Illias Dogoloum Goro, Président Directeur Général de l’Office du Niger : « Nous voulons faire de Ségou un agropole à travers l’Office du Niger … »

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Le comité de suivi du contrat-plan Etat-Office du Niger-Exploitants agricoles s’est réuni la semaine derniere, à la Direction Générale de l’Office du Niger à Ségou. Occasion pour les participants d’évaluer les réalisations faites au cours du premier semestre 2014 du cadre qui court jusqu’en 2018. A l’issue de cette réunion, nous avons recueilli les impressions du Président Directeur Général de l’Office du Niger, Illias Dogoloum Goro, qui occupe une place centrale dans ce contrat-plan. Il annonce notamment que l’Office du Niger ambitionne de devenir un agropole.

Ulias D. Goro Pdg de l’office du Niger
Ilias-Goro, PDG Office du Niger

L’Enquêteur : Monsieur le Président Directeur Général, vous venez de tenir le premier comité de suivi du contrat-plan Etat-ON-Exploitants agricoles 2014-2018. Quelles sont vos impressions à l’issue de cette session d’évaluation du premier semestre ?

Illias Dogoloum Goro : L’Office du Niger est dans une phase de contrat plan avec l’Etat et les exploitants agricoles. Et cela, depuis l’année 1988. Le contrat-plan actuel couvre une période de cinq ans, allant de 2014 à 2018 ; avec des engagements spécifiques. L’engagement global consiste à assurer la sécurité alimentaire, à lutter contre la pauvreté et à faire de l’Office du Niger, l’outil qui garantisse la souveraineté et la sécurité alimentaires. Cet exercice de cette session consistait à faire l’évaluation des activités du premier semestre 2014. Le Président du comité de suivi du contrat-plan (Sidiki Traoré, ndlr) est un conseiller technique du Ministère de l’Economie et des Finances. Nous avons près de 16 membres des différents départements concernés (Développement rural, Plan, de l’administration territoriale, de l’Economie et des Finances, le Budget, l’Education et la santé…) Bref, tous les acteurs des ministères techniques de l’Etat, de l’Office du Niger,  les exploitants agricoles…

Des premières activités, nous avons eu l’appréciation des membres. Avec un satisfecit par rapport à ce qui a été réalisé. Il a été formulé des recommandations allant dans le sens de la poursuite des aménagements, en dédiant près de 60% des budgets de l’Etat (sic) sur les aménagements et la  poursuite de la promotion de la mécanisation agricole. Parce qu’en effet, de plus en plus, on voit que la main-d’œuvre locale devient rare. Il faut faire de manière que nous puissions moderniser notre agriculture à travers le Centre de prestation agricole. Et ce, à travers des achats individuels, avec l’implication des banques pour financer les équipements agricoles et pour financer les aménagements. Donc, rendez-vous est pris pour le mois de mars 2015 pour l’évaluation du deuxième semestre 2014 et de l’année 2014.

Le satisfecit, vous l’avez dit tantôt, est général. L’office du Niger étant l’élément central dans tout ça, ne vous sentez-vous pas sous pression aujourd’hui ? Une sorte d’exigence de résultats ? Pas peur de décevoir ?

Tout le monde est content. Le bénéfice de la performance fait que tout le monde compte sur l’Office du Niger. Parce que c’est là où nous avons une agriculture à maîtrise totale (d’eau) où la production est garantie. Nous sommes au Mali, un pays du Sahel avec son corollaire de changements climatiques. Trois années sur cinq, les campagnes (agricoles) sont mauvaises. L’Office du Niger fait l’objet de convoitises par rapport à l’aménagement des terres. Et c’est une zone de peuplement. Les gens viennent du nord, du sud, d’un peu partout pour peupler l’Office du Niger. La zone d’influence de l’Office du Niger aujourd’hui fait l’ordre d’un million d’habitants. Il faut à présent faire des efforts pour les superficies aménagées.

Nous prévoyons dans ce contrat-plan, un aménagement nouveau de 65 550 hectares sur lesquels nous comptons produire, à l’horizon 2020, près de 1 million 200 mille tonnes de riz paddy. Avec les cultures maraîchères, le développement de la pisciculture, de l’intensification de l’élevage de bovins, de caprins et l’aviculture. Nous n’allons pas oublier également la foresterie, parce que la zone Office du Niger a fait l’objet de déboisement. Il faut aujourd’hui repenser au reboisement de cette zone pour compenser les bois qui ont été déforestés. Donc, c’est un agropole où l’on compte faire un développement intégré pour pouvoir produire les spéculations végétales, les productions animales…

Vous avez tantôt parlé de la surpopulation dont fait l’objet la zone Office du Niger et des enjeux liés aux changements climatiques….Quels sont, à l’Office du Niger, les plans d’adaptation à tous ces phénomènes que vous ne maîtrisez pas vraiment ?

Je ne dirais pas surpopulation cependant. Il s’agit plutôt d’une pression foncière qui est là. C’est une zone de peuplement. La nature a horreur du vide. Les gens viennent parce qu’il y a à boire et à manger. Ils viennent parce que quand ils font de l’agriculture, la production est garantie, parce qu’il y a de l’eau pendant la saison sèche et pendant l’hivernage. Et pour la saison sèche, il suffit de modeler, d’orienter cette quantité d’eau qui passe en zone Office du Niger à partir du barrage de Markala. Ce n’est pas un surpeuplement, c’est un peuplement raisonné et qui tient compte de l’avenir de l’Office du Niger, de la proximité de l’eau, de la garantie de l’eau et c’est ce qui attire tout le monde.

Pour ce qui est des changements climatiques, pendant l’hivernage, nous n’avons pas de problème d’eau. Mais en saison sèche, avec les hauteurs de pluies, les cours d’eau ne sont pas toujours au rendez-vous. Pour les cultures de contre-saison (pratiquées en saison sèche, ndlr), nous sommes en train de développer des cultures maraîchères au détriment de la riziculture qui consomme plus d’eau. Et, ces cultures maraîchères sont des cultures de consommation d’eau moindre mais de très fortes valeurs ajoutées. Il s’agit de la culture de l’oignon, de l’ail, de la tomate, de la pomme de terre, du maïs et d’autres spéculations végétales ; toutes moins consommatrices d’eau que le riz.

D’autant surtout que nous avons en partage la gestion de ce fleuve avec 9 pays d’Afrique de l’ouest et du centre. Nous avons des consignes de gestion des barrages pour tenir compte de ces changements climatiques et satisfaire les besoins en aval du barrage de Markala au Mali, au Niger, au Nigeria, au Bénin, au Cameroun… Ces changements climatiques sont pris en compte par un changement de comportement en zone Office du Niger.

Et, il y a de la place pour tout ce beau monde ?

Il peut y avoir de la place pour tout le monde. Aujourd’hui, nous sommes à un rendement/production de 6 tonnes à l’hectare. On peut aller, en intensifiant la riziculture, à huit, dix tonnes à l’hectare. Il suffit de donner des outils de moindre grandeur pour que les gens appliquent le système de riziculture intensif pour amener l’exploitant de six tonnes à produire huit ou dix tonnes à l’hectare. Et nous pouvons gérer ce peuplement qui est là sur place ou qui est en train de venir avec l’accompagnement de l’Etat, des partenaires techniques et financiers, des exploitants agricoles également, qui s’enrichissent, qui peuvent augmenter la taille de leurs exploitations ; avoir des exploitations économiquement viables.

Un dernier mot ? Un appel à lancer aux parties prenantes ?

L’appel aux populations, c’est de croire en eux-mêmes. C’est de croire que l’Office du Niger, plus qu’une mine d’or, est une mine inépuisable. Plus la terre est vieille, plus elle a de la valeur. Aujourd’hui, l’Office du Niger plus vous produisez, plus vous intensifiez avec un amendement organique, avec l’utilisation d’engrais, on peut toujours produire beaucoup plus. Les populations n’ont qu’à bêcher, il y a tout. Ils peuvent avoir des mobylettes, des véhicules, des villas pour être prospères en dehors de ce qui se fait ailleurs où l’on ne récolte pas forcément ce que l’on a cultivé par année.

Aux partenaires, je dirais d’avoir confiance dans la gouvernance du pays. D’avoir confiance en l’Office du Niger pour que les investissements soient plus massifs dans les domaines de l’aménagement, dans l’accompagnement du gouvernement dans le cadre de la mécanisation de l’agriculture dans l’Office du Niger en particulier et au Mali d’une manière générale.

Propos recueillis par Amadou Salif Guindo

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