Lors de la clôture de la première conférence paysanne internationale tenue dans notre pays, à Selingué du 17 au 19 novembre dernier, le président de la Coalition nationale des organisations paysannes du Mali (CNOP), Ibrahima Coulibaly, a déclaré que le monde paysan attaquera le gouvernement malien devant les juridictions face à l’accaparement des terres à l’Office du Niger, mais aussi de réclamer la libération des détenus à l’issue des affaires foncières, avant de réclamer leurs droits.
Le monde des paysans appartenant aux organisations paysannes de la Via Campesina a tenu, la semaine dernière, une grande conférence paysanne internationale à Selingué au centre Nyéléni. Le thème central était : « Stop à l’accaparement des terres ». Au total plus de 250 associations paysannes, venus de 30 pays du monde, ont participé à cette première rencontre internationale afin de lutter ensemble contre l’accaparement des terres. Les représentants des institutions internationales (ONU…), des défenseurs des droits de l’homme et des milieux de médias internationaux ont, aussi, massivement répondu à l’appel.
A l’issue des trois jours de travaux, une alliance internationale a été mise en place contre l’accaparement des terres. Laquelle alliance qui sera dirigée par les paysans et les paysannes en collaboration avec de nombreux mouvements sociaux et organisations.
En effet, l’accaparement des terres est un phénomène mondial dont l’ampleur et la vitesse sont inégalées. Dans notre pays, au cours des dernières années, plus de 800 000 hectares de terres arables ont été cédées par le gouvernement aux investisseurs par le biais de baux de 30 ans, renouvelables. Ces terres sont déjà transférées aux élites nationales, aux multinationales et aux fonds financiers qui cherchent à faire des bénéfices ou à spéculer au moyen des projets d’agriculture industriels, etc.
A cet effet, devant la gravité de la situation, les organisations paysannes se sont réunies au Mali pour créer une alliance permettant de renforcer et de soutenir les communautés paysannes dans leurs luttes contre cette offensive. Ainsi, les participants à cette première conférence paysanne internationale se sont engagés à travailler ensemble, de toute urgence, pour mettre fin aux accaparements de terres.
La libération des détenus du foncier à l’Office du Niger en question
Les initiateurs de ladite conférence s’engagent avec la dernière rigueur pour tout mettre en œuvre afin d’arrêter l’accaparement des terres au Mali d’une part. Et de l’autre, obtenir la libération des paysans emprisonnés en zones Office du Niger. Des paysans qui ont été battus à sang par des gendarmes, avec à l’appui des femmes enceintes torturées jusqu’à faire des accouchements forcés. Pour la simple déraison qu’ils se sont opposés à l’accaparement de leur terre. Et jusque-là, ces derniers croupissent en prison.
En réponse à cette situation, la conférence a décidé que force reste à la loi.
« Nous allons attaquer le gouvernement malien devant la justice… même s’il faut aller à la commission des droits de l’homme de Genève… on ne va pas s’assoir pour dire simplement le nombre des paysans tués», a martelé Ibrahima Coulibaly le président de la coalition nationale des paysans du Mali par rapport à la situation qui prévaut en zone Office du Niger. Pour lui, le gouvernement du Mali aura des ennuis. Car, soutien-t-il : « on va l’attaquer pour violation des droits de l’homme, ou tentative de prise de contrôle sur les ressources qui font vivre les communautés ». Pour ce faire, le président des paysans de notre pays précise qu’ils ont des arguments sûrs de gagner les procès. « Nous avons des avocats internationaux, des associations d’entre aide juridique qui veulent nous aider… beaucoup de gens sont déterminés et engagés à nous aider à avancer…même des avocats maliens… parce qu’ils voient la vérité en face… », a-t-il révélé.
Pour sa part, le président du réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), Djibo Bagna, un nigérien, le cas de Kolongo ne restera pas impuni. « Il n’est pas question de déguerpir 80 000 paysans pour seulement un individu ou parce que tout simplement à la Libye…si l’Etat peut trouver d’autres zones pour ces investisseurs…sinon pas des terres qui sont déjà à la disposition des paysans… », a estimé le président du ROPPA. Avant de lancer qu’aucun homme au pouvoir n’accepterait jamais de déterrer le cadavre d’un membre de sa famille pour satisfaire un individu. Comme le cas de Kolongo. D’autre part, Djibo Bagna a aussi insisté sur la loi.
« Nous amenons l’affaire devant les juridictions… surtout que la démocratie nous permet quand nous avons raison de nous défendre…et reconnaitre lorsque nous avons tord… maintenant comme on nous a créé du tord, nous allons nous défendre tout en utilisant tout ce que la loi nous permet », conclu-t-il.
Oumar Diakité,
Envoyé spécial à Selingué