Opération pomme de terre en zone office du niger: Comment résoudre la problématique du remboursement des crédits ?

3
Amadou Boye Coulibaly DG office du Niger

Pour la réalisation de ce programme, la BMS-SA, a qui l’Office du Niger a apporté un fonds de garantie de 300 millions de F CFA, a financé la Fédération des Coopératives pour 308, 875 tonnes de semences et 182, 325 tonnes d’engrais. Des intrants qui ont servi à la réussite  de la campagne de pomme de terre. En effet, de l’avis de tous les producteurs, le rendement à l’hectare qui a oscillé autour de 30 tonnes a permis de dépasser la production attendue, malgré que ce soit 95 % de superficies prévues qui furent exploitées. A la date initiale du dernier délai de payement (30 juin), seulement 12 % du montant contracté furent payés. Les producteurs s’endettent et ne remboursent pas. Les coopératives qui font des gages ou les intermédiaires croulent entre ces derniers, mauvais payeurs, et les structures financières qui leur prêtent de l’argent. Une Fédération en Zone Office du Niger comme la FCRMD (fédération des caisses du delta) est en banqueroute. L’ardoise que ses producteurs lui laissent a atteint cette année  les 600 millions de F CFA tandis qu’elle doit un peu moins le même montant aux banques.

En décidant le 11 Novembre 2011 de lancer une opération de culture de pomme de terre dans sa zone fortement rizicole, l’Office du Niger avait à cœur, pour déjouer les affres des aléas de l’hivernage 2011 et son corollaire de sécheresse dans les zones du sahel, de diversifier et d’augmenter les revenus des producteurs, de développer la filière de la pomme de terre et sa chaîne de valeurs tout en créant des emplois permanents et temporaires. Cette culture de rente, à forte demande par rapport à l’offre (les maliens en importent au moins 8 000 tonnes par an), possédant aussi de grande valeur nutritive était jugée suffisante pour contribuer à la sécurité et à la souveraineté alimentaire du pays. L’Office du Niger tabla donc sur une prévision de 7000 tonnes qui seront récoltées par 748 producteurs (l’approche est volontariste) dont un agro- industriel (les Moulins du Mali) autour de 117 villages de toutes les zones de production habituelles.

Pour un programme d’une si grande attention pour les autorités nationales, qui l’imbriqueront dans leur politique nationale de développement, la Direction Générale de l’Office du Niger, sous la férule du PDG Amadou Boye Coulibaly, a mis tous les atouts de son côté pour sa réussite en amont. Les besoins en semences ont été satisfaits auprès de fournisseurs en Hollande, Tunisie et Belgique et les variétés (une demi douzaine), pour la plus part précoces, furent bien adaptées aux conditions climatiques de la zone. Outre la protection phytosanitaire et l’approvisionnement correct en intrants, la formation des agents conseillers et des producteurs fut un préalable à la mise en œuvre de ce programme pilote qui a bénéficié d’un large écho au niveau des acteurs, à travers, information sur les ondes et sensibilisation auprès des associations villageoises.

Les coopératives face à leurs responsabilités

Avec un résultat net de 11 807, 980 tonnes de pomme de terre récoltées à l’issue de ce programme, soit un dépassement de la prévision initiale, les acteurs de la filière ont pu apprécier la bonne organisation qui a caractérisé, un trimestre durant, l’opération. C’est une Fédération des producteurs qui fut l’organisation faîtière chargée du développement de cette filière de pomme de terre. Elle a eu la Banque Malienne de Solidarité (BMS-SA) comme partenaire financier, l’Office du Niger venant en appui conseil pour la production, la conservation, la commercialisation et le remboursement de la banque par la Fédération constituée, au total, de 9 coopératives. Pour la réalisation de ce programme, la BMS, a qui l’Office du Niger a apporté un fonds de garantie de 300 millions de F CFA, a donc financé la Fédération des Coopératives pour 308, 875 tonnes de semences et 182, 325 tonnes d’engrais.

Des intrants qui ont servi à la réussite  de la campagne pomme de terre. Car, de l’avis de tous les producteurs, le rendement à l’hectare, qui a oscillé autour de 30 tonnes, a permis de dépasser la production attendue, malgré que ce soit 95 % de superficies prévues qui furent exploitées. Selon Président de la Fédération des Coopératives, Amadou Mariko, “l’opération n’a jamais été mise en difficulté qu’après la récolte, où les producteurs, pour qui nous avions contracté les crédits, ont rechigné à venir rembourser les dus pour diverses raisons assez bien subjectives. En tout cas, tout sauf que la production n’a pas été conséquent. Tous les producteurs ont écoulé à suffisance leurs pommes de terre. Il n’ ya pas eu de mévente. Nous croyons plutôt à leur  mauvaise foi. C’est pourquoi, nous avions dit qu’il faille, comme la loi l’exige en matière de prêts, qui refusent de rembourser, d’appliquer la main forte. C’est-à-dire, soumettre le litige aux huissiers de justice afin que la Banque, qui nous réclame son argent, soit en possession du crédit qu’elle nous a octroyé“. Il est donc clair, que des mauvais payeurs ont décidé de faire gripper ce programme dont la liste des volontaires en attente pour la prochaine campagne grossit quotidiennement (2000 ha sont prévus), car à la date initiale du dernier délai de payement (30 juin), seulement 12 % du montant contracté furent payés.

Et pourtant, la Direction Générale de l’Office du Niger avait bien vu, juste après les événements du 22 Mars que notre pays a connus, pour sillonner toutes les zones en expliquant que l’opération pomme de terre ne devrait pas être tributaire de ce qui arrive au pays, que les sommes contractées auprès de la BMS par leurs coopératives sont des dettes obligatoirement remboursables et que le payement diligent est le seul facteur concourant à renouveler l’opération, pour le bonheur des producteurs et de leurs zones ainsi que la politique de développement agricole de la nation basée sur de telles initiatives.

Quand l’Office du Niger ne fait plus de la commercialisation

C’est depuis 1994 que l’Office du Niger s’est vu dépouillé de certaines prérogatives et ses paysans vivent des difficultés à honorer leurs engagements en matière de prêts contractés. Les producteurs s’endettent et ne remboursent pas. Les coopératives qui font des gages ou les intermédiaires croulent entre ces derniers, mauvais payeurs, et les structures financières qui leur prêtent de l’argent. Une Fédération en Zone Office du Niger comme la FCRMD (fédération des caisses du delta) est en banqueroute. L’ardoise que ses producteurs lui laissent a atteint cette année  les 600 millions de F CFA tandis qu’elle doit un peu moins le même montant aux banques. Ces dernières, elles aussi, réfléchissent par deux fois, malgré des structures de garantie comme l’Office du Niger, avant de prêter aux producteurs via les coopératives, l’argent de leurs sociétaires.

 Et quant à l’Office du Niger, dont le rôle ne se limite qu’à l’appui conseil, voit souvent ses initiatives en panne du fait de producteurs désobligeants en matière de remboursement de prêts. Ce qui pose essentiellement la problématique du remboursement des prêts contractés en Zone Office du Niger. Comme avec le programme pomme de terre qui voit en réalité les coopératives (et non l’Office du Niger) qui s’étaient portées garantes au niveau de la BMS, obligées de passer par des huissiers de justice pour recouvrer auprès des producteurs les prêts qu’ils ont contractés pour le programme pomme de terre. Toute chose qui fait craindre à l’Office du Niger la réussite de son nouveau programme de maïs hybride prévu pour la présente campagne agricole.

                   Alassane DIARRA

 Envoyé spécial à Segou

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. En se basant sur les chiffres donnés dans l’article on se rend compte cette opération est très rentable pour les producteurs qui semblent être animés par une mauvaise volonté. Passons maintenant à la démonstration:
    – Intrants:
    Semences : Supposons que le pris du Kg de la semence coûte 1000 FCFA
    On aura : 308, 875 t=308 875 KG
    308 875 x 1000 = 308 875 000 FCFA.
    Engrais: On sait que le sac de 50 Kg d’engrais subventionné coûte 12 500 FCFA
    On aura: 182, 325 t = 182 325 Kg soit 3 646,5 sacs
    3 646.5 x 12 500= 45 581 250 FCFA
    Le coût total des intrants est donc de : 354 456 250 FCFA
    Coût de la production
    11 807, 980 t = 11 807 980 Kg
    Prenons 200 F le coût de vente de la production bien que le kg est vendu actuellement à 500 FCFA
    11 807 980 x 200 = 2 361 596 000 FCFA.
    Constat : Le prix des intrants ne représentent que 15% de la production ainsi on a une valeur ajoutée de 85% ce qui correspond au travail créé par les maliens (les producteurs qui pourrons désormais préfinancer leur activité dans futur proche s’il a du sérieux bien sûr).
    Contrairement à la pomme de terre importée où les maliens payent les producteurs d’autres pays et des commerçant véreux pour leur produire et livrer ce produit tant consommé au Mali.
    Au Gouvernement de prendre ses responsabilités.
    A bon entendeur salut !

    • Cher (ère) Encore,

      C’est très dommage que vous vous êtes planté dans votre démonstration qui selon vous consiste à montrer que les Producteurs sont de mauvaise foi. A la fin de votre démonstration débile vous arrivez à l’opposé de ce que vous prétendiez montrer. A savoir, la mauvaise foi des Producteurs. Si mauvaise vous avez démontré, c’est bien évidemment la vôtre. Je m’explique.

      Comment vous pouvez avec votre intelligence (analytique j’ai presque envie de dire) réduire le coût de production aux seuls prix des intrants que vous semblez d’ailleurs réduire aux semences et engrais. Décidément vous vous méconnaissez mal très mal dans l’agriculture d’une manière générale et en particulier dans la culture de la pomme de terre. Sinon, où avez vous mis : les dépenses des produits de traitement (pesticides), la redevance eau (désolé de vous le rappeler l’eau est payante en Zone Office du Niger), le coût du travail de la main d’oeuvre utilisée, et les frais de location de terres (pour les producteurs ayant loué des terres surtout les femmes n’en ont pas), les éventuels intérêts des crédits octroyés, le coût de distribution (et ben pour acheminer les produits sur les marchés, il faut les transporter) etc.? De grâce ne confondez pas la consommation intermédiaire pour le Producteur et son coût de Production. Vous voyez là aussi, vous avez des graves problèmes en compta de gestion. Donc de grâce, gardez vos chiffres pour vous même parce qu’ils sont fallacieux et fortement trompeurs.

      Je ne sais pas non plus où vous sortez le Prix de 200 FCFA (sinon votre Prix de 500 FCFA). Je vais vous dire tout, moi je suis de la Zone Office du Niger. Aucun Producteur n’a vendu ses pommes de terre à plus de 175 FCFA en moyenne. Je dis bien aucun. Visiblement vous confondez mais gravement le Prix grossiste auquel vendent les Producteurs (qui gravitait entre 100 FCFA à 150 FCFA au mieux) au Prix détail sur le marché. Et là je ne parle même pas de la loi de King ! Donc vous voyez les choses ne sont pas aussi simples que ça !

      Et après avoir m’entretenu avec des producteurs, il m’a semblé qu’il y a eu un vrai malentendu sur le remboursement des crédits en tout cas sur l’échéance de ces crédits. En vertu de la loi de King, demandez aux producteurs surtout vu le succès de l’opération en termes de production, est (était) suicidaire pour les producteurs. Si vous avez lu et compris ce qui précède vous savez maintenant pourquoi! Et vous oubliez complètement (et là en suivant l’esprit court du journaliste) que c’était la 1ère fois que les Producteurs en Zone de l’Office du Niger cultivent en masse la Pomme de Terre. Cela pose en aval le problème d’écoulement de ces pommes de terre donc un nouveau marché auquel il va fallait chercher des débouchés. En tout cas une chose est sûre, l’Office du Niger ne constitue pas traditionnellement un Grand marché pour la consommation en masse de ce nouveau produit. Donc il faut que les acheteurs viennent en grande partie d’ailleurs.

      Combinez tous ces facteurs Cher(ère) Encore, vous allez vous rendre compte de votre grande erreur je n’ose plus employer “mauvaise foi” ! Et puis pourquoi, le journaliste n’est pas allé demander l’avis des Producteurs ? Car somme toute, il n’y pas mieux placés que ces Producteurs pour expliquer pourquoi ils ne parviennent pas à rembourser les crédits ? En tout cas, il n’y a pas meilleure que cela si on est disciple de la sociologie compréhensive de Max Weber, mais ça c’est un autre débat…

Comments are closed.