Lancement des travaux de dragage du fleuve Niger : Tout semble être prêt, mais les ministères de l’environnement et des investissements trainent les pieds

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Tout semble être prêt pour lancer les travaux de réhabilitation du fleuve Niger. Mais un conflit de compétence, entre les départements de l’Environnement et des Investissements, repousse,  chaque jour que Dieu fait,  l’échéance.

Prévu, pour ce mois d’avril, le lancement des travaux de réhabilitation du fleuve Niger risque d’être reporté sine die. Et le Mali risque de perdre un projet phare, dont le coût global est estimé à 155 milliards CFA. A l’origine : un conflit de compétence, entre le ministre Ousmane Koné et son homologue des Investissements, Konimba Sidibé. Chacun croit son département le plus qualifié pour piloter ce projet. Or, ils sont censés travailler en tandem. Mais hélas !

 

Sauver le fleuve Niger

 

Pourtant, tout est prêt pour mettre fin à la lente et longue agonie du fleuve Niger. S’étendant sur plus de 4200 km, il est menacé, non seulement, par l’ensablement ; mais aussi, par la pollution. Conséquence : l’eau se fait rare dans le lit du fleuve. Le poisson aussi. Liées à la survie du fleuve, la pêche est, de moins en moins, pratiquée. Et les activités de maraîchage et de cultures irriguées tournent au ralenti.

C’est pourquoi, le gouvernement a décidé de signer un protocole d’accord avec une entreprise néerlandaise : BIG Machinery. Avec ses équipements de dernière génération et son expertise unique, dans ce domaine, cette entreprise a, déjà, mené des études de faisabilité, estimées à 15 milliards CFA. Mieux, elle dispose d’un mandat, en bonne et due forme, pour mener à bien ce projet. Le dossier a été approuvé, conjointement, par les ministères des Finances, des Investissements et de l’Assainissement. Et la cérémonie de lancement des travaux était prévue pour la semaine dernière.

Mais quelle ne fût la stupéfaction du partenaire hollandais ? Il est, sans cesse, renvoyé de ministère en ministère. Censé lancer le démarrage des travaux, la signature du protocole d’accord, entre le gouvernement et la partenaire néerlandais, est reportée sine die. Chaque département se croit le plus qualifié pour piloter le projet. Qui coûte, au bas mot, la bagatelle de 155 milliards CFA. Las d’être trimballé de bureaux  en bureaux le partenaire néerlandais serait sur le point de plier bagages. Du moins, si la lenteur administrative se poursuit.

D’u coût global de plus de 155 milliards CFA, le projet de réhabilitation du fleuve Niger comprend deux phases.

 

La première phase du projet

 

D’un montant de 45 milliards CFA, la première phase du projet concerne le dragage du lit du fleuve. Il s’effectue de la frontière guinéenne au Mali sur une distance de 200 km. Il s’agit, dans cette première phase, de débarrasser le fleuve Niger des matières polluantes qui peuplent le lit du fleuve ; mais aussi, de lui donner une profondeur de 6 mètres. Afin d’augmenter la capacité d’absorption du fleuve et, du coup, éviter à nos populations des inondations récurrentes, surtout en période d’hivernage. Avec son cortège de morts, de blessés et de disparitions d’hommes, de femmes et d’enfants.

Selon les études menées par l’entreprise néerlandaise, 900 millions de m3 de déchets devraient être extraits du lit du fleuve. Aussi, le projet prévoit l’aménagement des zones rocheuses. Déjà identifiées, ces zones seront aménagées en zones de pisciculture. Afin de  permettre aux poissons de se reproduire. Et, du coup, de relancer la pêche et ses activités connexes dans notre pays. Dans le domaine de la promotion de l’emploi, ce projet offre 500 emplois permanents.

A l’issue de la première phase du projet, la navigabilité du fleuve Niger sera rétablie. En provenance de Tombouctou, Gao, du Sénégal ou de la Guinée-Conakry, les bateaux  pourront se rendre à Bamako.

S’y ajoute la revente du gravier et du sable, issus du dragage, aux entreprises des BTP. Si le voyage de sable d’un camion de 7 tonnes est vendu à 8O.000 CFA, il sera vendu, par le projet, moitié prix (40.000 CFA), voire moins.

Disposant d’une réputation mondiale, l’entreprise néerlandaise dispose de toute la technologie, nécessaire pour mener à bien ce projet. Entre autres, du matériel de dernière génération, dont des pelleteuses amphibies, dont chacune pèse 2 milliards CFA. Mais aussi, des Caterpillar  capables de rouler sur l’eau.

 

La deuxième phase du projet

 

La seconde phase du projet est la concrétisation  des activités nées de la première phase : l’installation de stations   permettant, non seulement, de purifier les eaux usées avant de les déverser dans le fleuve ; mais aussi, la mise en place de turbines, produisant de l’électricité.

Selon les études menées par l’entreprise néerlandaise, la ville de Bamako produit, elle seule, plus de 300.000 m3 d’eaux usées par an. Des eaux déversées, directement, dans le fleuve Niger. Sans traitement, au préalable.

Autre avantage de ce projet : la commercialisation, dans les régions du sud, du sable du désert. Pour ce faire, l’entreprise néerlandaise dispose de près de 200 camions. Sans compter la régénérence de l’écosystème, tout au long du fleuve Niger.

Autre avantage de ce projet : la transformation des plantes aquatiques recueillies dans le fleuve Niger en compost pour les maraîchers et autres paysans. Ce qui pourrait amoindrir leurs factures en intrants agricoles chimiques. Cette seconde phase du projet coûtera la bagatelle de 110 milliards CFA. Soit un total de 155 milliards CFA pour les deux volets du projet.

Aux dernières nouvelles, certains pays « amis » du Mali auraient décidé de prendre en charge 50 % du coût du projet. Pour eux, c’est un projet-pilote à cause, notamment, de son impact sur la vie des populations ; mais aussi, pour sa haute intensité de main d’œuvre pour les candidats à l’immigration.

Contrairement à son prédécesseur (ATT), IBK n’a, à ce jour, construit ni pont, ni barrage, ni aménagement agricole, encore moins des hôpitaux dignes de ce nom. Le projet de réhabilitation du fleuve Niger constitue donc pour lui, l’unique occasion de marquer d’une pierre blanche l’histoire de son pays.

Mais le cafouillage, entre ces deux départements, risque de le priver de l’unique chance de changer le visage du Mali, en permettant aux bateaux en provenance de Tombouctou, de Gao, de Guinée-Conakry ou du Sénégal….d’accoster à Bamako.

Oumar Babi

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