Attrait croissant de l’agriculture malienne : Ballet diplomatique incessant à l’Office du Niger

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Après les ambassadeurs du Burkina Faso, d’Allemagne, de France, Mme l’ambassadeure du Canada au Mali, Virginie Saint-Louis, est attendu aujourd’hui à l’Office du Niger, pour une visite de terrain à Markala, notamment à son magnifique pont-barrage, considéré comme la porte d’entrée à l’Office du Niger et à Molodo. Ensuite, il procédera, le lendemain, à la signature d’une convention portant financement du Programme d’appui à l’Office du Niger (PAON). 

Fini le temps de la crise financière aigue, obligeant la Direction de l’Office du Niger à s’endetter auprès d’une banque de la place afin de payer son personnel. Fini aussi le temps des fraudes et de la mauvaise gestion.  Deux faits majeurs mentionnés dans le rapport 2007 du  Bureau du Vérificateur Général. Une perte d’environ 1,5 milliard de FCFA à l’Office du Niger était déclarée provenir de ces fraudes et  de la mauvaise gestion.

En effet, parmi les dysfonctionnements relevés par le BVG, figuraient une confusion de responsabilités et des sorties d’argent non répertoriées. En outre, au titre des manques à gagner, le Vérificateur Général avait constaté un trou de plus de 25 millions de FCFA de loyers non recouvrés. En plus de ces malversations, il y avait l’histoire des badges qui rappelle celle du mandat du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, c’est-à-dire quelque chose dont tout le monde parle, mais que personne ne voit.

En fait, dans les documents, il ressort bien que l’Office du Niger a commandé et réceptionné des badges pour son personnel, d’une valeur de plusieurs millions de FCFA. Alors qu’en réalité, les fameux badges n’ont jamais existé. C’est à cause de toutes ces pratiques frauduleuses et éhontées que l’Office du Niger était inscrit à l’article de la mort. S’y ajoute que la redevance eau ne se payait pas comme il se devait, d’où le cri de détresse de l’ancien PDG, Seydou Idrissa Traoré, s’adressant aux exploitants en des termes désormais tristement célèbres : "Si tu ne payes pas la redevance eau, tu seras chassé". Pire, le gouvernement avait même fermé le robinet du compte Etat alloué à l’Office du Niger. Dans la foulée de cette mesure, l’Union européenne, aussi bien que d’autres bailleurs de fonds nationaux et internationaux, étaient réticents à investir dans cette zone du fait du manque de confiance.

Il a fallu attendre l’arrivée de Kassoum Denon, le 9 décembre 2009, pour voir dégager une synergie d’actions autour de l’Office du Niger, grâce à des réformes institutionnelles impulsées à travers la création de directions spécialisées afin de donner plus de visibilité et de lisibilité à l’entreprise, une gestion rigoureuse et l’instauration du principe de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut (choses qui dérangent malheureusement les faucons qui tentent de discréditer l’actuel PDG de l’Office du Niger, Kassoum Denon, à travers des menées subversives afin de défendre des intérêts personnels et sordides).

Autant d’engagements sur fond d’innovation, qui ont permis le retour de l’Union européenne pour financer, à hauteur de 20 milliards de FCFA, l’aménagement de 2500 ha qui seront confiés aux exploitants locaux. Mieux, pour la première fois dans l’histoire de l’Office du Niger, l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique est intervenue directement avec Denon pour financer les travaux maraichers des femmes de Koutiala Coura, dans la zone de Ké-Macina, à plus de deux millions de FCFA.  Sans compter  les interventions allemandes à N’Débougou. Dans cette zone, la coopération allemande finance actuellement deux projets pour plus de dix milliards de FCFA. Le premier, dénommé KIE, est un projet de valorisation du potentiel agricole. Il couvre une vingtaine de hameaux et villages de la zone de N’Débougou. Plus de 1170 familles sont concernées pour une population de 9360 habitants.

Le projet a réhabilité le drain du Kala inférieur-est sur 45 km. D’où son nom de Projet "KIE", qui a aussi aménagé le marigot de Dina. Cet investissement a coûté près de 3 milliards de FCFA. L’aménagement de 900 ha dans le casier de N’Dilla s’inscrit également dans le cadre du projet "KIE". Il est destiné à améliorer les conditions de vie des habitants de la zone  et son coût est estimé à 3,2 milliards FCFA. Le second projet est "le Projet Siengo". Il concerne l’aménagement de 1720 ha. Le coût de cet aménagement se chiffre à 3,9 milliards FCFA.

En plus de l’Allemagne, l’Agence française de développement (AFD) vient de passer à la vitesse supérieure dans le cadre de son appui au développement de l’agriculture en zone Office du Niger, par la signature d’une convention portant sur 10 milliards de nos francs pour le financement du  Projet d’appui au développement de la zone Office du Niger (PADON II). Moins de trois mois après cette signature de convention, le nouvel ambassadeur de France au Mali, Christian Rouyer, a effectué, du 1er au 2 juin dernier, une visite de terrain afin de constater de visu ce que l’Office du Niger est en train de faire avec l’aide en question. Son constat a été on ne plus clair : "La coopération entre l’AFD et l’Office du Niger est aujourd’hui dans l’air du temps" a-t-il déclaré sur le terrain avec beaucoup de satisfaction. 

Ce même sentiment a été partagé, il y a une année, par l’ambassadeur de Burkina Faso au Mali, Sanné Mohamed Topan, qui déclarait ceci : "Ce que j’ai vu à l’Office du Niger et à l’Office Riz Ségou m’incite à l’optimisme quant à l’avenir du Mali". C’était à l’occasion des assemblées générales préparatoires de la campagne agricole 2010-2011 à Ségou, dans la zone Office du Niger et Office Riz Ségou.

En plus de ce ballet diplomatique, une forte délégation du Conseil économique, social et culturel (CESC) conduite par son président, Jeamille Bittar, est également attendue en fin de cette semaine à l’Office du Niger. Cette visite a été occasionné par le passage remarqué et fortement apprécié de Kassoum Denon devant cette institution, il y a environ trois mois, afin d’expliquer aux membres de l’institution la politique de l’Office du Niger face aux plantes aquatiques nuisibles. 

                           Alassane DIARRA

 

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