Changement à la tête de l'Office du Niger – Seydou Idrissa Traoré : Le style et le flègme

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Il ne revient à personne, en tout cas pour tout bon observateur de la chose du développement rural, de contester la part prépondérante que Seydou Idrissa Traoré a joué dans l’évolution actuelle de l’Office du Niger.

Pour se convaincre de notre appréciation, revenons six ans, voire trois ans en arrière. Prétextant que la campagne agricole 2003-2004 n’avait pas été une réussite et inféodés dans la politique politicienne, les exploitants agricoles de l’Office du Niger se sont adonnés à un incivisme jamais reconnu dans le delta central de ce Niger : refus de payer la redevance eau, sabotage des ouvrages, gestion irrationnelle de l’eau, sit-in, marche record puisqu’elle se termine jusqu’à Bamako.

La suite logique des frondeurs se terminera en début 2006 par une campagne de dénonciation, à la limite faite de calomnie, qui s’achèvera par l’entrée du Vérificateur Général dans l’entreprise. La suite on la connait. Seydou Idrissa Traoré dont la consultation et la nomination n’ont pas dépassé 24 heures devait venir au chevet d’un Office du Niger secoué par une déstabilisation qui ne dit pas son nom.

Pour avoir fait toute sa carrière dans le développement rural (ancien Ministre en charge et ancien Membre du Conseil d’Administration),  il avait dit à son premier jour de prise de service et il l’a ressassé le plus souvent : « L’Office du Niger dispose des cadres les plus valeureux du pays. Je vous laisserai vos initiatives. Je jouerai le rôle de coordination et je ferai en sorte que la confiance de l’Etat et de nos partenaires revienne mais pour cela, que chacun, encadrement rural et paysans, s’engage à respecter ce qui lui est assigné… ». 

Aussi, je crois que sa fameuse expression, sans détour, « Ni ma dji sogno sara i bi gwen » a permis d’asseoir une autorité qui s’effritait de plus en plus à l’Office du Niger. Trois ans durant, Seydou Idrissa Traoré a donc porté les gants de fer et de velours, selon les circonstances. Ici il était ferme face aux exploitants qui n’ont jamais fait le deuil de la baisse de la redevance eau de contre saison en insistant : « Nous n’avons ni la volonté ni l’intention de le faire » ! Là il exigeait que toute l’attention soit accordée à ces derniers dans la réaffectation des parcelles évincées qui, selon lui, doivent revenir d’abord aux habitants du village qui n’en ont jamais bénéficié.

Les relations Office du Niger-Exploitants Agricoles (Organisations paysannes et Syndicats) ont connu avec lui un regain de vitalité jamais constaté. Ce qui a permis de faire face à certaines contraintes par la gestion rationnelle de l’eau, l’aménagement et la réhabilitation de superficies, la lutte contre les plantes aquatiques nuisibles. Ce sont quelques mesures qui incitent à dire que la croissance économique à l’Office du Niger a fait un grand bond, rien qu’avec la campagne agricole en cours où 600 000 tonnes de riz paddy sont entrain d’être récoltées. Autre front sur lequel le PDG de l’Office du Niger sortant a son emprunt : la bonne gouvernance. En trois ans, les conditions de travail à l’Office du Niger ont incité à l’amélioration de la performance des agents ont connu une hausse de salaire tournant autour de 50 à 80 % !

Pendant ce temps, l’informatisation des services et la modernisation de la gestion comptable et financière ont permis de rendre fiables les comptes de l’Office du Niger. Ce sont là des points positifs qu’il laisse derrière lui et qui sont les causes d’une accalmie dans la Zone Office du Niger. En trois ans de gestion, on ne peut pas dire qu’il n’a pas fait revenir l’Office du Niger de loin même si, comme dans toute œuvre humaine, il existe des échecs. Ce qui, dans une bonne administration qui se veut continuelle, constituera les vrais défis de son successeur (Voir article ci contre).

Moustaph Maiga

 

KASSOUM DENOM ARRIVE : SES NOUVEAUX DEFIS


Kassoum Denon [centre] avec le Premier Ministre

Tout comme en 1997 quand Fernand Traoré, admis à la retraite, céda le fauteuil de PDG de l’Office du Niger à Nancoma Keita, c’est rebelote cette fin d’année dans la plus grande entreprise agricole du pays. Seydou Idrissa Traoré passe le témoin à Kassoum Denon. Il s’agit donc expressément, en plus de la touche personnelle que l’ancien Directeur Général de l’Office Riz Ségou doit imprimer au géant du riz malien, d’œuvrer dans la continuité des nouvelles ambitions de l’Office du Niger.

A 55 ans seulement (il est né en 1954 à Ngoa dans le Cercle de San), le nouveau PDG de l’Office du Niger parait bien porter l’âge des défis qui l’attendent. Il hérite d’une entreprise dont une bonne partie de sa crème fera valoir ses droits à la retraite d’ici le 31 Décembre 2010 et constituée donc de plusieurs jeunes cadres qui entendent assigner à l’Office du Niger son rôle de locomotive dans la conquête et l’assurance de la souveraineté alimentaire du Mali. Kassoum Denon qui est détenteur en 1986 d’un Diplôme d’Ingénieur en Sciences Appliquées (Institut Polytechnique Rural de Katibougou) après celui de Technicien Supérieur en Agronomie obtenu en 1977, aura fort à entretenir une nouvelle race d’agents d’encadrement rural à l’Office du Niger. Il lui sera demandé alors d’inculquer à cette génération le sens de la culture d’entreprise et la gestion de la chose publique.

Son expérience professionnelle plaide en sa faveur. Tour à tour, il a servi comme Chef de Zone d’Expansion Rurale à Kolondieba (Région CMDT de Bougouni), Chef Section Vulgarisation Agricole au Périmètre Irrigué de Kayes, un sous projet de l’OMVS puis Chef de Division Production avant de faire un tour au Projet des Aménagements du Terroir des cercles de Sikasso et Koutiala. L’homme qui aura fait, à partir de 1988, une si longue carrière à l’Office Riz Ségou en ne brûlant aucune étape (Chef Section, Chef Division, DGA puis DG en 1993) est attendu pour renforcer, de nouveau, la bonne gouvernance à l’Office du Niger.

Ecorché en 2006 par deux rapports du Vérificateur Général et se forgeant aussi, grâce à un audit organisationnel voici deux ou trois ans, une image de confiance vis-à-vis de l’Etat, des partenaires Techniques et Financiers et des Organisations Paysannes, l’Office du Niger est aujourd’hui sur une rampe qui permet à Kassoum Denon d’apporter sa dose d’expérience et surtout d’autres qualités qu’on lui connaît : méticuleux et ayant le sens de la repartie, fin négociateur et adepte d’une gestion rigoureuse.

Pour celui qui est Médaillé d’Or dans la pratique des Affaires, distinction obtenue en Suisse en 2005 et désigné l’année suivante Homme de l’Année à Ségou par notre Groupe de Presse, il lui sera attaché des missions non moins importantes comme l’extension et la réhabilitation des aménagements à l’Office du Niger, la rénovation des ouvrages hydrauliques et une meilleure politique de transformation de certaines cultures à valeur très ajoutée. Le prochain locataire de l’Office du Niger ne relèvera pas seul tous ses défis.

Pour réussir, il s’adossera sur un personnel dont les qualités ne souffrent d’aucun doute et des partenaires dociles et disponibles. Il lui sera juste demandé d’être le chef d’orchestre d’un groupe qui harmonisera la vision que les maliens attendent de celui (l’ON) qui est aujourd’hui leur seul avantage comparatif.

Moustaph Maiga

 

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