "Les discussions sur les taux de change auront probablement trait au Yen, au Dollar, à l”euro et au Yuan". Il faut noter que le Yen est affaibli par la décision de la Banque du Japon (BOJ) de laisser inchangés, pour le deuxième mois d”affilée, les taux d”intérêt à 0,5%.
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Les Etats-Unis jugent que la monnaie chinoise est délibérément sous-évaluée par rapport au Dollar, qu”elle contribue de ce fait à creuser le déficit commercial américain, Washington accusant la Chine d”accorder, grâce à la faiblesse de sa monnaie, des " subventions illégales " à ses exportateurs.
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C”est dans ce contexte que le sort du Franc CFA est en train de se jouer, cause de son arrimage à l”Euro qui aura naturellement des conséquences sur nos économies. Les prochains jours nous édifieront. Mais en attendant, rappelons que la mise en circulation d”une monnaie unique africaine a été défendue par des Chefs d”Etat qui ont comme tête de file l”expert économiste Abdoulaye Wade du Sénégal. Certainement que ce débat sera relancé dans un avenir très proche.
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Amadou Bamba NIANG
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