Dans son adresse à ses gouvernés, le Premier Ministre Mariam Kaïdama Cissé partage l’objectif de son déplacement de ce samedi, 3 septembre 2011. Il s’agit de « voir » leurs « réalisations dans les domaines de l’agriculture ». Au terme d’une journée de voyage, « l’espoir est permis. Cette année, il est même question de battre des records à Baguinéda ».
Il est 12H passées de 15mn. La fête est au village. Les chasseurs, gardiens des temples mandingues sont là. En chair et en os. Fusils dans les bras, sacs en bandoulière. Ça chante, danse et crépite dans tous les sens. Entre le Mali profond et son pouvoir c’est une histoire d’amour. Sans aucune connotation partisane ou autre. Les braves ont la patrie dans le cœur. Comme le bonheur a Mariam Sidibé dans son cœur. Du moins, si l’on en croit à son second prénom Kaïdama qui signifie la « bienheureuse », en langue malinké. Le Kaïdama du Premier Ministre au féminin est-il en malinké, en peulh ou en sonrhaï ?
Nos excellences saluent seulement. Distribuent encore sourires et attentions. Visitent stand par stand. S’attardent à chaque stand, en palpe chaque produit. Après quoi, l’heure est à la respiration. Disons qu’il s’agit de joindre l’utile à l’agréable. L’entretien du Premier Ministre avec les autorités locales et les organisations de femmes peut commencer.
D’entrée de jeu, l’adjoint au Chef de village, Sékou Diarra lève toute équivoque : il ne vaut « pas mieux » que ses pairs. Il est simplement en mission. Celle de ses pairs au nom desquels il a souhaité la bienvenue à la délégation. L’homme de mission pointe le curseur sur les problèmes de son village : « Toutes nos cultures sont perdues. Nous sommes endettés. Le périmètre est hypothéqué ». Le maître du village a également en souci le genre : « Les hommes et les femmes vont ensemble. Les hommes sont les pères des femmes. Les femmes sont les mères des hommes ». Mais, avertit-il : « Donnez l’argent aux femmes pour qu’elles fassent du commerce. Arrêtez avec l’agriculture. Sinon, vous allez tuer nos femmes ». Parce que « nous, ce sont nos enfants qui cultivent». Et non les femmes qui « sont au champ du matin au soir ». Malheureusement, « pour rien ».
Le Premier Ministre n’est de cet avis-là : «Même si les femmes restent c’est pour travailler et non à discutailler. Le travail qu’elles font est toujours utile pour la famille et la société ».
Prenant la parole, le Maire de la Commune rurale, monsieur Mamadou Traoré soutient : « Baguinéda est plus vieille que Bamako ». Cependant, déplore-t-il : « Baguinéda n’a pas de marché ». Le constat est amer et les femmes le partagent. Aussi, exige le Maire, faut-il à Baguinéda son marché. Une exigence à laquelle le Premier Ministre a répondu ceci : « Aux femmes, nous donnons 2 millions pour qu’elles essaient de résoudre le problème de marché ».
Quelques minutes auparavant, le Centre de Fooball for Hope a eu sa part de don : Deux millions de francs CFA pour améliorer leur équipement ». Un don reçu avec ses « encouragements » et ses vives « félicitations ». Et le centre les mérite, de l’avis du PM selon lequel le Centre de Football « c’est vraiment un centre pour femmes ». Un centre qui ne fait que « valoriser le travail fait à la main, dans le champ, à l’ordinateur ». D’où son aide donc. Cette aide, poursuit le Premier Ministre, c’est pour renforcer les familles, les communautés.
Après un « MERCI pour le courant », le Maire a transmis à notre « Executive wooman » deux lettres signées des femmes de la base. Auxquelles s’ajoute la lettre des jeunes.
Les artistes, eux, ont du talent. Ils ont bien égayé l’auguste assemblée. Et ne lui adresseront pas de lettres. Mais auront également à leur part de gratitude : « Deux cents francs CFA ». Cependant, il y a problème : « A qui remettre l’argent ? ». En attendant de trouver la réponse, l’adjoint au Directeur de l’OPIB, monsieur Lamine Dembélé aura pris la responsabilité de garder sur lui la somme en question.
La présidente des femmes de Baguinéda Camp, madame Makoloma Kouyaté se réjouit de l’historique nomination d’une femme au poste de Premier Ministre du Mali. La femme rurale au leadership affirmé met également le Premier Ministre face à ses responsabilités. Celle de femme placée à un poste aussi stratégique. La femme puissante doit alors « s’impliquer pour les femmes. Tout ce que nous avons dit à Amadou, nous l’avons trouvé. Maintenant, il vous a nommée. Nous ne connaissons plus Amadou. Mais vous, la femme Ministre (Premier) ».
Pour autant, Makoloma Kouyaté n’oublie pas sa communauté : « Il nous faut l’usine ». A cette dernière exigence, SEM Mariam Kaïdama Sidibé, entre deux sourires, répond : « Pour paraphraser Sali Sidibé, il l’a dit et l’a fait. L’usine sera inaugurée avant la fin du mandat présidentiel ». Mais, insiste-t-elle : « Il faut la contribution de la population de Baguinéda qui doit la prendre comme la prunelle de ses yeux ». Ainsi seulement, elle pourra l’inscrire dans la durée. La séance est levée. L’heure d’aller manger a sonné.
Que veut le peuple ? A boire et à manger, comme on dit au Mali. Sauf qu’ en ce samedi 3 septembre 2011, il y a inversion des rôles. Les Gouvernants sont plutôt à la table du peuple. Le restaurant « Diam naati » en gagne en prestige. La confiance du peuple s’en renforce. Un point de gagné, côté Gouvernement. Des deux côtés, le bonheur est manifeste. Gouvernants et Gouvernés s’aiment bien. Au-delà de ce qui les sépare. Il va cependant séparations falloir reprendre la route.
Un temps. Deux mouvements se sont produits. Le cortège est à Bamako. Le voilà déjà à la Tour d’Afrique où chaque véhicule a pris son destin en main.
Hawa Diallo, envoyée spéciale