La gestion de l’eau demeure l’un des enjeux à l’office du Niger. Cela se comprend car la ressource eau malgré sa disponibilité apparente ne suffira pas toujours. Pour mieux comprendre la question nous avons approché M. Souleymane Sidibé, directeur du réseau hydraulique avec lequel nous avons évoqué plusieurs aspects.
Delta tribune : Monsieur le directeur pouvez-vous nous dresser la typologie du réseau hydraulique à l’office du Niger ?
Souleymane Sidibé : Merci… le système hydraulique de l’office du Niger est très hiérarchisé et comprend des canaux et des ouvrages qui permettent le service de l’eau sur l’ensemble des zones aménagées. Il y a d’abord le barrage de Markala et les ouvrages annexes. Le barrage de Markala dont les travaux ont commencé en 1934 pour s’achever en 1947 permet de relever le plan d’eau de 5m 50, il alimente le canal adducteur d’une capacité de 200 à 240 m3/s sur une longueur de 9 km. Ce canal adducteur aboutit à 3 ouvrages au point A. Ceux-ci permettent d’alimenter les grands adducteurs que sont : le canal du sahel, le canal du Macina, le Costes Ongoiba.
Le canal du sahel mesure 24 km et aboutit dans le fala de Molodo. Avec une capacité de 110 m3/s, il dessert les aménagements du Kala inférieur du Kouroumari et dans le futur le Méma et le Farimaké.
Le canal du Macina long de 20 km alimente le Fala de Bokiwere et dessert les zones du Macina et dans le futur le Kokeri et le Kareri. Il a une capacité de 75 m3/s.
Quant au Costes Ongoiba, Il sert à irriguer les terres du Kala supérieur, (sucrerie et la zone de Bewani). Il mesure 19 km et débite 48 m3/s.
En plus du barrage de Markala et des ouvrages annexes il faut ajouter ce qui a été convenu d’appeler les réseaux primaires, secondaires, tertiaires et quaternaires.
Le réseau primaire comprend les adducteurs, les canaux principaux, les distributeurs. Les distributeurs prennent leur source sur les grands adducteurs par un ouvrage de prise. Leur longueur varie de 1 à 30 km et irrigue des casiers de 3000 à 9000 ha.
Le secondaire concerne les partiteurs et les arroseurs.
Les partiteurs desservent entre 200 et 600 ha et leur longueur varie de 1 à 8 km, ils prennent source au niveau des distributeurs. La même hiérarchie est respectée par le réseau de drainage. Ainsi nous avons des drains de partiteur, des drains de distributeur et les collecteurs.
Le réseau tertiaire composé d’arroseurs. Généralement un arroseur dessert 15 à 40 ha et mesure 1 km. Aux terminus des partiteurs se trouvent les rigoles qui composent le réseau quaternaire. Au total nous avons 614 km de réseaux d’irrigation et 503 de drainage.
Delta tribune : En fonction de cette classification à qui revient l’entretien ?
Souleymane Sidibé : Conformément au décret de gérance, l’entretien du réseau hydraulique se repartit en trois entités. L’entretien du grand réseau revient à l’Etat qui fait une délégation de service public à l’office du Niger. Après enquête on se fait une idée sur les volumes d’entretien curatif et préventif pour faire la programmation. Le réseau secondaire est entretenu par l’office du Niger à partir de la redevance eau. Le reste est dévolu aux exploitants. Voila simplifiées les différentes responsabilités.
Delta tribune : Si on voulait attribuer une note de performance à chaque acteur quelle sera votre réponse ?
Souleymane Sidibé : L’office aura la première place suivi de l’Etat et les producteurs.
Delta tribune : Que compte faire l’office pour amener les paysans à honorer leurs engagements.
Souleymane Sidibé : Nous entendons renforcer les ORT (organisation du réseau tertiaire) pour qu’elles prennent en mains l’entretien. Tôt ou tard il faudra penser à une redevance sur le réseau tertiaire. Les modalités et les modes de gestion feront l’objet d’une concertation élargie à tous les acteurs.
Delta tribune : La redevance de quoi s’agit t-il et quelle est sa nomenclature ?
Souleymane Sidibé : Du point de vue de l’office Niger, la redevance n’est ni plus ni moins que la prise en charge des dépenses d’entretien du réseau et celles du fonctionnement de l’office du Niger. C’est la contrepartie du service de l’eau.
Delta tribune : Comment se fixe le montant de la redevance ?
Souleymane Sidibé : Elle est fixée par le ministre de la tutelle. En amont un document d’évaluation et de détermination du montant est élaboré et partagé par tous les acteurs. Ce document est alors envoyé après avoir pris en compte les observations et préoccupations de chaque partie pour aider le ministre à prendre une décision. Mais ce cheminement concerne des exploitations familiales, les baux ordinaires. Pour les baux emphytéotiques, la redevance est fixée en conseil de ministres.
Delta tribune : Comment se présente l’avenir du réseau à l’office du Niger ?
Souleymane Sidibé Nous sommes entrain de tester beaucoup de choses, du point de vue de la durabilité nous avons mis en place un cadre institutionnel qui fonctionne normalement. Il y a une stratégie de maintenance dont la finalité est d’assurer un meilleur service de l’eau à peu de frais, c’est pour quoi nous avons un logiciel de gestion et une base de données sur le réseau. Ces outils nous permettent d’anticiper sur les problèmes tout en assurant un entretien ordinaire. Par ailleurs nous sommes dans l’optique d’économiser la consommation d’eau……..
Propos recueillis par MOC et BOUBA.