Dans une interview accordée au quotidien « L’Indépendant », n°3993 du mercredi 18 mai 2016, le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF) et non moins Président Directeur général (PDG) de la BNDA, Moussa Alassane Diallo crédite l’exercice 2015 des banques, d’un bilan financier au vert, avec des bénéfices confortables, traduisant une santé financière favorable à la relance de l’économie malienne par le financement de secteurs porteurs. « Je peux affirmer que l’exercice 2015 a été profitable et bénéfique pour les banques maliennes », selon le président de l’APBEF. Les crédits à l’économie se sont élevés à 1 747,5 milliards de FCFA en 2015, soit une hausse d’environ 20% par rapport à 2014. Le taux de croissance est passé de négatif à 5%. Quand les banques vont bien, l’économie se porte mieux, peut-on dire.
Dans cette interview, le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF), Moussa Alassane Diallo est assez rassurant sur la santé financière des Banques et Établissements Financiers du Mali qui ont déjà organisé les sessions des Conseils d’Administration et des assemblées Générales des Actionnaires pour statuer sur les comptes arrêtés au 31 décembre 2015. « Globalement, je peux affirmer que l’exercice 2015 a été profitable et bénéfique pour les banques maliennes ». Comme explication des bons résultats de 2015 pour les banques maliennes, Moussa Alassane Diallo indique : un environnement de plus en plus serein créé par les pouvoirs publics après la crise de 2012, la poursuite du programme économique et financier élaboré en 2013 avec le Fonds Monétaire International (FMI). Ce programme, qui s’étale sur trois ans, doit contribuer à maintenir la stabilité macroéconomique du pays, à promouvoir la croissance notamment par l’amélioration du climat des affaires et la promotion des investissements, explique-t-il.
Les résultats macro économiques du Mali en 2015 ont été satisfaisants comme l’attestent les conclusions de la cinquième revue de l’accord triennal au titre de la Facilité Élargie de Crédit organisée à Washington du 04 au 19 avril 2016. En 2015, la croissance réelle du PIB est ressortie à 5%. Toutefois, la relance économique post-crise de 2012 reste toujours soutenue par le budget de l’État grâce aux investissements et à l’apurement significatif de la dette intérieure, indique le banquier.
Les banques et l’économie nationale
Les Banques et les Etablissements financiers du Mali ont accompagné et soutenu le Gouvernement du Mali dans la mise en œuvre de ses grands programmes et projets de développement économiques. Au 31 décembre 2015, les emplois du système bancaire ont atteint 3 235 milliards de FCFA contre 2 707,5 milliards de FCFA, soit une progression de 19% par rapport au 31 décembre 2014 et un accroissement de +528 milliards de FCFA. Sur la même période, les crédits à l’économie se sont élevés à 1 747,5 milliards de FCFA en hausse de 289,4 milliards de FCFA, soit une progression d’environ 20% par rapport à leur niveau de fin décembre 2014. « Ces concours attestent de la contribution significative des Banques et Etablissements Financiers à la réalisation du taux de croissance du PIB qui a été de 5% en 2015 », selon Moussa Alassane Diallo. Par ailleurs, les banques maliennes participent de manière très significative à toutes les émissions d’emprunts de l’Etat. Cela aussi est une contribution non négligeable, a-t-il ajouté.
La part du lion au secteur tertiaire
L’analyse de la répartition sectorielle des financements fait apparaître une prédominance du secteur tertiaire (commerce, transport, communication) qui représente 64,3% de l’encours des prêts octroyés par le système bancaire en 2015, suivi du secteur secondaire (BTP, industries extractives et manufacturières, eau, électricité, gaz) à hauteur de 31,4% et du secteur primaire 4,3% (agriculture, élevage, pêche, sylviculture).
Selon le président de l’APBEF, entre 2014 et 2015, les financements de l’économie nationale ont progressé de 19,9%. Ce qui dénote d’un effort important de la part des banques dans ce domaine. Cette évolution en lien avec la situation financière des banques traduit bien l’équilibre entre les taux des ressources en hausse et les taux de sortie des services financiers en baisse.
Les clients recherchent toujours des taux de rémunération plus élevés pour les dépôts et des taux de sortie des crédits plus bas. Dans ce contexte, les banques sont engagées dans une saine compétition pour un meilleur équilibre avantageux pour tous. Beaucoup d’efforts ont été faits ces deux dernières années avec la gratuité d’un grand nombre de services bancaires depuis octobre 2014 et la baisse constatée d’au moins deux points de base des taux de sortie des crédits, indique-t-il.
Par ailleurs, au-delà des financements importants, la croissance économique reste tributaire des orientations macroéconomiques impulsées par le budget d’Etat, l’Etat étant le premier agent économique. Compte tenu de la situation sécuritaire du pays, le budget reste fortement marqué par les dépenses liées à la sécurité et à la stabilité sociale, toutes choses qui ont moins d’effets directs et immédiats sur la croissance inclusive comme les grands projets structurants, explique-t-il.
Redémarrer l’économie malienne
« J’estime que l’année 2016 sera une année d’amplification de la reprise économique. Je constate déjà la volonté, l’engagement et la détermination du Gouvernement à réaliser des projets structurants dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie et des infrastructures, comme en témoigne le lancement effectué sous la présidence du Ministre de l’Economie et des Finances du premier emprunt obligataire par appel à l’épargne publique d’un montant de 65 milliards de FCFA et pour une durée de 7 ans avec un an de différé », commente le président de l’APBEF.
Il a rappelé que pour la réalisation d’une croissance soutenue et inclusive, les travaux de la 6ème édition des journées de concertation entre les Etablissements de Crédit du Mali et la Presse tenues à Ségou les 18 et 19 mars 2016 sous la présidence du Ministre de l’Economie et des Finances ont porté sur le thème du Financement des Projets Structurants: Agriculture -Energie- Infrastructures. A cette occasion, des propositions et recommandations pertinentes ont été formulées, notamment, l’affectation d’une allocation budgétaire de 500 milliards de FCFA sur 5 ans à chacun des secteurs : Agriculture – Energie – Infrastructures, c’est-à-dire 100 milliards de FCFA par an. Cette situation conduira à une allocation budgétaire de 300 milliards de FCFA par an et 1 500 milliards de FCFA en 5 ans.
Changement de mode de gouvernance
Le changement de mode de gouvernance dans les banques vient principalement de la Commission Bancaire qui est l’organe de contrôle, de supervision et de régulation de l’activité bancaire en zone UMOA. Cette structure, dans ses dispositions, indique qu’il est recommandable de séparer les fonctions de Président du Conseil d’Administration (PCA) de celles de Directeur Général (DG) dans les banques pour une gestion et une administration plus efficace. Les mêmes dispositions précisent que le mode de dirigeant unique (PDG) reste valable à condition que les organes de gestion et d’administration fonctionnent correctement notamment quant à leur information, leur implication et la fréquence de leurs assises (Assemblée Générale, Conseil d’Administration, Comité d’Audit, Commissaires aux Comptes), explique le président de l’APBEF.
Pour une plus grande indépendance et une plus grande responsabilisation des organes d’administration, de gestion et de contrôle dans toutes les chaînes de décision, il est apparu que l’une des pistes pour atteindre cela est la séparation des fonctions de PCA et de DG. « Je rappelle que de toutes les entreprises privées ou publiques, les banques sont les plus contrôlées et surveillées à travers des états quotidiens, hebdomadaires, mensuels, trimestriels, semestriels et annuels, ce qui est normal à partir du moment où elles travaillent avec l’argent des autres », reconnait-il.
Source: Les Secrets bancaires