Dirigée par son Président, Salia Togola, député élu à Sikasso, la Commission du Développement Rural et de l’Environnement de l’Assemblée nationale a visité l’Office du Niger, le 15 août dernier, en compagnie du Président Directeur Général de l’Office, Ilias Dologoum Goro. Cette visite a permis aux élus de la Nation de toucher du doigt les réalités du géant malien de l’agro-industrie, dont l’immense potentiel en fait un atout majeur entre les mains du Mali pour assurer sa souveraineté alimentaire et, pourquoi pas, nourrir toute la sous-région.
Avant de se déployer sur le terrain, les députés ont tout d’abord eu droit à une présentation de l’Office du Niger par son PDG, au siège de l’institution dans la capitale des Balanzans.
Créé le 5 janvier 1932, l’Office du Niger a été nationalisé le 19 mai 1961, après l’accession du Mali à l’indépendance, avant de connaître une restructuration en 1994. La pièce maîtresse du système d’irrigation, le barrage de Markala a été construit entre 1934 et 1947.
Ce barrageélève la côte de l’eau de 5,5 mètreset la dérive vers le Canal adducteur. Celui-cialimente les canaux principaux du réseau primaire à partir du Point A. Les canaux principauxse prolongent par des Falas et alimentent un réseau dense de distributeurs, de partiteurs et d’arroseurs, qui amènent l’eau de façon gravitaire jusqu’aux parcelles.
Faisant le point d’exécution des projets et programmes en cours, le PDG Ilias Gouro a signalé que le PAPAM, financé par la Banque Mondiale, ambitionne d’aménager 2 200 hectares dans le casier de Sablibougou. Les travaux des lots 1, 2 et 3 ont été réceptionnés, ceux des lots 4 sont en cours. Les travaux d’infrastructures, pour réinstaller les populations, sont en cours de réalisation, certaines infrastructures ayant déjà été réceptionnées.
Quant à l’extension de Siengo, financée par la KfW, elle vise l’aménagement de 1 722 hectares dans le casier du même nom. Les travaux sont exécutés à 100% et la réception provisoire a été prononcée le 10 juillet 2014. Pour ce qui est du projet Touraba, financé par l’UEMOA, il vise l’aménagement de 2 174 hectares dans le casier homonyme. Les travaux sont exécutés à 45,4%, pour un délai consommé de 79,6%. Un ordre de service a été donné pour le 17 mars 2014, après 8 mois de subvention.
Des objectifs de superficie et de production de la campagne agricole 2014-2015, le PDG Gouro a fait état de 110 927 hectares de riz en saison, pour une production de 693 617 tonnes. De même, 11 720 hectares de spéculations maraîchères, pour une production de 356 663 tonnes, dont 8 490 hectares et 286 290 tonnes pour l’échalote et 1 062 hectares et 25 850 tonnes pour la tomate, sont à l’ordre du jour. La campagne prévoit également 5 615 hectares de maïs, pour une production de 30 780 tonnes. Enfin, 677 ha de pomme de terre, pour une production de 23 045 tonnes sont au programme.
Parlant de la situation de la gestion de l’eau, le PDG Gouro a fait remarquer que le mois de juillet avait été assez sec en Zone Office du Niger, avec 21 jours sans pluie. Au 31 juillet, les cotes d’irrigation étaient atteintes partout, sauf à Kouroumari et à Ké-Macina.
Aujourd’hui, de poursuivre l’orateur, les cotes d’irrigation sont atteintes partout, suite aux travaux de nettoyage et de dragage réalisés. Les besoins en semences (5 406 tonnes) ont été entièrement couverts. Quant à la situation des emblavures au 10 août, s’agissant de la riziculture, la mise en valeur des casiers est de 77 275,31 hectares, sur une prévision de 101 116 hectares, soit un taux de réalisation de 76,42%.
S’agissant des autres cultures, 720, 3 620 et 2 550 hectares ont été respectivement emblavés en maïs hybride chez CAI, en mil et en sorgho. La situation phytosanitaire est caractérisée par la présence de chenilles sur les pépinières de riz et la migration des oiseaux granivores vers les zones de pâturage, après les récoltes.
Les difficultés actuelles sont relatives notamment au retard dans la mobilisation des fonds de l’Etat, au faible niveau de réalisation des baux attribués aux privés, au faible niveau d’équipement des exploitants agricoles et à la rareté de la main d’œuvre, due à l’exode des bras valides vers les zones minières (orpaillage) et à l’abandon des champs par les enfants des exploitants agricoles.
Plus généralement, les contraintes ont pour noms insuffisance de financements pour les aménagements et les réhabilitations, absence d’unités industrielles de transformation et de conservation des produits maraîchers, difficultés de fonctionnement des organisations paysannes, insuffisance du système de drainage et prévalence des maladies liées à l’eau.
Face à cette situation, le PDG Goro a proposé des ébauches de solutions. Il s’agit, par exemple, de mettre l’accent sur la mécanisation agricole (tests de repiqueuse, semoirs philippins, mise en place de coopératives de prestations de services agricoles,…) et d’impliquer les banques et l’Etat dans le financement des activités des privés.
Sur le terrain, les parlementaires ont, entre autres, visité le barrage de Markala, le cœur même du dispositif d’irrigation de l’Office du Niger. Ici, à la lumière des explications de Mamady Famanta, gestionnaire du barrage, les visiteurs du jour ont été édifiés sur le système d’irrigation de l’Office. Ce barrage, construit sous la colonisation par l’Ingénieur Bélime, avec pour ambition de faire du Mali le grenier de toute l’Afrique de l’Ouest, permet d’irriguer, aujourd’hui, avec les 8 systèmes hydrauliques, près de 2 millions d’hectares.
Le système du Mémafarimaké – la zone de Léré – Nampala – à cause de la spécificité du climat, autorise même la culture d’agrumes, comme les oranges et les mandarines, tels qu’on le voit au Maroc, de dattes et d’olives sur… 200 000 hectares, de confier, très enthousiastes, des cadres de l’Office.
La perspective de voir le ministère en charge de l’Energie construire au niveau de ce barrage une mini-centrale électrique de 10 MW n’enchante pas particulièrement à l’Office du Niger, à cause du possible impact négatif que cette opération pourrait avoir sur le bon fonctionnement du barrage et sur les activités de l’Office du Niger. L’affaire fait même actuellement l’objet de discussions très âpres entre les deux parties, a révélé aux députés le PDG Ilias Goro.
La délégation a visité également, à Niono, l’atelier de la Coopérative de l’Association des Forgerons de l’Office du Niger (CAFON). Cet embryon de véritable usine en devenir fait de véritables merveilles en matière de fabrication de matériels agricoles adaptés pour les producteurs de l’Office du Niger, à partir d’équipements importés de pays comme l’Afrique du Sud, sur lesquels les travailleurs exercent leurs talents de génie en innovation technologique.
L’atelier en est devenu une véritable caverne d’Ali Baba abritant, pêle-mêle, mini-rizeries, motoculteurs, pompes axiales pour l’irrigation, barres niveleuses attelées, semoirs à 6 rames, botteleuses manuelles et motorisées pour les éleveurs, découpeurs et broyeurs d’échalotes…
A Niono, les membres de la Commission Développement Rural et Environnement de l’Assemblée Nationale ont également été émerveillés par la cage flottante, autour de laquelle évoluent une dizaine de jeunes qui pratiquent cette pisciculture innovante depuis quelques mois.
Le PDG Goro a souligné que l’idée était venue du ministre du Développement Rural, Bocary Tréta, qui, à la faveur de sa première visite de terrain, a instruit à l’Office, dans l’optique de sa stratégie de diversification des revenus du monde rural, de promouvoir la pisciculture sur son domaine d’intervention.
Ici à Niono, la cage flottante a reçu 15 000 alevins, provenant de la ferme piscicole de Boubacar Diallo sise à Baguineda, sur lesquels plus de 12 000 ont survécu. A l’arrivée, ces alevins devenus poissons pèseront chacun entre et 400 et 500 grammes. Il est attendu, lors de la pêche prévue pour le 9 septembre, de récolter 5 tonnes de poisson, avec à la clé un chiffre d’affaires de 10 millions de FCFA.
Après toutes les dépenses, c’est un bénéfice net de 6 millions de francs FCFA que nos jeunes pisciculteurs, qui se frottent déjà les mains, s’apprêtent à empocher, après une campagne de seulement 6 mois. En tout, 5 cages flottantes ont été installées pour cette campagne sur les eaux de l’Office du Niger.
Ce sont 15 cages qui sont prévues pour la campagne de 2015. Cette activité est appelée à prospérer, dans la mesure où elle est à la fois créatrice d’emplois et de richesses, sans compter qu’elle améliore qualitativement la nutrition par un apport de protéines haut de gamme. La pisciculture intègre également l’empoissonnement des étangs et autres plans d’eau.
Les députés, au cours de cette visite de terrain qui s’est déroulée au pas de charge, se sont également rendus au champ de Douga Simaga, un paysan-pilote de l’Office du Niger, qui pratique la riziculture au km 26 sur 6 hectares, avec un rendement dépassant la tonne à l’hectare, avant rendre une visite de courtoisie au Préfet de Niono, Seydou Traoré.
La visite a pris fin au Centre de formation de Niono par une rencontre avec les exploitants (Chambre Locale d’Agriculture, Délégués Généraux, Syndicats), qui a donné lieu à des échanges fructueux entre ceux-ci et les membres de la Commission Développement Rural et Environnement de l’Assemblée Nationale, eux-mêmes des paysans dans l’âme.
Outre le président de la Commission Salia Togola, la délégation comprenait également les députés Ilias Goro, homonyme du PDG de l’Office du Niger, élu à Douentza, Sory I. Kouriba, élu à Niono, Nigama Tembely, élu à Bandiagara, Siaka Sangaré, élu à Bougouni et l’Assistante parlementaire Mme Doucouré Assitan Cissé.
Yaya Sidibé, Envoyé spécial