Le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF) et non moins président directeur général de la Banque nationale pour le développement agricole (BNDA) a fait une importante communication lors des journées de concertation qui ont réuni les banquiers et leurs partenaires de la Presse les 7 et 8 mars à Ségou.
Le thème exposé par celui qui a été salué et remercié au cours des travaux comme le concepteur de ces journées était « Les Effets de la crise de 2012 sur l’économie malienne et les mesures de relance économique : rôle des banques et établissements financiers du Mali ». A en croire Moussa Alassane Diallo, les mesures prises par la communauté des bailleurs à la suite du coup de force militaire de 2012 ont eu des effets négatifs et des répercutions sur tous les secteurs de l’activité économique nationale.
Sur le plan macroéconomique, a soutenu le conférencier, la croissance réelle du PIB en 2012 a été négative de -1,2 contre 5,6 initialement prévue. «Cette régression du PIB s’explique par un recul généralisé des activités dans les secteurs secondaire et tertiaire à l’exception des productions d’or du coton et le textile qui ont continué à bien se comporter.», a-t-il précisé tout en évoquant l’adoption d’un budget de crise afin d’atténuer les effets néfastes de la suspension de l’aide au développement et la faible mobilisation de ressources intérieures. Selon lui, les exportations et les importations ont connu une augmentation par rapport à 2011. Sur le secteur industriel, il a noté que la destruction de l’appareil de production a été globalement circonscrite même si plusieurs sociétés ont subi des dommages matériels et des vols pour un montant estimé à 500 millions de FCFA.
Hôtellerie, tourisme et restauration,
très touchés !
L’hôtellerie, le tourisme et la restauration, a expliqué le Président de l’APBEF, sont des secteurs les plus touchés par la crise avec des licenciements massifs. « Le secteur des bâtiments et travaux publics a été fortement touché par la crise, en raison de la suspension de la coopération financière internationale, d’une part, et de l’arrêt des décaissements au niveau du Trésor Public, d’autre part. », a-t-il précisé.
De l’avis de Moussa Alassane Diallo, les banques ont subi de nombreux dommages. « Les pertes enregistrées par les banques au titre des encaisses emportées par les rebelles, au 30 avril 2012 totalisent 3 milliards 825 millions de FCFA, les encours bancaires à la clientèle s’élèvent à 11 milliards 853 millions de FCFA et les dégâts matériels évalués à 2 milliards 091 millions de FCFA.», a-t-il clarifié.
Pour lui, la relance de l’économie et le développement équilibré et durable du pays requièrent la création de conditions qui favorisent l’investissement et la création d’emplois. L’un des points sur lequel repose la croissance est l’instauration de la paix, la sécurité et l’intervention de l’Etat sur l’ensemble du territoire. Par la prise des mesures administratives, législatives, institutionnelle et politiques, le conférencier estime que l’Etat doit susciter le retour à un climat de confiance. Le règlement de la dette intérieure du pays et le respect des délais des nouvelles échéances, le dédommagement des entreprises sinistrées sont entre autres les mesures préconisées par le président de l’APBEF. Le lancement des grands travaux, a-t-il affirmé, est un moyen sûr pour relancer la machine économique.
Accroissement des investissements,
création d’emplois !
Les banques ont amorcé depuis le 15 août 2013 leur retour à Gao, Tombouctou et Kidal avec un concours financier de l’Etat qui se chiffre à 500 millions de FCFA. L’implication des banques dans le financement du développement dans les régions du nord, a-t-il déclaré, revêt une importance capitale dans la mesure où le développement des PME apparaît comme l’un des facteurs stratégiques pour relever les défis de l’accélération de la croissance économique, de la création d’emplois et de la réduction de la pauvreté.
Le schéma de relance économique proposé par l’APBEF repose sur le renforcement des activités des entreprises en difficulté, le redémarrage des entreprises en cessation d’activités et la consolidation de la situation financière des entreprises en activités. « L’objectif recherché est de permettre aux entreprises d’augmenter leur production, de conforter leur situation financière et de participer à la croissance et au développement économique du Mali dans des années à venir. De cette relance d’activités, il est attendu un accroissement des investissements, la création d’emplois productifs, une contribution plus grande des entreprises aux recettes fiscales et douanières », a détaillé le patron de la BNDA. Il est opportun, a-t-il dit, que l’Etat apporte son appui aux banques maliennes pour renforcer leurs capacités de financement à moyen et long termes pour la mise à leur disposition de lignes de crédit à des taux concessionnels. «L’Etat doit favoriser la création d’une grande banque publique d’investissements destinée à soutenir le financement du secteur productif et à soutenir les grands travaux qu’il va entreprendre. Il est vrai que le paysage bancaire malien est riche de treize banques et de deux établissements financiers, mais aucune d’entre elles n’est spécialisées dans ce domaine vu les contraintes de disponibilité de ressources longues très importantes», a-t-il a déclaré.
Pour Moussa Alassane Diallo, la réussite et la viabilité de toute politique de relance et de financement d’une économie post-crise demeure subordonnée à un certain nombre de facteurs. Il s’agit de l’existence d’un cadre macro-économique stable et favorable à la promotion, d’un cadre règlementaire et d’un système judiciaire fiable, la structuration des marchés intérieurs et sous régionaux permettant une meilleure domiciliation des recettes et enfin la bonne gouvernance et la solidité des entreprises. La réunion de ces conditions, a-t-il affirmé, permettra au secteur bancaire d’être un puissant levier pour accélérer la relance économique.
Par Chiaka Doumbia
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Je suis un peu méfiant sur un point : la création d’une banque publique d’investissements. C’est certes une idée à la mode, illustrée assez récemment par le cas français. On peut se demander cependant si nos banques ne cherchent pas plutôt à orienter les financements risqués (comme le financement des investissements) vers la structure publique alors qu’elles se réserveraient comme c’est encore largement le cas, le financement des opérations commerciales courantes. A mon humble avis, il est encore très difficile qu’une banque publique échappe aux travers qui ont mené l’ex BDM à la faillite. Mais certainement l’Etat peut refinancer à des taux confessionnels les prêts des banques aux investisseurs. Je suis conscient que la question est très complexe, mais précisément, pour cette raison, ne sautons pas dans le train de la banque publique d’investissements qui nous ramènera en arrière.
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