Ils sont plusieurs dizaines de paysans qui exploitent le périmètre irrigué de Baguinéda et qui arrivent à en tirer les ressources nécessaires pour subvenir aux besoins de leur famille. Mais, cette année, ils le savent déjà (mais, tardivement), ils perdront tout.
En effet, le canal qui irrigue les casiers de ces d’exploitants à Baguinéda, vient d’être bouché pour des raisons d’aménagement d’une route longeant ce canal à partir du 3ème pont via Missabougou.
Mais, contrairement à l’année dernière où certains exploitants du périmètre irrigué de Baguinéda avaient vu leurs activités interrompues après avoir, à temps été informés des aménagements qui devaient avoir lieu, cette année, ce n’est pas le cas.
Cela, parce que le projet d’aménagement de l’année dernière rendait plus viable le canal et permettait d’assurer une bonne irrigation des casiers.
Informés à l’avance, les exploitants avaient alors pris toutes les précautions. Certains n’avaient pas procédé à des cultures de contre-saison (concernant le riz), d’autres avaient, en lieu et place du riz, cultivé des légumes qu’ils se débrouillaient à arroser.
Mais, cette année, c’est tout autre chose.
A la surprise générale, il y a quelques jours seulement, qu’ils se sont rendus à l’évidence : il n’y a plus d’eau dans les casiers, et surtout, il n’y en aura plus.
La raison de cette terrible réalité est que, le canal qui leur permet de bénéficier du vital fluide est désormais et définitivement bouché pour cause d’aménagement d’une route.
Et le problème est que, n’ayant pas été informés de l’entreprise, les paysans avaient déjà effectué des cultures de contre-saison (en riz, légumes et autres) dépendantes toutes, de l’eau du canal bouché. Comment sauver la situation ?
Les plus aisés des exploitants louent actuellement des moto pompes, pendant que les autres creusent des puits ou se résignent à attendre d’hypothétiques pluies.
"Nous sommes foutus ! Cette année, non seulement nous ne pourons pas prendre en charge nos familles, mais aussi et surtout, nous devrons faire face au remboursement de nos dettes contractées pour l’achat des semences, engrais et autres.
Ce n’est pas nous qui ne voulons pas de ce pays, mais ce pays qui ne veut pas de nous."
C’est à peu près ce qui nous a été dit par la plupart des exploitants que nous avons rencontrés sur le terrain.
Mais, pour le vieux Sidiki Diarra qui a déjà amené sur ses casiers ses 5 chèvres afin que celles-ci s’y nourrissent, "toutes les terres appartiennent à l’Etat et il a le droit d’en faire l’usage qu’il veut, quand il le veut. Seulement, l’Etat a le devoir d’en informer à temps les occupants de ses terres. Je suis triste pour le Mali".
Le vieil homme qui sanglotait après ces propos dit-on est un fou.
Un fou pourtant dont le discours est bel et bien cohérent.
A. Sanogo