Office du Niger : Le PDG Kassim Denon dans le viseur d’Interpol

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Mis en veilleuse, au moment de sa nomination à la tête de l’Office du Niger (ON), le dossier sur la mauvaise gestion de l’ORS (Office Riz Ségou) dans le cadre du Projet de Développement rural Intégré de Ségou (PDIS) qui a occasionné une perte sèche d’environ 300 millions de francs CFA dans la caisse vient d’être remis au goût du jour. D’où le lieu pour le PDG de l’Office du Niger, Kassoum Dénon, de défiler devant l’Interpol. C’était, en fin mars dernier. Dirigé par des limiers, chargés de faire toute la lumière sur la gestion de ces fonds, ce dossier épingle Kassoum Dénon, Directeur Général de l’Office Riz Ségou à l’époque des faits..

A en croire nos sources, les enquêteurs de l’Interpol sont tombés, à leur corps défendant, sur des zones d’ombre dans la gestion des fonds du PDIS par Kassim Dénon. Un financement qui se chiffre à 588, 47 millons de francs CFA.

Relégué aux oubliettes, ce dossier risque de sonner le glas du maintien de Kassim Dénon à la tête de l’Office du Niger

Initié dans les règles de l’art, ce dossier met à nu le contour de la gestion de plus de 300 millions de nos francs, au sein du PDIS à l’Office Riz de Ségou.

A chaque enquête, le même scénario : d’un côté, des suspects de la République en rogne, soupçonnant les enquêteurs de « traficotage » des données. Et de l’autre, des responsables qui s’en défendent. Sans convaincre.

Mais le dossier, lié à la saignée financière au Projet de Développement rural Intégré à l’Office Riz de Ségou, entre 2005 et 2007 et dont le montant est estimé à 300 millions de francs CFA, risque de tourner au cauchemar pour l’ancien DG de l’Office Riz de Ségou. Celui-là même qui se trouve aujourd’hui être le PDG de l’Office du Niger.

A en croire nos sources, la gestion du PDIS par Kassim Dénon, jure avec l’orthodoxie financière. En chiffre, la caisse du projet a subi une perte sèche d’environ 300 millions de francs CFA. La raison est simple voire simpliste : les fonds du Projet ont coulé de source et dans d’autres sources. Et le hic, c’est que même s’il y avait un décaissement, c’était sans rapport avec les besoins réels du projet. D’où, le lieu pour les populations de Ségou de tirer sur la sonnette d’alarme : « le PDIS risque de s’écrouler si aucune mesure n’est prise dès maintenant ».

Les embrouilles

Mais que s’est-il réellement passé à la Direction Générale de l’Office du Niger le 29 mars dernier ?

Nos sources sont formelles: des hommes en uniforme (certains parlent d’Interpol) ont invité l’actuel PDG de l’Office du Niger à se mettre à table par rapport à une enquête dont la racine se trouve à l’Office Riz Ségou. Particulièrement au Projet de Développement rural Intégré de Ségou (PDIS).

En effet, ce Projet lancé en mai 2005 pour un montant global de 588.474.179 F CFA (dont 86,94 % de taux de participation de la BID, et le reste pour l’Etat malien), devait permettre à l’Office Riz Ségou durant 3 ans (la fin du projet étant prévue pour Novembre 2007) de promouvoir 4 de ses complexes agricoles. Notamment, Dioro, Tamani, Sansanding et Farako.

Bien plus, avec le PDIS, l’Office Riz Ségou devait reconstruire ses infrastructures hydrauliques et ses pistes rurales. Sans compter les mesures d’accompagnement comme les points d’eau, les salles de classe etc.……

Coup de théâtre, six ans après le lancement du PIDS et théoriquement 4 ans après la fin du projet, l’évaluation rattrape l’ex-dirlo de l’Office Riz Ségou, Kassoum Dénon, actuel PDG de l’Office du Niger et qui a piloté le PIDS de 1997 à 2009. Soit 12 ans de règne.

La preuve, expliquent nos sources : « tout le montant prévu pour le financement a été débloqué. Mais depuis des lustres, les travaux sont arrêtés. Ou presque ». Avant de préciser : « particulièrement, un gros travail confié aux Entreprises Alou Tomota est mis en veilleuse. Le pot aux roses a été découvert l’année dernière par le successeur de Kassoum Dénon en la personne de Kalidi Kaloga ».

A la demande des populations de Tamani qui étaient les bénéficiaires de cette œuvre, monsieur Dénon avait usé de tout son poids auprès de l’Etat malien et de l’Assemblée Nationale afin que les travaux puissent être achevés, le montant déficitaire s’élevant à 300 millions de F CFA. Mais la décision du Trésor public est sans appel : tous les fonds du PDIS ont été débloqués !

La suite on la connaît : le trou creusé à l’Office Riz Ségou par Kassoum Denon et Alou Tomota reste béant, jusqu’à la nomination en mars dernier de Babougou Traoré comme DG de l’Office Riz Ségou.

Aujourd’hui, cette affaire fait du boucan à Ségou. Car d’une part, les populations de Tamani exigent la fin des travaux. Toute chose à laquelle le tout-puissant Tomota répond par un dédain. Et de l’autre, l’Assemblée Nationale qui n’entend pas du tout une demande de rallonge de financement. Non sans obtenir au préalable des explications sur cette différence.

A en croire nos sources, les cadres du ministère de tutelle que pilote Abou Sow, exigent à leur ministre d’auditer, carrément, le PDIS. Histoire de savoir qui a bouffée quoi ? Et comment ?

La situation du pays en ce moment s’y prête car Kassoum Denon, promu PDG de l’Office du Niger en 2009 aurait usé de ses accointances avec l’ex PM Modibo Sidibé et de l’ex DG de la Sécurité d’Etat pour étouffer l’affaire.

Mais à nouvelle équipe, nouvelle ambition. Le président ATT a commencé à jeter des pierres dans le jardin secret des « bouffecrates ».

C’est d’ailleurs pourquoi, on comprend mieux l’acharnement de l’ex-DG de l’Office Riz Ségou à dénigrer son ex-adjoint pour que ce dernier ne soit pas confirmé à sa place. Aussi, on voit pourquoi Alou Tomota après son échec avec Huicoma hier, l’Office Riz Ségou aujourd’hui, retrouve son tandem Kassoum Denon à l’Office du Niger au tour de 100 000 ha devant servir de bail.

Un scandale fumant

Sous Kassim Dénon, la violation, pour le moins flagrante, du règlement général de la comptabilité publique au non-reversement des produits de la vente des matériels reformés n’était pas de nature à tempérer les appétits gloutons. En plus des sous passés à la casserole dans le cadre du Projet de Développement rural Intégré de Ségou (PDIS), la mauvaise gestion a occasionné un gouffre financier de 42,8 millions à l’Office Riz Ségou.

A en croire nos sources, la TVA n’a jamais été facturée, sur les contrats de prestation et d’achat. Le trou ainsi creusé dans la caisse vaut 25,2 millions de francs CFA.

S’y ajoute le non-recouvrement des baux d’un montant de 7,4 millions de francs CFA. Quant aux frais de location du Grader G130, ils sont estimés à 7,8 millions de nos francs. Le hic qui fait tilt, c’est qu’ils ne figurent nulle part dans les documents. Envolés !

Aussi, les contrats de prestation de service n’étaient pas enregistrés au service des Domaines. Pourquoi ?

Seule l’ancien DG de l’ORS pourrait y répondre ? Une certitude : les pertes enregistrées par cette seule irrégularité ont causé à l’Office Riz Ségou un gap de 2,4 millions F CFA.

Bref, ce sont ces dysfonctionnements qui sont à l’origine du gouffre constaté dans la caisse : 42,8 millions de francs CFA.

La situation va de mal en pis au niveau de la base des données. Les problèmes sont plus criards les uns que les autres. Entre le module comptable de gestion et le module de gestion technique, il n’y a pas de lien. Bien plus, il n’y a pas de lien non plus, entre la Direction générale et les Directions Régionales. Ce qui a provoqué des doubles saisies de données. Avec à l’appui, des difficultés dans la traçabilité des recouvrements et des prestations effectuées dans les régions.

Mais ce qui surprend plus d’un dans la gestion à l’ORS, c’est que la structure n’avait pas de plan opérationnel. A telle enseigne que les actions n’étaient pas coordonnées. Mais plutôt, gérées au cas par cas. Cette lacune et le caractère embryonnaire de la comptabilité, ont empêché l’ORS de bien suivre à l’époque, ses activités et d’adopter des mesures préventives en vue de pouvoir continuer à bien gérer le Projet de Développement rural Intégré de Ségou dénommé, en abrégé le PDIS.

Mais, pour nos sources, c’est cette situation pour le moins accablante qui a incité les enquêteurs à suggéré une mise en examen de l’ancien dirlo de l’ORS, question de faire toute la lumière sur les nombreuses zones d’ombres.

Initié par les services d’Interpol, cette affaire implique plusieurs autres cadres occupant aujourd’hui de hautes responsabilités. Ils risquent gros !

A suivre !

Jean pierre James

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