Respectivement, députés du parti SADI et du Parena, Dr Mariko et Konimba Sidibé ont mis à nu les magouilles entretenues à l’Office du Niger par les « têtes couronnées de la République ». Qui continuent, en toute impunité, de déposséder les paysans de leurs terres. C’était lors de la plénières du 25 novembre dernier à l’assemblée nationale.
L’ordonnance sur le financement du projet d’accroissement de la production agricole est initiée par le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, en application de la loi du 12 juillet 2010, autorisant le gouvernement à prendre certaines mesures par ordonnances. Mais c’est le ministre de l’agriculture, Agatham Ag Mohamed qui a défendu, devant les députés, le projet.
D’un montant de 34,13 milliards CFA, le projet d’accroissement agricole fait l’objet d’un accord de prêt entre l’Association Internationale Développement (IDA) et le gouvernement du Mali. Le prêt est consenti pour une durée de 40 ans. Le ministre de l’Agriculture estime que c’est un projet important pour un pays comme le Mali où, l’agriculture représente 37% du PIB et 80 % de la force totale de travail. Le Mali, dit-il, est un pays à vocation agro-pastorale. Mais il se caractérise par une insécurité alimentaire chronique. Les besoins en céréales sont en hausse (ce qui explique les importations du riz), le niveau de mécanisation de l’agriculture reste faible, les intrants sont chers et inaccessibles aux paysans, l’absence d’investissements privés agricoles…Ce sont, entre autres, les difficultés qu’éprouvent le Mali en matière agricole. D’où la signature de cet accord de prêt entre le gouvernement du Mali et IDA pour le financement du projet d’accroissement agricole. Ce projet met l’accent sur le transfert de technologie et les prestations de services aux producteurs agricoles, les infrastructures d’irrigation. Il concerne l’aménagement de plus 2 000 ha dans la zone I et II de Sabalibougou. S’y ajoute la construction de périmètres irrigués villageois.
Des ministres, propriétaires terriens
Ce sont les élus du parti SADI qui ont voté contre le projet. Selon l’honorable Mariko, il s’agit d’un endettement qui ne servira à rien. Si ce n’est ceux qui seront chargés de la gestion du projet. Il ne voit pas d’un bon œil ce projet qui va aggraver, selon lui, la situation des paysans. « La mise en œuvre de ce projet va priver beaucoup de paysans de leurs surfaces cultivables. Car il n’est de secret pour personne que l’Etat est entrain de tout faire, afin que les paysans de l’Office du Niger deviennent des ouvriers. Car ces derniers seront privés de leurs terres au profit des opérateurs économiques », indique Oumar Mariko. « Je sais que Kassim Denon, DG de l’Office du Niger possède 200 ha à l’Office du Niger. Je connais aussi des ministres qui ont 300 ha. On va les démasquer le moment venu », ajoute Dr Mariko, dans un gestuel provocateur. Le président du SADI pense qu’il y a une gestion scandaleuse de l’Office du Niger. « Les terres ne sont plus aménagés pour les paysans. Mais pour les Modiko Keita dit GDM, les Kassim Dénon, les Bakari Togola et autres », déplore le député élu à Kolondièba. Pour lui, l’Office du Niger va connaître le sort de la CMDT qui n’existe aujourd’hui que de nom.
Kanimba Sidibé, député du PARENA a abondé dans le même sens que le Dr Mariko. Ce dernier estime que tout le problème se situe au niveau de la gouvernance. Il cite l’exemple de l’APCAM dont le président, Bakari Togola, est vice- président d’un parti politique, le PDES. « Il n’est pas normal que le président d’une telle organisation soit gérée par le vice- président d’un parti politique », déplore Konimba Sidibé. Avant d’ajouter : « C’est plutôt son parti qu’il va servir et non les paysans ».
Autant de pratiques qui ont fait de l’Office du Niger un volcan en ébullition. Car, tôt ou tard, les paysans dépossédés de leurs terres finiront par réclamer leurs biens. Avec les armes de la haine.
Abou Berthé