« L’Office du Niger sera désormais au cœur de l’agenda du gouvernement ». Le Premier ministre, Moussa Mara, en visite dans la quatrième région, a annoncé la bonne nouvelle aux populations venues lui témoigner leur reconnaissance et leur gratitude pour leur avoir fait l’honneur de leur rendre visite en cette période d’hivernage. Accompagné des ministres du Développement rural, Dr Bocari Tréta, de la Justice et des droits de l’homme, Garde des Sceaux, Mohamed Ali Bathily, des autorités administratives et locales et du président directeur général de l’Office du Niger, Elias Dougnon, Moussa Mara a sillonné toute la zone de l’Office du Niger. En trois jours, le chef du gouvernement s’est rendu dans les périmètres irrigués, visité des unités industrielles présentes dans la zone, inauguré d’autres infrastructures, rencontré les communautés, et animé une conférence de cadres.
Cette visite du Premier ministre en quatrième région s’inscrit dans la dynamique que le chef du gouvernement veut, sur instruction du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, imprimer à l’action gouvernementale.
Ce périple ségovien du Premier ministre intervient au moment où la campagne agricole bat son plein dans la zone Office du Niger. Simple coïncidence ? Loin de là. Il fallait venir superviser cette campagne agricole, discuter avec les paysans et les communautés, afin de trouver les solutions aux problèmes susceptibles de menacer la campagne, a expliqué le Premier ministre. Aujourd’hui, la situation phytosanitaire est encourageante, malgré quelques inquiétudes dues à l’absence de pluies dans la zone.
Le Premier ministre eut tout d’abord droit à une présentation de l’Office du Niger. Considéré de part sa vocation comme le grenier national, l’Office a été créé en 1932. Quelques années plus tard, notamment entre 1934-1947, le projet sera renforcé par la construction du barrage de Markala. Après l’indépendance en 1961, l’Office sera nationalisé et abandonnera dix après de la culture du coton, sa vocation première. En 1994, l’Office connaitra une restructuration et une réorganisation six ans plus tard. L’Office a pour missions : la gestion de l’eau ; la maintenance des aménagements et la maîtrise d’ouvrage délégué pour les études et le contrôle des travaux. Il est également chargé de l’entretien des infrastructures primaires, assure la gérance des terres et fait le conseil rural et l’assistance aux exploitants des terres aménagées en approvisionnement en intrants et en matériels agricoles.
Le système d’irrigation de l’Office tourne autour du barrage de Markala. Cet ouvrage hydraulique alimente les canaux adducteurs composés de canaux principaux et secondaires qui, dans un système gravitaire, amènent de l’eau jusqu’aux parcelles rizicoles. Au 31 octobre dernier, la situation du foncier se présente de façon encourageante. 438.504 ha doivent faire l’objet de lettres d’attribution et de convention d’exploitation. Les superficies des baux signés s’élèvent à 86.660 ha pour 14.790 ha aménagés. 421.771 ont déjà fait l’objet de lettres d’accord de principe résiliées antérieurement pour non respect de la procédure, tandis que 1.105 autres ha sont sur le point de connaître le même sort. A la date d’aujourd’hui à l’Office du Niger, les superficies disponibles après résiliation s’élèvent à 815.041 ha.
ENCOURAGER LES INITIATIVES PRIVEES. Les objectifs de la campagne agricole cette année en termes de superficies et de production sont de 110.927 ha de riz en saison pour une production de 693.417 tonnes. Concernant les spéculations maraîchères, l’Office entend exploiter 11.720 ha pour une prévision de 356.663 tonnes d’échalotes et de tomates. 5.615 ha et 677 ha sont prévus respectivement pour le maïs et la pomme de terre avec des productions prévisionnelles de 30.780 et 23.045 tonnes, a expliqué Elias Dougnon. Les besoins en semences évalués à 5.406 tonnes sont entièrement couverts de nos jours. La situation phytosanitaire se caractérise par la présence de chenilles et de rats et une forte population de quelea quelea, sur les périmètres de riz.
Les difficultés actuelles de l’office ont pour noms : le retard dans la mobilisation des fonds de l’Etat ; le faible niveau de réalisation des baux attribués aux privés et le faible niveau d’équipement des exploitants agricoles. L’insuffisance de la main d’œuvre due à l’exode des bras valides vers les zones minières, la présence de fortes populations d’oiseaux granivores, le problème d’eau engendré par l’envasement et l’envahissement du Fala de Molodo, figurent parmi les défis de l’office.
Aux responsables de l’Office, le Premier ministre a renouvelé la confiance du gouvernement et invité à plus d’efforts pour combler l’espoir de tout un peuple. Les perspectives annoncées doivent être traduites dans les faits, a-t-il noté, ajoutant que tout sera mis en œuvre pour soulager l’Office de ses souffrances. Moussa Mara a souligné la nécessité d’encourager les initiatives privées sur les périmètres.
Après avoir pris connaissance avec l’Office, le chef du gouvernement pouvait aller mesurer la réalité sur le terrain. La délégation mit cap sur Markala où elle visitera le barrage, avant de s’enquérir des systèmes de régulation hydraulique dans les périmètres irrigués au niveau du « Point A ».
Le Complexe agropastoral industriel (CAI) de l’opérateur privé Modibo Keita a également été apprécié par Moussa Mara. Ici se développe un projet de maïs sur une superficie d’environ 800 ha. A Ké-Macina, le Premier ministre visitera les casiers rizicoles et le test de fertilisation au phosphate naturel de Tilemsi granulé, avant de se rendre sur le projet Malibya à Kolongo. Dans cette même localité, Moussa Mara appréciera la ferme piscicole « B. Diallo ». Ce projet de pisciculture constitue une initiative novatrice de production de poissons au profit des jeunes diplômés de Kolongo. 20 jeunes, dont 4 femmes, exploitent ici deux cages d’une centaine d’alevins pour un coût d’investissement de plus de 20 millions de Fcfa.
UNE SUBVENTION EN AVAL. L’usine sucrière, une autre infrastructure visitée par le Premier ministre, assure 25%des besoins nationaux. Les responsables chinois promettent de revaloriser ce niveau de production pour un meilleur approvisionnement du marché national. Le clou de cette première phase du périple du chef du gouvernement a été l’étape de N’Débougou. A l’occasion de la réunion de synthèse, les riziculteurs ont exprimé à l’illustre hôte leur reconnaissance. Le délégué général des coopératives des riziculteurs des zones de l’Office du Niger, Abdoulaye Dao, a salué les initiatives du gouvernement en faveur des paysans. La subvention de l’engrais à 11.000 Fcfa a permis une économie de plus de 10,35 milliards de Fcfa dans la zone Office. Mais il n’a pas manqué d’attirer l’attention sur ce qu’il appelle des défis auxquels est confrontée la riziculture dans la zone : la pression foncière, le manque de terres aménagées, d’équipements agricoles, l’absence d’unités de transformation des produits maraîchers etc…
Pour le ministre du Développement rural, ces défis évoqués plus haut demeurent des priorités de son département. Dr Bocari Tréta a indiqué que la seule raison d’être de son département, c’est la promotion du monde rural. Il s’est réjoui des propositions faites par les paysans. Ceux-ci ont souhaité ce qu’ils appellent une subvention en aval, c’est-à-dire que l’Etat, en plus de subventionner les engrais, s’engage aussi à acheter toute leur production à un prix leur permettant de réaliser une marge de bénéficie conséquente.
Le Premier ministre s’est félicité de ce périple qui lui a permis de voir la réalité sur le terrain. Le chef du gouvernement a souligné le rôle et la place qui revient à l’Office dans la chaîne alimentaire dans notre pays. « On ne peut pas parler au Mali de fierté sans une autosuffisance alimentaire. Il ne peut y avoir d’avenir pour notre pays, s’il n’y a pas d’avenir pour l’agriculture. De même qu’il n’y a pas d’avenir pour l’agriculture s’il n’y a pas d’avenir pour l’Office du Niger », a-t-il dit, ajoutant qu’une grande partie de l’agenda du gouvernement sera réservée à l’Office du Niger. Il sera au cœur du programme du gouvernement. Ses priorités seront les siennes afin qu’il soit une vitrine pour promouvoir l’image du Mali, a conclu le Premier ministre.
Moussa Mara a poursuivi sa visite, dimanche, dans la zone de la CMDT. Nous y reviendrons dans nos prochaines livraisons.
Envoyé spécial
L. DIARRA