Ayant fait objet d’une présentation au Salon international de l’Agriculture de Paris, la zone Office du Niger du Mali fait figure de proue des espaces agricoles aménageables en Afrique. Elle offre des atouts et des opportunités inestimables pour la sécurité alimentaire dans la Sous-région.
Créée le 5 janvier 1932 par l’Administration coloniale et nationalisée le 19 mai 1961 par le Président Modibo Kéïta, la Zone Office du Niger correspond à la partie occidentale du Delta Central Nigérien. Son projet initial datant de 1929 comportait l’aménagement de 960.000 ha dont 510.000 ha pour la culture du coton et 450.000 ha pour le riz.
En 2015-2016, plus de 118.148 ha ont été aménagés et exploités à partir du barrage de Markala.
Potentialités en terres et en eau
La Zone Office du Niger présente un espace très vaste, aménageable, avec un potentiel de développement important pour le pays. Les ressources en eau sont abondantes, à partir du Barrage de Markala qui fournit 6000 m3/s pendant la période des crues, en relevant la côte de l’eau de 5,5 mètres, alimentant ainsi le Canal adducteur. En période de décrues, elle bénéficie du soutien du Barrage de Sélingué. Dans le futur, il est prévu le scenario Fomi-Taoussa-Kandadji de l’ABN.
Office du Niger pourquoi ?
Restructuré en 1994, l’Office a recentré ses missions autour de la gestion des eaux, la maintenance des aménagements, la maîtrise d’ouvrages déléguée pour les études et le contrôle des travaux, l’entretien des infrastructures primaires, la gérance des terres et le conseil rural et l’assistance aux exploitants des terres aménagées en approvisionnement en intrants et en matériels agricoles.
Gérance
Pour une gestion rationnelle de la zone, le Décret n°2014-0896/P-RM est entré en vigueur le 12 décembre 2014. Il porte sur l’organisation de la gérance des terres et du réseau hydraulique affectés à l’Office du Niger et définit les limites et les modalités de gestion des terres de celui-ci (Office du Niger).
Adduction d’eau
Elle se fait à partir du Barrage de Markala et ses ouvrages annexes. Ce barrage relève la côte de l’eau de 5,5 mètres et alimente le Canal adducteur qui dessert les canaux principaux du réseau primaire à partir du point A (Canal du Sahel, Canal du Macina et Canal Coste-Ongoïba). Les canaux principaux se prolongent et alimentent un réseau dense de distributeurs, de partiteurs et d’arroseurs qui amènent l’eau de façon gravitaire jusqu’aux parcelles.
Le Contrat-plan 2014/2018
Pour contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté au Mali par une croissance économique accrue, il est signé, le 12 février 2014, entre l’Etat, l’Office du Niger et les Exploitants Agricoles, le contrat-plan 2014-2018. Ledit contrat vise l’aménagement de 65.550 ha de nouvelles terres pour la production de riz et la réhabilitation de 25.599 autres hectares d’aménagement existants.
De 1939 à nos jours, 48.961 ha sont réhabilités contre 119.906 ha aménagés.
Campagne 2016-2017
Pour cette campagne agricole 2016-2017, la production totale attendue pour les principales spéculations est de 914.979 tonnes pour le riz paddy ; 325.952 tonnes pour les produits maraîchers; 16.350 tonnes pour le maïs et 31.850 tonnes pour la pomme de terre.
Programmes futurs
Dans son Schéma Directeur d’Aménagement de l’Office du Niger de 2008, étendu sur l’horizon 2020, le Gouvernement malien a prévu d’aménager 120.000 ha et de porter aussi la superficie irriguée à 200.000 ha pour accompagner les Exploitations agricoles familiales et les investisseurs privés dans la promotion du secteur.
A cet effet, il est élaboré «le Programme d’Aménagement Hydro Agricole (PAHA) de la Zone office du Niger». Son plan de mise en œuvre est en cours de préparation. S’y ajoute l’«Etude environnementale stratégique» en cours d’élaboration. Ces deux documents permettront de compléter le schéma directeur sur les questions de disponibilité en eau et de planification des aménagements.
Divers projets en discussion
A l’occasion de la visite fructueuse de Son Excellence le Président de la République du Mali en Chine, en avril 2014, et de la déclaration de Dakar, le Gouvernement malien a signé avec ses Partenaires Techniques et Financiers plusieurs protocoles d’accord pour la mise en œuvre de projets d’aménagement à l’Office du Niger. Le Programme concerne un Projet d’aménagement hydro agricole de 100.000 ha dans le système hydraulique du Méma ; un projet d’ouverture du 3ebief du Fala de Molodo et de dragage du 2e bief du Fala de Molodo dans la Zone Office du Niger (Projet du Méma), le projet d’aménagement Hydro-agricole de 100.000 ha dans le Système hydraulique du Farimaké dans la Zone Office du Niger (Projet du Farimaké); le Projet d’aménagement hydro-agricole de 110.000 ha dans le système hydraulique du Kokéri ; le projet d’élargissement du Canal du Macina et de dragage du Fala de Boky Wèrè, dans la Zone Office du Niger (Projet du Kokéri); le projet d’aménagement Hydro-agricole de 10.000 ha dans le casier de Soumouni, dans la Zone Office du Niger (Projet de Soumouni) et le projet Nouveaux Villages Agricoles dans la Zone Office du Niger (NVA dans le casier de M’Béwani)».
Promoteurs et investisseurs privés opérant dans la zone
Entre autres promoteurs et investisseurs de référence, opérant dans la zone de l’Office, figurent le Complexe Agro Industriel du Groupe Kéïta (CAI), une société attributaire d’un bail de 7400 ha. Elle dispose d’une chaine complète d’équipements agricoles et produit principalement la pomme de terre, le maïs, le blé et le riz.
La Coopérative Modibo Kimbiri, composée de paysans exploitant environ 342 ha en baux dans la zone de N’Debougou. Avec un rendement moyen de 6.54t/ha, elle produit environ 4200 tonnes de riz paddy par campagne agricole.
Quant au promoteur Mamou Camara de la Diaspora malienne, il exploite actuellement 400 ha en riziculture dans la zone de Ké-Macina, avec une production annuelle de 2.500 tonnes de paddy.
Atouts et opportunités
L’Office du Niger présente des atouts et opportunités sûrs pour le développement agricole et économique. Parmi ces atouts, l’on note l’existence de l’interconnexion électrique pour favoriser l’implantation des unités de transformation, la disponibilité des produits à transformer comme la tomate, le riz, la pomme de terre, l’échalote oignon, etc. et surtout la garantie juridique pour les terres.
Perspectives
Les autorités maliennes entendent faire de l’Office du Niger l’Agropole de Ségou, accroitre les productions végétales et animales, développer du partenariat public-privé, améliorer l’habitat rural, instaurer une pension de retraite pour les producteurs et installer des usines de conservation et de transformation des produits maraichers (tomate, pomme de terre, oignon, etc.). Les perspectives portent aussi sur le développement de la pisciculture en cages flottantes, l’installation des agro pasteurs le long des émissaires de drainage, la reconversion des canaux en terres en canaux en bétons et installation de bornes fontaines sous pressions pour le développement d’irrigation par aspersion et goutte à goutte, la construction d’un pont sur le fleuve Niger à Ségou et la réflexion sur un port aérien à Ségou.
Cyril ADOHOUN