Un drame semblable à celui des déchets toxiques d’Abidjan est peut-être en train de se jouer à quelques encablures de Bamako dans la quasi-indifférence des autorités. A Naréna, 80 km au sud-ouest de la capitale, les populations commencent à souffrir de pathologies liées à la présence d’intrants agricoles périmés. C’est l’alerte.
Le magasin de stockage de l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN) à Naréna, situé à moins de 30 mètres du centre de santé communautaire, dégage en cette période d’hivernage des odeurs suffocantes de produits chimiques périmés. Ces produits polluent l’atmosphère au centre de santé et dans les habitations environnantes.
Vomissements, prurits et démangeaisons commencent à inquiéter des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. On n’est plus loin du scandale des déchets toxiques d’Abidjan qui défraie la chronique internationale.
Dans le magasin de l’OHVN à Naréna sont entreposés des barriques, bidons, cartons et pots contenant des produits chimiques destinés à l’agriculture. Certains récipients usés laissent échapper leur contenu toxique par terre. En réalité, ces produits sont déjà classés obsolètes par l’Etat. Ce sont : le monochrotophos, le metamidophos, l’endosulfan et l’omethoite, tous des produits pour le traitement du cotonnier.
A la suite de plaintes et correspondances adressées aux autorités par le maire, le sous-préfet, le médecin-chef du centre de santé communautaire, plusieurs missions de contrôle se sont rendues à Naréna pour constater et évaluer les dégâts et le degré de nuisance causés par ces intrants agricoles. Mais, jusque-là, aucune solution n’a été proposée pour prévenir cette pollution imminente qui, à coup sûr, aura des effets néfastes sur la santé des populations.
Selon des sources, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’opposerait à l’enfouissement sous terre de ces déchets au motif que cela pourrait, à l’avenir, provoquer l’émergence de gaz toxiques. Le Fonds mondial pour l’environnement (FME) et le ministère de l’Environnement et de l’Assainissement ne sont pas eux aussi pour cette solution de gestion des produits obsolètes. Ils estiment que l’opération risque de dégrader la nature, voire détruire d’importantes ressources naturelles.
En attendant qu’une solution soit trouvée, les odeurs continuent à déranger les populations avec tous les risques sanitaires qu’elles encourent en respirant l’air. L’on craint que de nouveau-nés soient les plus exposés car la maternité jouxte pratiquement le magasin de stockage de l’OHVN.
(Radio Jamana Naréna)
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