Les 5 et 6 avril 2013 se tiendront à Bamako, plus précisément au Centre international de conférences de Bamako, les activités de la 3ème journée des banques et établissements financiers du Mali. En prélude à cette rencontre, l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali a organisé une conférence de presse, afin de présenter les contours de la manifestation aux journalistes. C’est en marge de cette conférence que Moussa Alassane Diallo, président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (Apbef), nous a accordé cette interview.
Le Reporter : Quelles sont les principales raisons de l’organisation de la journée des banques ?
Moussa Alassane Diallo : Je dois vous dire d’abord que c’est dans le cadre du programme d’activités de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers que, chaque année, nous organisons la journée des banques et établissements financiers du Mali. L’organisation de cette journée vise à promouvoir la bancarisation de l’économie du Mai, autrement dit, à contribuer à ce que chaque Malienne et chaque Malien aient un compte en banque. Aujourd’hui, nous sommes à 11% de taux de bancarisation, l’objectif que nous nous sommes fixés étant d’atteindre 20%. Pour atteindre cet objectif, nous aurons besoin de mobiliser toutes les forces et toutes les énergies dont dispose notre profession, la profession bancaire, pour aller vers cet objectif là. Aujourd’hui, nous sommes 13 banques et 2 établissements financiers. Cette journée doit permettre la vulgarisation de l’ensemble des produits bancaires. Le troisième objectif de la journée est d’établir une concertation, des dialogues directs entre les banques et les usagers des banques. Nous aurons deux activités majeures. Une première activité va être consacrée au Salon des banques et établissements financiers, ça sera le 5 avril à partir de 15 heures, dont l’ouverture sera présidée par le ministre des Finances, de l’Economie et du Budget. La journée du 6 avril sera consacrée à une conférence-débats, avec deux thèmes. Le premier thème va porter sur l’impact de la crise politico-sécuritaire sur les banques et sur le financement des entreprises. Il sera présenté par l’Apbef. Et le second thème va porter sur le paiement électronique, accélérateur de développement.
Sans anticiper sur cette rencontre, peut-on savoir ce que les banques ont perdu dans le nord du pays ?
Globalement, on a fait une évaluation et on peut dire que les banques ont perdu 18 milliards de Fcfa au niveau des régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal. Ces 18 milliards sont répartis de la façon suivante : on a perdu 4 milliards au titre des encaisses ; autrement dit, l’argent physique qui se trouvait dans les comptes et qui a été enlevé par la rébellion. Ensuite, il y a 12 milliards de crédit qui étaient distribués par les banques dans les 3 régions et qui concernent aujourd’hui des entreprises qui sont en faillite. Ces 12 milliards ne seront pas recouvrés, parce que ces entreprises n’existent même pas. Et enfin, on a perdu 2 milliards au titre des dégâts matériels ; autrement dit, des agences qui ont été cassées, des véhicules qui ont été brûlés, des coffres-forts, des matériels bureautiques et informatiques, des véhicules volés. Mais, nous rendons grâce à Dieu, parce qu’à la suite du coup d’Etat du 22 mars 2012 et les événements du nord, nous avons mis en place une Commission de crise avec les DG et PDG des banques et établissements financiers. C’est vrai, nous avons perdu beaucoup d’argent, on peut rendre grâce à Dieu, parce que nous avons pu évacuer l’ensemble du personnel bancaire, que ça soit à Kidal, à Gao et à Tombouctou et on ne déplore aucune perte en vie humaine, car plus de 80 agents et leurs familles ont été sauvés.
À quand le retour des banques dans les régions de Kidal, de Gao et de Tombouctou ?
À trois conditions, parce qu’on a beaucoup réfléchi sur cette question. La première condition, c’est le retour de la paix et de la sécurité, car ce qui nous est arrivé une fois, ça ne nous arrivera pas deux fois. Donc, il faut le retour définitif de la paix et de la sécurité. La deuxième condition est qu’il faut la réconciliation dans ces régions là. C’est un élément extrêmement important, parce qu’il y a eu une fracture sociale très profonde et ce n’est pas propre aux banques. Même le redémarrage de l’activité économique dans ces trois régions va nécessiter un travail énormément intense de réconciliation et de concorde sociale. Il faut que les populations des régions de Kidal, de Gao et de Tombouctou apprennent à revivre ensemble. Il faut ressouder le tissu social fracturé. Les gens ne font pas attention à cela, mais nous, on tient à cet aspect. La troisième condition est la reconstruction de nos agences. Il nous faut aussi trouver des guerriers comme directeurs d’agence ; comme chefs d’agence, comme agents dans les trois régions. C’est là une autre paire de manche. En tout cas, si les trois conditions ne sont pas réunies, il nous sera difficile d’y retourner comme ça.
Nana HOUMAMA
Il faut d’abord penser à régler vos problèmes de mauvaise gestion avant d’inviter à la bancarisation.
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