Babougou Traoré, DG de l’Office Riz Ségou (ORS) : «Nous avons les moyens de nos ambitions»

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Nommé à la tête de l’Office Riz Ségou en mars dernier, le tout nouveau Directeur Général, Babougou Traoré, ne doute pas des moyens mis en place pour que la structure qu’il dirige produise 65 250 tonnes de riz paddy lors de la campagne agricole de cette année. Il nous l’a confié lors de cette interview réalisée dans ses locaux, à Ségou.  

22 Septembre:
Comment va l’Office Riz Ségou?
Babougou Traoré : Comme de tous les temps, l’Office Riz Ségou se porte bien. Je suis un ancien de la boîte et, depuis 2005, j’ai assuré deux fois l’intérim du DG. Aujourd’hui, je suis le DG et j’assure qu’il fait bon travailler ici. Il y a une véritable synergie entre les travailleurs et les producteurs, bref entre tous les acteurs impliqués, pour la bonne marche de la structure.

Lorsque l’on vous a nommé DG de l’Office, quelles sont les missions qui vous été assignées par votre ministre de tutelle?
En tant que telle, je n’ai pas de mission spécifique, car elle s’inscrit dans la globalité. En d’autres termes, je suis chargé de mettre en œuvre la politique générale du gouvernement. Il faut rappeler que les plus hautes autorités, en commençant par le Président de la République, travaillent tous les jours pour faire de la production agricole l’un des moteurs du développement du Mali. Il ne faut pas se voiler la face. Si l’on donne à l’agriculture toute la place qui lui revient, notre pays sortira des difficultés qu’il connaît depuis l’indépendance. Je crois que c’est à la suite de telles réflexions que les autorités on jugé bon de donner un cachet particulier à la Zone Office du Niger. Et, partant, à celle de Ségou. Notre mission, comme celle de notre ministère de tutelle, se résume à assurer le développement intégré, à partir de l’agriculture, l’élément moteur. Les populations qui la pratiquent sont confrontées à de nombreux problèmes, qu’elles doivent résoudre. C’est pourquoi le terme «intégré» prend en compte le petit élevage, l’arboriculture, le commerce… Cela nous oblige à collaborer avec d’autres services de l’Etat, comme les Directions des Eaux et Forêts, de la Pollution et des Nuisances, de la Santé, de l’Elevage et de la Pêche, de l’Education. Sans oublier la recherche, qui est un maillon essentiel dans la production agricole.

Il y a plus de deux semaines, vous lanciez la campagne agricole 2011 – 2012 de l’Office Riz Ségou. Quels sont les objectifs que vous vous êtes assignés?

C’est vrai, nous avons lancé notre campagne agricole. Je voudrais tout d’abord dire qu’au-delà de la symbolique, c’est une occasion pour les techniciens et les producteurs d’échanger sur les objectifs de ladite campagne. Puisque le riz est la culture phare de notre zone d’intervention, nous avons un objectif d’exploitation de 2 900 ha, avec une production estimée à 65 250 tonnes de riz paddy. A l’Office Riz Ségou, nous exploitons aussi le mil, le sorgho, le sésame, le niébé et le manioc. Je citerai donc aussi, par exemple, nos prévisions de production pour le mil (42 186 tonnes), le sorgho (21 125 tonnes), l’arachide (3 992 tonnes) ou encore le sésame (521 tonnes).

Avez-vous tous les moyens de vos ambitions?
Oui, nous les avons. Il faut savoir que nos objectifs sont toujours fixés de façon triennale. Ils sont toujours en adéquation avec les objectifs du Contrat – plan. Pour un peu expliquer cela, je voudrais dire que nous nous basons sur les objectifs que nous avons atteints lors de la précédente campagne agricole. Pour celle à venir, nous nous efforçons de dépasser nos résultats passés. Il y a quelques années, nos objectifs de production en riz ne dépassaient guère les 1 600 tonnes.
Progressivement, nous avons amélioré nos rendements à l’hectare. Côté budget, tout est prévu. L’encadrement est prêt, ainsi la logistique. Je voudrais aussi signaler que notre ministre de tutelle a mis tout en œuvre pour que nous réussissions. Avec tout cela, nous atteindrons nos objectifs.

Dans la Zone Office du Niger, en général, on enregistre souvent des problèmes liés au foncier. Connaît-on cette situation à l’ORS?
En général, en effet, tout le monde pense que la Zone Office du Niger connaît des problèmes fonciers. Et nous avons assisté, ces derniers temps, à des débats souvent houleux à ce sujet. Nous, à l’ORS, n’avons pas ces problèmes, Dieu merci. Chez nous, c’est le terroir villageois, et ses limites sont connues. Il n’y a pas de nouveaux aménagements litigieux. Nous avons une convention qui régit tout. Personne ne peut être exploitant chez nous s’il ne respecte pas notre cahier des charges. Tout le monde le sait. Tout le monde en est d’ailleurs informé depuis que l’Office existe. Il peut y avoir quelquefois des frictions par rapport à l’attribution des terres, quand l’un de nos agents manque de vigilance. Mais le différend se règle aussi vite qu’il a démarré.

Comment se passe la collaboration entre vous et votre «grand frère», l’Office du Niger?

Nous faisons le même travail technique, mais nos zones d’intervention sont totalement différentes. Nous avons des séances de travail de concertation au sein de notre département de tutelle, de façon périodique. Pendant la supervision de la campagne agricole, nous nous retrouvons à l’oeuvre sur nos terres respectives. Chaque fois que cela s’avère nécessaire, nous nous donnons la main pour travailler. Puisque nous œuvrons tous pour le bonheur du peuple malien.
Propos recueillis par Paul Mben,
Envoyé spécial   

Projet de Développement Rural de Tien Konou et Tamani (PADER TKT):
Plus responsabiliser les producteurs et assurer la sécurité alimentaire


Initié et élaboré en mars 2007, le Projet de Développement Rural de Tien Konou et de Tamani, dénommé PADER TKT, a été évalué par la BID et l’équipe de l’Office Riz Ségou du 13 au 26 septembre 2008 à Ségou. Le projet a été approuvé par la BID (Banque Islamique de Développement) en octobre 2008. La signature des accords de financement est intervenue entre la BID et le Gouvernement du Mali, représenté par Sanoussi Touré, ministre de l’Economie et des Finances, le 3 juin 2009 à Achkabad, au Turkménistan, lors des assises annuelles de la Banque

D’un montant total de 14 985 000 000 F CFA, dont 11 008 900 000 F CFA (74%) 11 030 413 486 pour la BID et 3 896 100 000 F CFA (26%) 3 954 940 000 pour le gouvernement du Mali et les bénéficiaires (6,25% pour les bénéficiaires et 19,75% pour l’Etat), le PADER TKT est un projet de développement rural intégré qui couvrira une durée de 5 ans.

Le projet couvre 234 villages dans les 23 communes des cercles de Ségou et de Baraoueli, en Quatrième Région. Plus spécifiquement, le projet est axé sur l’aménagement partiel, en maîtrise totale de l’eau, du casier de Tien Konou, situé à cheval sur les communes rurales de Togou et de Markala, ainsi que sur l’amélioration de la mise en eau du casier de Famana et du casier I dans les communes de Boidié, Dougoufé et Somo. La population totale de la zone du projet est d’environ 240 000 habitants.

Le PADER – TKT a pour objectif global de contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire à l’échelon des ménages et au niveau national, ainsi qu’à l’augmentation du niveau de revenus des populations rurales concernées, dans une perspective de gestion durable des ressources naturelles et avec une attention particulière portée aux femmes et aux jeunes.
L’objectif spécifique du projet est d’améliorer, de façon durable, la productivité, la sécurité alimentaire et le revenu des ménages, ainsi que de favoriser la participation effective des bénéficiaires au développement de leurs communautés.

A terme, le PADER TKT permettra l’aménagement en maîtrise totale de l’eau de 1 271 ha du casier de Tien Konou, dans la zone de Dioro (le rendement du riz passera alors de 2,5t à 6t à l’hectare en moyenne. La production attendue en une seule saison étant de 7 800t de paddy); l’amélioration de l’ensemble du système hydraulique des casiers de la zone de Dioro (15.167 ha), par le recalibrage du canal principal sur 20,7 km; l’amélioration du système hydraulique de 2 200 ha du casier I et du casier de Famana, dans la zone de Tamani, cercle de Baraoueli (ici aussi, le rendement du riz passera de 1,7t à 2,5 t par hectare en moyenne. La production attendue en une saison étant de 5 500t de paddy en submersion contrôlée).

S’y ajoutent l’amélioration des conditions de vie et de l’environnement des populations, par la mise à leur disposition de 20 points d’eau potables (forages) et de 5 centres de santé, réhabilités et dotés de plateaux techniques adéquats; l’appui à la vulgarisation et à la recherche adaptative, la protection de l’environnement et l’appui au développement communautaire.

Rappelons que le projet est structuré autour de six composantes, qui sont les travaux de Génie Civil (le recalibrage du canal principal de Dioro sur 20,7 km; l’aménagement de 1 271 ha du casier de Tien Konou en maitrise totale de l’eau; l’amélioration du système hydraulique de 2 200 ha de la plaine de Tamani; la construction et l’équipement d’infrastructures socio-économiques…); l’appui à la vulgarisation, à la recherche adaptative et à la protection de l’environnement (vulgarisation agricole et diversification de la production; acquisition d’équipements agricoles; production de semences améliorées); l’appui au développement communautaire (formation et alphabétisation fonctionnelle; professionnalisation des organisations paysannes; développement de Systèmes Financiers Décentralisés); l’appui à la coordination et à la gestion du projet, les services de consultants et l’audit du projet.

Tout en s’inscrivant dans le cadre des grandes options de la Politique de Développement Rural, le PADER TKT adoptera une approche participative, qui consistera à encourager les initiatives des populations-cibles, afin de développer de façon durable la production agricole susceptible de contribuer à couvrir les besoins alimentaires du pays et à améliorer les revenus des ruraux. Pour la durabilité des actions à mener, il est prévu la mise en place d’organisations socioprofessionnelles fortement responsabilisées, pour assurer l’après-projet dans la perspective d’une pérennisation des acquis.

Le projet favorisera la responsabilisation des organisations paysannes et le transfert progressif des pouvoirs de décision aux responsables des groupements. Les organisations paysannes, à tous les niveaux, seront encouragées, formées et considérées comme les interlocutrices directes et les actrices principales des actions à mener dans le cadre du projet.
Paul Mben

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