L’Office de la Haute Vallée du Niger est un service de développement agricole sous la tutelle du ministère de l’agriculture. Récemment le ministre de l’agriculture Seydou Traoré en compagnie du directeur général Issa Djiré ont sillonné la zone de l’O.H.V.N pour s’enquérir de l’état d’avancement de la campagne. Monsieur Issa Djiré le directeur général a bien voulu nous édifier dans les plus petits détails sur l’office qu’il dirige.rn
LePouce : Peut-on connaître l’état de santé de l’OHVN ?
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Issa Djiré : Mon appréciation est que tout va bien à l’office de la haute vallée du niger. La campagne avait démarré avec des conditions socio économique favorables. Du point de vue de la sécurité alimentaire, celle-ci est assurée depuis maintenant 10 ans. Pour ce qui est de la production cotonnière nous avions senti une baisse de rendement. Par contre au niveau du sésame et d’autres produits, nous avons enregistré une augmentation importante et pu constater aussi l’engouement des paysans pour le sésame, l’oignon et la banane.
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Le Pouce : Sous quel angle placez-vous cette campagne agricole ?
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Issa Djiré : La campagne agricole qui s’annonce a été au début pour les uns et les autres difficile dans les parties sahéliennes. La campagne a démarré avec un retard. C’est en juillet que nous avons commencé à recevoir de bonnes pluies. Certes la campagne a commencé dans les conditions difficiles. Aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre. Ainsi, dans la zone préguinéenne qui couvre Kangaba, Bancoumana, les cultures céréalières sont dans un état satisfaisant. Il en est de même pour les cultures cotonnières. Lors de ma visite, ces cultures étaient à l’apparition des boutons floraux. Au niveau de la zone soudanienne, c”est-à-dire celle de Ouéléssébougou, de Dangassa et de Gouani, nous avons remarqué une installation tardive des pluies. Malgré tout, les cultures ont connu une évolution normale.
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Cependant, dans la zone nord de Sirakola, Koulikoro, Faladiè et Kolokani, les paysans étaient obligés de convertir certaines cultures cotonnières en cultures céréalières. Afin de rattraper la campagne, nous les avons soutenus avec des semences. De façon globale la campagne en zone OHVN s’annonce bonne. Je m’en vais vous dire que je suis très réconforté par la production céréalière en zone office de la haute vallée du Niger. Cette année encore, nous comptons atteindre la sécurité alimentaire et faire réaliser des excédents pour les futures campagnes. Les pluies se sont installées, les plantes connaissent un développement normal et rassurant, les intrants sont disponibles et à la portée des paysans. Aussi je me réjouis de constater la détention auprès des productions des moyens mis à leur disposition. Avec l’affectation des tracteurs aux paysans j’ai constaté une augmentation substantielle des superficies au niveau des bénéficiaires.
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Pour ce qui est de certaines cultures cotonnières et industrielles, les superficies emblavées n’ont pas comblé tous les espoirs. Nous estimons que ces rendements augmenteront pour nous permettre d’aller vers des records substantiels.
Le Pouce : On peut connaître vos attentes ?
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Issa Djiré : Je veux que les rendements des cultures céréalières et industrielles augmentent. Je suis très réconforté par le dispositif mis en place par rapport à l’aménagement des plaines. Cela va nous permettre de maîtriser l’eau, d’aménager un nombre important de périmètre, et de faire face au développement de la riziculture. L’attente de l’autosuffisance et de la souveraineté alimentaire passe aussi par la promotion de la riziculture et de la mais culture. C’est des cultures à haut rendement.
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Nous pensons qu’avec l’allure prise pour la promotion de ces cultures, on pourra atteindre les objectifs fixés.
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Le Pouce : Avez-vous tiré des enseignements de la visite de terrain de votre ministre ?
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Issa Djiré : Nous étions avec le ministre de l’agriculture en zone O.H.V.N. Cette visite était sous tendue par trois raisons. Il s’agissait pour lui de se rendre compte de l’état d’avancement de la campagne agricole dans un rayon de 100km de Bamako. Il s’est rendu dans plusieurs zones écologiques. IL a pu constater avec satisfaction l’état d’évolution de toutes les cultures.
Le ministre voudrait également se rendre compte de l’état d’avancement des aménagements hydro agricoles et des petits barrages et de leur efficacité. C’est des projets financés par des Japonais. Dans ma zone la gestion du projet KR II est saine. Ce projet nous a permis d’aménager 297 hectares à Kéniègué, 70 hectares à Guéléba dans la zone de Dangassa. On a eu quatre petits barrages de retenues exceptionnelles d’eau. A Niamé, on a par moment pensé qu’on se trouvait devant un fleuve. Nous avons vu aussi les retenues d’eau de Dialakoroba qui ont donné des résultats probants.
Enfin une des raisons de cette sortie du ministre, c’était de voir un certain nombre de programmes gouvernementaux initiés par le chef de l’Etat, le gouvernement de la République du Mali, il s’est rendu compte de l’état d’exécution de ces différents programmes. Le ministre a tenu à assister à l’utilisation des tracteurs par les paysans, échanger avec les bénéficiaires, sur ce que le nouveau matériel a pu leur apporter.
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Après un constat de visu de l’utilisation des tracteurs, le ministre a eu des entretiens avec les jeunes ruraux. On a pu apprécier leur organisation et constater que les paysans ont mis à leur disposition des terres. Ils ont aménagé ces terres et fait des résultats exceptionnels. Le ministre s’est rendu compte de l’effectivité de la loi d’orientation agricole, ce projet si cher au président de la République. IL a vu que des jeunes diplômés de l’IPR de Katibougou se sont installés à leur propre compte. Dans certaines zones, les paysans ont eux-mêmes divisé leur territoire en trois grandes zones pour le pâturage, la protection de l’environnement et la pratique de l’agriculture. A Ouéléssébougou nous avons pu constater que le paysan Wodiouma Traoré a divisé ses 217 hectares de la manière suivante : 50ha pour l’agriculture, 40ha pour la protection naturelle. Les autres superficies servent de pâturage. IL est réconfortant de savoir que les paysans ont compris qu’il faut conserver cette nature ; faire des assolements rotatifs.
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Des producteurs ont, à partir de leur excédent créé des banques de céréales. Il s’agit de banques de céréales villageoises où les gens peuvent s’approvisionner à tout moment.
Le ministre a aussi suivi de près le programme pourghère et s’est réjoui de constater les grandes superficies consacrées pour sa culture par les paysans. Ces programmes font partie des objectifs globaux du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré.
Le Pouce : Des objectifs appréciables et salutaires pour notre agriculture ?
Issa Djiré : Je ne suis pas politique mais technicien. Je suis d’avis qu’il faut adopter le programme de développement économique et social du président de la République. Il nous conduit inéluctablement vers la mécanisation de l’agriculture. A peine lancée, l’opération tracteur du Chef de l’Etat a été accueillie avec soulagement par les paysans. Nous qui avions 10 hectares en cultures céréalières, nous les avons triplés. Ils ambitionnent d’égaler voire dépasser Bakary Togola, le président de l’APCAM. Cela ne peut que nous réconforter.
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Le Pouce : Quel incident la culture du pourghère peut avoir sur notre économie ?
Issa Djiré : La culture des pourghère remonte à plusieurs années. Sous la première république, les autorités avaient fait sa promotion. Les lieux publics, les écoles étaient clôturés par ces plantes. Avec le temps, elles ont été arrachées malgré leur vertu médicinale et leur utilité dans la préparation des savons Aujourd’hui on s’est rendu compte qu’il s’agit d’une plante économique qu’il faille conserver. En plus des vertus citées, il faut savoir que cette plante donne de l’huile qui est utilisée pour faire de l’éclairage, et faire fonctionner certaines machines. En 1986 à travers la GTZ nous avons vu un moulin fonctionner grâce à l’huile de phourgère. L’électricité produite à partir des pourghère est utilisée dans nos contrées rurales et pour lutter contre la pauvreté et éclairer ces localités.
L’évènement qui s’est passé à Kelèya prouve à suffisance que cette huile est économiquement rentable. Avec ce bio carburant, qu’est le phourghère, nous devons le revaloriser davantage afin d’en faire un élément moteur de notre développement.
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Dans la zone OHVN, nous avons commencé la culture pure en pourghère. Nous avons dégagé deux notions. Une culture agroforesterie avec un écartement de dix mètres entre les lignes afin de pouvoir cultiver les céréales. On peut aussi en culture pure faire des écartements rapprochés. Ceci permet aux paysans de tirer le maximum de profit.
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La culture de phourgère peut se faire soit par bouture, par semi de graine, soit par marcottage. Cette plante se développe facilement et peut être rentable pour les femmes dans le mandé qui peuvent cueillir ses graines à l’instar des autres produits de cueillette.
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Le Pouce : Existe-il d’autres plantes importantes autres que les pourghère ?
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Issa Djiré : Le baobab est une plante utilisée en médecine. Les feuilles et leur poudre sont recherchées dans la médecine. La graine de baobab produit de l’huile. Cette année nous avons expédié 500kg pour être analysé à grande échelle et savoir si la graine peut être utilisée. C’est une bonne huile pour le cosmétique. Nous sommes dans la dynamique de développer l’utilisation des graines de baobab grâce à une politique d’écourte ment de son cycle. La direction de l’OHVN se penche sur le profit à tirer dans la culture des courges. Les maliens jettent les courges. Pourtant, ses pépins traités permettent de produire de l’huile que vous voyez déposer sur ma table. C’est une huile beaucoup prisée dan l’alimentation.
Beaucoup de graines produisent de l’huile qui est utilisée soit dans l’alimentation, soit dans le cosmétique. L’OHVN va produire du baobab-bio, de l’huile de courge bio, du sésame à grande échelle, du biocarburant. Le ministre a souhaité la réalisation d’une compagnie de sésame au Mali. Nous sommes en train de rédiger le projet. D’ici la fin de ce mois le projet sera déposé sur la table du ministre de l’agriculture.
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Le Pouce : Avez-vous pensé à l’exploitation de l’ana cardium abondamment produit par nos paysans ?
Issa Djiré : L’ana cardium rentre dans le programme de mon service. Avant, le slogan en vogue était « plantons le « Somo » pour sauver notre pays ». En ce temps on n’avait pas perçu l’importance de ce produit. Les pieds d’ana cardium ont été délibérément arrachés pour être remplacés par d’autres. Aujourd’hui, le somo est un produit prisé. Ses graines sont utilisées dans l’alimentation. Les graines produisent aussi de l’huile. La coque produit de la sève qui est utilisée en aéronautique. Nous nous attelons à son développement pour en faire un produit d’exportation.
La graine est aussi utilisée dans le vestimentaire. L’huile produite et utilisée ici est un adhésif très fort.
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Le Pouce : Votre mot de la fin ?
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Issa Djiré : La visite du ministre de l’agriculture a réconforté les paysans et les a galvanisés. Cette visite a été ressentie comme une joie par l’ensemble des travailleurs de notre office et moi-même. Cette sortie lui a permis de constater de vis us ce que nous avons réalisé et de discuter, d’échanger avec les producteurs et de leur transmettre le message du chef de l’Etat qui veut faire de notre agriculture le moteur de notre développement. Nous pensons que le PDES du président de la République doit être un levain pour tous les techniciens afin que dans les années à venir notre agriculture soit totalement modernisée pour le grand bonheur de tous les fils de la nation.
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Entretien réalisé par Tiémoko TRAORE
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17-08-07
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