C’est parti pour «les Décideurs » sur la chaine de télévision Renouveau TV. Cette la nouvelle émission, qui vise à présenter ceux qui font de notre économie la 3ème de l’espace UEMOA, avait comme premiers invités deux éminences grises du monde bancaire malien et industriel. Il s’agit de Cyril Achcar, patron du groupe industriel Ami et Moussa Alassane Diallo, Président Directeur Général de la Banque Nationale de Développement Agricole et non moins président de l’Association Professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF). Si l’intervention du premier débateur a essentiellement porté sur la problématique de l’industrialisation de notre pays, le second, quant à lui, s’est appesanti sur la contribution des banques à notre économie, leur état de santé et le rôle qu’elles peuvent jouer dans le financement des petites et moyennes entreprises ainsi que le financement des investissements structurants. S’agissant de cette contribution, le PDG de la BNDA a révélé que les banques ont contribué à l’économie nationale, au 31 décembre 2015, pour 1 747 milliards de FCFA. S’agissant du cas spécifique de sa banque, Moussa Alassane Diallo se dit fier du bilan de la BNDA. Bien qu’elle ne bénéficie pas de subvention, elle a payé 1 milliard de devises à l’Etat a révélé le PDG de la BNDA qui a expliqué que la réussite de sa banque est due à sa structuration pluridisciplinaire. A la même période du 31 décembre 2015, note Moussa Alassane Diallo, les emplois bancaires ont atteint 3 235 milliards de FCFA. Avant de préciser que le principal défi qui se pose de nos jours aux institutions bancaires maliennes est la mutation du secteur commercial vers le secteur industriel. «Le commerce ne peut pas faire développer un pays. Il faut que l’on réfléchisse sur une mutation dans le secteur industriel» a défendu Moussa Alassane Diallo. Tout en se réjouissant de l’état de santé des banques maliennes, le président de l’APBEF a expliqué qu’elles ont un grand projet de développement de la monétique. Seul bémol : selon Moussa Alassane Diallo, ce développement reste confronté à deux défis : à savoir les coupures intempestives d’électricité et le débit des téléphones qui fait perdre la liaison entre les guichets automatiques et les sièges.
Essentiellement dédiée au financement de l’Agriculture jusqu’à une date récente, Moussa Alassane Diallo ne voit nullement comme une menace l’intervention des autres banques sur les plates bandes de la BNDA, le secteur Agricole. «C’est une opportunité. Le domaine est tellement grand que la seule BNDA ne peut pas tout faire toute seule. Le véritable défi se trouve au niveau du financement des aménagements. C’est ce financement qui va nous permettre de sortir de cette Agriculture de subsistance» a plaidé le patron de la BNDA. Ce débat a aussi permis de savoir que la BNDA a, à elle seule, financé plus de 600 tracteurs sur les 1000 que le président IBK a subventionnés au titre de la campagne Agricole 2015/2016. Sur les secteurs de développement les plus financés par les banques, le Président de l’APBEF a fait savoir à l’auditoire que le commerce reste dans le peloton de tête des secteurs qui bénéficient le plus de ce financement avec 64%. Comme principales difficultés auxquelles les banques maliennes restent confrontées, il y a les crédits en souffrances avec 21% de taux de dégradation.
Si les banques maliennes présentent un tableau reluisant, tel semble moins le cas des industries qui restent à la traine sur celles de certains pays voisins. C’est le cas du Sénégal et de la Côte d’Ivoire qui comptent respectivement plus de 3000 et plus de 6000 unités industrielles contre une centaine au Mali avec une prédominance des industries agroalimentaires. Toujours comparer aux autres pays, pendant que la contribution de l’industrie au PIB n’est que de 4% au Mali dans certaines économies leaders de la sous-région on est à plus de 18%. D’où le cri de cœur du patron du groupe AMI et non moins président de l’Organisation patronale des industriels, Cyril Achcar, pour une application intégrale du «Livre Blanc» des industriels signé par tous les candidats à la dernière présidentielle. Pour rappel, sur plus de 20 mesures dans le «Livre Blanc», seulement 8 sont mises en œuvres aujourd’hui. Réagissant sur les relations avec les banques, le patron de l’Organisation patronale des industriels a soutenu que les banques sont confrontées à un problème de ressources à long termes et une valeur des primes d’assurance jugées petites. Entre autres difficultés soulevées par Cyril Achcar figure la qualité de la main d’œuvre qui reste mal formée. Des carences qu’il entend résoudre par la formation professionnelle.
Yaya Samaké