Au lieu qu’ils engorgent nos prisons avec toutes les charges qu’ils occasionnent, les détenus de droit commun doivent effectuer des travaux d’intérêt public. Pour cela, l’Etat doit expérimenter des centres pénitentiaires agricoles à l’Office du Niger axé sur la formation de ses détenus en agriculture. Toute chose qui permettra de développer une politique de réinsertion de ses prisonniers et contribuer à l’accroissement de la production, donc de la souveraineté alimentaire.
Crée le 5 janvier 1932, l’Office du Niger est le plus vaste et plus ambitieux projet d’aménagement hydroagricole de l’Afrique de l’Ouest initié par l’administration coloniale. Le projet visait la satisfaction des besoins en matières premières, notamment le coton (510 000 ha) pour l’industrie textile de la métropole et de la couverture des besoins alimentaires en riz (450 000 ha) des populations de l’Afrique Occidentale Française, soit environ 960 000 ha à aménager en 50 ans.
Ces objectifs n’ont jamais été atteints. Ainsi, à l’indépendance du Mali, le 22 septembre 1960, les pouvoirs publics ont manifesté un intérêt pour le développement agricole de la zone. Cependant, force est de reconnaitre que de 1960 à 2002, les politiques, stratégies et programmes mis en œuvre pour les besoins de la cause ont abouti à des résultats mitigés en deçà des espérances. Même avec de multiples mutations et réformes dont l’une des plus importantes est celle de 1994 qui a permis de recentrer les missions, les objectifs visés aussi bien que les résultats attendus n’ont pas connu de réalisation à hauteur de souhait.
Il a fallu attendre l’arrivée au pouvoir du général Amadou Toumani Touré pour voir dégager une synergie d’action autour de l’Office du Niger afin que celui puisse mieux faire face aux défis et les relever. La volonté affichée du président ATT d’imprimer un nouvel élan à la zone Office du Niger s’est manifestée avec l’adoption d’un certain nombre de textes réglementaires et législatifs visant à accroitre les aménagements hydroagricoles.
Ce sont ces textes qui ont autorisé les investissements de grands privés tels que Malibya et le Millenium Challenge Account (MCA) avec son projet Alatona, le Moulin Moderne du Mali de l’opérateur économique Modibo Kéïta du Grand Distributeur de Céréales au Mali (GDCM). Ainsi, grâce aux efforts de ceux-ci, en plus de ceux de l’Etat, que ATT est devenu le président qui a fait plus d’aménagements hydroagricoles en République du Mali de l’indépendance à nos jours. A preuve: de 1934 à 1960, ce sont 43 247 ha qui ont été aménagés; 26 560 ha de 1960 à 2002. De cette année à nos jours, ce sont 24 861 ha qui ont été aménagés. Cette volonté du président ATT s’est également manifestée par la subvention de la production à coups de milliards de nos francs. Ceci a permis aux producteurs de bénéficier des semences, de l’engrais et du matériel agricole à un prix raisonnable.
La création d’un ministère délégué auprès du Premier ministre chargé du développement intégré de la zone Office du Niger, le 9 avril 2009, est le couronnement de la volonté du président ATT à faire de l’agriculture un moteur de développement économique et social.
Depuis, des efforts assez louables sont en train d’être déployés afin de donner à l’Office du Niger toute la valeur qu’il mérite pour une souveraineté alimentaire. Ainsi, en visitant les zones de cet office en début de mois de juin dernier, le président du Conseil Economique, Social et Culturel (CESC) du Mali, Jeamille Bittar, face aux potentialités que renferme cette zone, dans le domaine de l’agriculture, a déclaré que «pour une agriculture de nos rêve, chacun a sa place à l’Office du Niger».
En parlant de «chacun», Jeamille Bittar faisait, sans doute, allusion à l’exploitation familiale et aux entreprises agro-industrielles. En effet, ces entreprises font l’objet de toutes les conjectures et critiques et avec elles, l’Etat, que certains accusent à tort, de spéculation foncière au détriment des pauvres paysans.
Le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé du développement intégré de la zone Office du Niger, Abou Sow, ne cesse de soutenir qu’«un centime des terres de l’Office du Niger n’a jamais été cédé à qui que ce soit. Les terres sont attribuées à travers de baux».
En plus des investisseurs privés grâce à qui les superficies aménagées se situent aujourd’hui à 98,531 ha, les détenus de droit commun ont également leur rôle à jouer à l’Office du Niger.
Au lieu d’engorger nos prisons avec toutes les charges que les détenus occasionnent, l’Etat doit expérimenter des centres pénitentiaires agricoles à l’Office du Niger dédiés à la formation des détenus dans les techniques agricoles. Toute chose qui permettra de développer une politique de réinsertion pour ces prisonniers et de contribuer à l’accroissement de la production, donc de la souveraineté alimentaire.
Alassane DIARRA