L’Office du Niger (ON), qui devrait être une référence dans le développement économique du Mali, n’est plus le même parce qu’il n’est plus autonome. En fait, tout a basculé depuis l’arrivée d’Amadou Boye Coulibaly à la tête de l’Office. Cette société vieille de plus de 80 ans cherche encore ses marques et cela, par la faute du PDG qui manque de créativité et d’ingéniosité.
Depuis qu’Amadou Boye Coulibaly a été promu PDG de l’ON, les choses ne bougent plus comme il se doit. Parachuté à ce poste après le départ de l’ancien PDG, le nouveau ne sait plus par où commencer, alors qu’il est un ancien de cette société. La visibilité de l’ON laisse encore à désirer car aucun plan de communication digne de ce nom n’a été concocté par cette société. A cela il faut ajouter l’incapacité du PDG à s’assumer, surtout qu’il arrive parfois que ses ordres aient du mal à être exécutés par ses subalternes. C’est dire qu’une grande méfiance règne aujourd’hui au sein de la société car il existe une grave crise de confiance entre ses responsables.
L’enrichissement illicite et la gestion clanique décriés au temps de l’ancien PDG sont actuellement devenus monnaie courante. Et si l’on n’y prend garde, la mauvaise gestion qui prend forme au sein de l’ON aura des répercussions fâcheuses sur la société. Aujourd’hui, l’Office est très mal géré et il risque de ne pas pouvoir accomplir la mission qui lui a été assignée, à savoir, faire du Mali le grenier alimentaire de la sous-région. Par ailleurs, il faut préconiser une réforme de l’ON pour l’émergence d’une sécurité alimentaire forte. D’ailleurs, l’autonomie de gestion de cette société est un facteur qui accentue aussi la mauvaise gestion en son sein. Si l’argent récolté allait là où il fallait, les paysans de l’Office ne seraient plus en train de travailler de façon traditionnelle, mais plutôt avec des matériels modernes qui leur permettront de fournir moins d’efforts qu’aujourd’hui.
La saignée des entreprises publiques
L’appétit venant en mangeant, le PDG étend très vite ses «tentacules» au sein de la société. Du coup, la frénésie du gain facile s’empare du nouveau PDG et de tout le staff dirigeant qui gravite autour de lui. L’enrichissement illicite prend alors des allures de mise à sac du patrimoine et des ressources publiques et cela, à un rythme incroyable. Le pillage des deniers publics est en train de connaitre son apogée au sein de l’Office du Niger et tous les prétextes sont bons pour justifier l’injustifiable. En fait, c’est comme si on voulait pousser cette société vers le gouffre. Le plus choquant dans la zone office du Niger est les conditions de vie des paysans. Certes ces derniers travaillent pour satisfaire leur propre besoin, mais il est aussi sage de reconnaitre que sans ses paysans on ne peut parler d’Office du Niger. Ses pauvres paysans qui exploitent les périmètres de l’office du Niger manquent de commodité d’habitat. Toute chose qui fait qu’en saison de pluie, des campements entiers sont inondés et les pauvres maisons en banco de ses derniers s’écroulent. Pourquoi ne pas songer à un plan Marshall en initiant un vaste projet d’habitat immobilier pour ses derniers. Cette initiative permettra à ses paysans de vivre aussi dans des conditions hygiéniques toute chose qui aura surement des rendements encore positifs sur la production du riz et de la pomme de terre au sein de l’Office. A cela il faudra aussi songer à la construction d’écoles car beaucoup d’enfants de paysans sont obligés de faire des kilomètres à pieds pour se rendre à l’école. Au lieu de songer à de telles initiatives qui pourront encore redorer le blason de l’Office, les responsables de cette société préfèrent se faire les poches. Ce qui laisse transparaître qu’il y a une forte mafia qui s’est érigée au sein de cette société. Et pendant tout ce temps, les fonds de cette société ont été détournés. En situant les responsabilités, il se révèle que le PDG est le premier mis en cause dans cette affaire scandaleuse. Car, c’est lui qui a le monopole de la gestion financière de l’Office du Niger. En réalité le problème de la gestion de l’Office du Niger ne date pas d´aujourd´hui, mais nous pensons qu’il est temps que les autorités s’intéressent à la gestion de cette société surtout que l’Office du Niger est l’un des meilleurs héritages que les colons français ont laissé au Mali pour combattre l’autosuffisance alimentaire dans la sous région ouest africaine.
Les populations de l’Office du Niger ont gros sur le cœur. Grande productrice de riz, de maïs, de la pomme de terre et bien d’autres cultures vivrières, cette population vit dans une extrême pauvreté. Cet état de fait est imputable au mauvais prix d’achat de leurs produits.
Après avoir dépensé en énergie et déboursé des sommes d’argent pour la création et l’entretien des périmètres rizicoles, il faut faire face au prix d’achat, fixé au gré des humeurs des acheteurs qui n’ont que leurs intérêts mercantiles.
Un audit et la réorganisation proprement dite de la société sera salutaire pour le devenir de cette grosse société autonome du Mali.
Paul N’Guessan