Développement de la zone Office du Niger :Le schéma d’aménagement relooké

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Pour débattre de tous les problèmes qui entravent le développement de la Zone Office du Niger, le ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé du Développement de la Zone de l’Office du Niger a organisé, pendant trois jours à Ségou, un atelier d’échanges. Principal sujet à l’ordre du jour: le Schéma d’aménagement hydro agricole et pastoral de la zone (SAHAP).

Au nombre des participants venus pour l’occasion, on peut noter des députés, comme le Dr Ousmane Bah, des hommes de droit, comme Me Hamidou Diabaté, de grands opérateurs céréaliers, en l’occurrence Modibo Kéïta, PDG du groupe GDCM, des associations de producteurs… Après les mots de bienvenue du Maire de Ségou, Ousmane Simaga, c’est le ministre Abou Sow qui a délivré la feuille de route des trois jours de travail. Sans avoir omis tout d’abord de faire la genèse de la création de l’Office du Niger, il y a environ 79 ans.

C’est ainsi qu’il a expliqué à son auditoire que différentes études avaient conduit les experts à choisir le Delta central du Niger pour en faire une grande zone de culture. L’on apprendra aussi que le barrage de Markala, construit entre 1934 et 1937, a permis d’aménager beaucoup de terres. Les premiers paysans installés dans la zone sont venus des Cercles de Ségou et de Bamako. «Contrairement à ce qu’on dit ici et là, les populations de la zone Office du Niger ne vivaient pas sur ces terres il y a une centaine d’années» a affirmé Abou Sow. En effet, selon les documents, vers la moitié des années 50, ce sont à peu près 110 villages qui ont été créés, totalisant quelques 35 000 habitants. La zone dans laquelle ces personnes vivaient était très paludéenne.

Répondant à certaines polémiques récentes, le ministre a ajouté: «le gouvernement du Mali n’a jamais vendu ni cédé des terres à qui que ce soit. La procédure qui nous autorise à délivrer des permis d’exploitation à un privé, àune entreprise ou à une multinationale est suivie à la lettre partout. Je suis très souvent étonné de voir les gens s’émouvoir quand un Malien veut exploiter 50 ou 100 000 ha dans la zone. Alors que ces mêmes personnes sont très fières quand l’un de nos compatriotes est propriétaire de plusieurs immeubles à Paris, Washington ou Tokyo. Souvent, on a du mal à accepter les bénéficiaires et le nombre d’hectares dont ils disposent. Je rappelle qu’il y a une procédure à suivre. Elle va de la demande écrite aux différentes études, en passant par les vérifications effectuées par les cadres du Ministère et de l’Office. Si tout est en règle, nous attribuons les parcelles. Ce sont des baux ordinaires ou emphytéotiques. Nous ne fuyons pas le débat. C’est pourquoi j’ai voulu que cette réunion de trois jours se tienne. Le décret de gérance de l’Office du Niger sur lequel nous nous basons pour travailler a été fait par des hommes. S’il comporte des irrégularités, nous sommes prêts à le réexaminer et à y apporter les corrections nécessaires».

Les débats ont concerné plusieurs documents. Parmi eux, la loi n°94004 du 09 mars 1994, portant création, organisation et fonctionnement de l’EPIC Office du Niger. Dans ce texte se trouve le fameux décret de gérance (n°96-188-PRM du 1er juillet 1996) et son arrêté d’application, qui sont à la fois, selon le ministre Sow, mal compris et souvent ignorés de beaucoup de personnes. Le décret est pourtant clair. Il définit les principes et modalités de gestion du réseau hydraulique et de gérance des terres confiées à l’Office du Niger. Il précise, en particulier, les responsabilités techniques et financières de l’Office, de l’État et des exploitants bénéficiaires dans la gestion du réseau hydraulique.
C’est toujours dans le même décret qu’on retrouve les principes d’application des cinq modes de tenure des terres en gérance, se différenciant selon le caractère aménagé ou non de la terre et le type d’exploitant bénéficiaire: contrat annuel d’exploitation (CAE), permis d’exploitation agricole (PEA), bail emphytéotique, bail ordinaire et bail d’habitation.

Maintes fois annoncée depuis sa création, la relecture du décret de gérance se présente, de nos jours, comme un processus incontournable, inscrit sur les tablettes des plus hautes autorités de notre pays, le plan de travail gouvernemental 2011 exigeant une version révisée avant le 30 juin de cette année; le plan d’action du schéma directeur de développement de la Zone Office du Niger et le Contrat plan 2008 – 2012.

Pendant soixante-douze heures, un autre thème, et non des moindres, a aussi retenu l’attention des participants. Il s’agit du processus d’élaboration du Schéma hydro agricole de l’Office du Niger. Selon les experts, il faut désormais construire «un outil fédérateur, reconnu et opérationnel», qui se présentera comme l’unique cadre de référence pour la planification des aménagements hydro agricoles. Ce sera en quelque sorte le point focal pour la concentration des investissements publics et privés.
Au finish, le processus permettra de formaliser une décision concernant les choix d’attribution des ressources eaux et terre par type de producteurs et système de production. Le schéma est attendu avant fin 2012, pour faciliter sa déclinaison sous la forme d’un programme opérationnel d’aménagement et de réhabilitation quinquennal, dans le cadre du futur Contrat plan 2013 – 2017.
Les recommandations qui sortiront de cette importante réunion seront, à coup sûr, une bouffée d’oxygène pour l’avenir du développement de la zone de l’Office du Niger. Nous vous en donnerons la teneur dans notre prochaine édition.
Paul Mben
Envoyé spécial

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