Office du Niger : La campagne s’annonce belle

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« La campagne agricole 2014/2015 se déroule normalement … Toutes les conditions sont réunies pour que les récoltes soient à la hauteur des attentes ». Tel est le constat dégagé par le Premier ministre, Moussa Mara, qui a sillonné, du 5 au 7 septembre dernier, les zones de l’Office du Niger (ON) et de l’Office riz Ségou (Ors). Cette visite, menée au pas de charge, a conduit la délégation au pont-barrage de Markala, aux différentes parcelles d’expérimentation de variétés de riz et/ou d’engrais, aux unités industrielles et aux ouvrages régulateurs des points A et B. Occasion également pour le PM d’échanger avec les acteurs (agents de l’Office et paysans) sur les difficultés et les perspectives d’amélioration de la rentabilité de ces zones aux potentielles incommensurables.

C’est le jeudi 4 septembre que le Premier ministre, accompagné par les ministres du développement rural, et de la justice, a été accueilli à Ségou par le chef de l’exécutif régional, Thierno Bocar Cissé. Le lendemain, après avoir rendu visite aux notabilités de la ville, la délégation a été conduite au gouvernorat où elle a eu droit à une présentation générale sur l’Office du Niger et sur l’état d’avancement de la campagne agricole en cours. Le Président directeur général de l’ON, Ilias Dogoloum Goro, a rappelé les missions de sa structure qui, depuis sa création en janvier 1932, assure la gestion des eaux, la maintenance des aménagements, l’entretien des infrastructures primaires, la gérance des terres, le conseil rural et l’assistance aux exploitants, entre autres.

 

Office du Niger : un grenier bien garni

Evoquant l’état d’avancement de la campagne agricole, le Pdg a jugé la situation satisfaisante. Cette année, les objectifs en termes de superficies et de production sont de 110 927 ha de riz en saison pour une production de 693 417 tonnes.

Concernant les spéculations maraîchères, l’Office entend exploiter 11 720 ha pour une prévision de 356 663 tonnes dont 286 290 tonnes d’échalotes et 25 850 tonnes de tomates. 5 615 ha et 677 ha sont prévus respectivement pour le maïs et la pomme de terre avec des productions prévisionnelles de 30 780 et 23 045 tonnes, révèle Ilias Goro. Les besoins en semences, évalués à 5 406 tonnes, sont entièrement couverts de nos jours.

La situation phytosanitaire, qui s’est caractérisée en début de campagne par la présence de chenilles et de rats sur les pépinières de riz, donne de l’espoir grâce au dévouement de l’Office et ses partenaires qui ont su écarter les dangers à temps.

Quant à l’entretien du réseau hydraulique, d’énormes efforts ont été consentis. Aussi, les côtes d’irrigation sont aujourd’hui atteintes partout suite aux travaux de nettoyage et de dragage réalisés, affirme le Pdg.

Cependant, tout n’est pas rose. L’Office du Niger est confrontée à des difficultés, notamment le retard dans la mobilisation des fonds de l’Etat ; le faible niveau de réalisation des baux attribués aux privés et le faible niveau d’équipement des exploitants agricoles. S’y greffent l’insuffisance de la main d’œuvre et le problème d’eau engendré par l’envasement et l’envahissement du Fala de Molodo.

Malgré ces handicaps, la direction de l’Office reste confiante. Mieux, elle ambitionne faire de l’ON l’agropole de Ségou ; d’accroitre la production végétale et animale; d’aménager 65 550 ha nouveaux à l’horizon 2018; et d’instaurer une pension de retraite pour les producteurs.

Des ambitions appréciées par le Premier ministre qui a exhorté la direction à l’anticipation. « Vous devez réfléchir, mener des études sur toutes les possibilités d’exploitation des potentialités qu’offre l’ON » a-t-il dit, avant d’expliquer que le manque de projets ou de données fiables est un facteur qui décourage souvent les investisseurs.

Ainsi édifiée sur les contours de l’ON, la délégation a pris le chemin des casiers. Première étape de la visite : le pont-barrage de Markala, nerf du système d’irrigation de l’ON. Ce barrage, mis en service depuis 1947, élève la côte de l’eau de 5,5 mètres et la dérive vers le canal adducteur. Aujourd’hui, la sécurité du barrage est menacée par le trafic routier qui s’intensifie de jour en jour. Les techniciens préconisent la construction d’un autre pont, entièrement dédié au trafic routier.

 

95 000 tonnes de poissons frais par an

Après le barrage, le PM s’est rendu à point A. C’est à partir de là que le canal adducteur alimente les canaux principaux du réseau primaire. Et ces canaux se prolongent par des Falas et alimentent un réseau dense de distributeurs, de partiteurs et d’arroseurs qui amènent l’eau de façon gravitaire jusqu’aux parcelles.

Du point A, cap sur Sanamadougou où se situe le Complexe agropastoral industriel (CAI) de l’opérateur économique Modibo Keïta. En tout, l’opérateur exploite 20 000 hectares, dont 720 ha de maïs. L’initiative a été appréciée à sa juste valeur par l’hôte du jour, Moussa Mara.  Pour lui, cette ferme est un exemple illustratif des orientations fixées par le chef de l’Etat.

La visite s’est poursuivie à Ké-Macina. La délégation a sacrifié à la tradition en rendant visite aux notabilités, avant de se diriger vers le casier de Kokry B où elle a pu constater de visu l’évolution de deux projets novateurs : le test de fertilisation au phosphate naturel de Tilemsi granulé et le système de riziculture intensif (SRI).

Ensuite, ce fut la visite du projet Malibya à Kolongo. Dans la même localité, il a été initié un projet de pisciculture au profit des jeunes diplômés. Deux cages d’une centaine d’alevins pour un coût d’investissement de plus de 20 millions de FCFA sont tenus par une vingtaine de jeunes, dont 4 femmes. Dans son programme de pisciculture, l’Office ambitionne de produire 95 000 tonnes de poissons frais par an.

Les temps forts de la deuxième journée ont été la visite de l’usine N-Sukala, l’inauguration du pôle de centralisation des produits de maraîchage à Koulamba-Wèrè, la visite du système de régulation du Fala de Molodo au « point B » et la réunion avec les cadres et les responsables des organisations paysannes de l’ON à N’Débougou.

Quant au pôle de centralisation des produits maraîchers, il permettra de réduire les pertes liées aux conditions de stockage, d’améliorer la qualité finale du produit et de rapprocher les producteurs aux clients.

Lors de la réunion de synthèse à Ndébougou, les exploitants ont exprimé leur reconnaissance aux autorités qui, selon le délégué général des coopératives des riziculteurs, Abdoulaye Dao, ont ramené le prix de l’engrais à 11000 F CFA. Précisons qu’avant, le sac d’engrais était cédé à 12 500F CFA. Cependant, les riziculteurs ont proposé une autre forme de subvention. Celle qui consiste à acheter toutes les productions des exploitants à un prix leur permettant de réaliser une marge de bénéficie conséquente. Le porte-parole Abdoulaye Dao a aussi  attiré l’attention des hôtes du jour sur un certain nombre de défis auxquels les riziculteurs sont confrontés. Il s’agit du manque de terres aménagées et d’équipements agricoles, de la pression foncière, de l’absence d’unités de transformation des produits maraîchers …

 

Au cœur de l’agenda gouvernemental

En réponse aux préoccupations soulignées, le Premier ministre a rassuré que tout sera mis en œuvre pour pallier ces problèmes. Car, dit-il, « il ne peut y avoir d’avenir pour notre pays, s’il n’y a pas d’avenir pour l’agriculture. De même qu’il n’y a pas d’avenir pour l’agriculture s’il n’y a pas d’avenir pour l’Office du Niger ». Le Premier ministre s’est engagé à mettre l’ON au cœur de l’agenda gouvernemental.

La dernière journée du périple a été consacrée aux zones de l’Office riz Ségou. La délégation a d’abord supervisé les travaux d’aménagement de 1271 ha en système de maîtrise totale de l’eau du casier de Tien-Konou et les parcelles semencières de riz à Doukounicoro, avant de se rendre à Dioro. Là, Moussa Mara s’est entretenu avec les femmes de la coopérative des étuveuses de riz paddy, puis avec les producteurs de la zone Office riz Ségou (Ors).

Les autorités communales ont aussi profité de l’occasion pour soumettre des doléances au chef du gouvernement. Les doléances sont relatives à  l’état défectueux de la route Ségou-Dioro, au redémarrage de l’usine de rizerie de Dioro etc.

Moussa Mara dans sa réponse aux exploitants, a promis de faire examiner ces problèmes par les départements ministériels concernés afin d’y apporter les solutions idoines. Il a annoncé, au nom du président de la République, que les femmes de la coopérative seront bientôt équipées en motoculteur.

Le Premier ministre a quitté la quatrième région rassuré : «Toutes les conditions sont réunies pour que les récoltes soient à la hauteur des attentes…Nous partons, sensibilisés à souhait sur les défis pour mettre l’ON au cœur de l’agenda gouvernemental ». La visite, selon Mara, sera suivie d’actes concrets. C’est dire que l’Etat va accentuer les efforts pour aménager de nouvelles terres, mécaniser l’agriculture et former les exploitants.

Issa B Dembélé

Envoyé spécial

 

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