Effective depuis le 1er janvier 2018 au Mali, la mise en œuvre du budget en mode programme se déroule tant bien que mal. Notre pays, qui est à sa première expérience en la matière, entend mobiliser tous les moyens nécessaires au renforcement des compétences des agents chargés de l’exécution de cette budgétisation axée sur les résultats. C’est dans ce cadre que le département de l’Economie et des Finances, après avoir envoyé certains de ses agents en formation au Maroc, a organisé, mercredi, une «Conférence internationale sur l’expérience marocaine dans le cadre de la mise en œuvre du budget programme». L’ouverture de la rencontre a été présidée par le conseiller technique chargé des Finances, Joël Togo, en présence du directeur général d’Internationale Consulting, Arouna Sanogo.
Initiée par Internationale Consulting en collaboration avec la Direction générale du budget (DGB), cette conférence fait suite à des entretiens entre ce cabinet et la DGB. Entretiens au cours desquels les préoccupations principales ont porté essentiellement sur «la conception et la mise en œuvre des budgets programmes», «l’implication des programmes au niveau décentralisé», «le découpage administratif et ses critères». Autres préoccupations soulevées et examinées lors de la rencontre: l’analyse des coûts au niveau des programmes, le suivi de l’exécution des budgets programmes, le système d’information, le contrôle interne budgétaire et comptable, le suivi et l’évaluation des programmes…
L’objectif, selon Joël Togo, est de voir ce que «nous avons comme problème, expliquer comment nous sommes en train d’évoluer en la matière et s’enquérir des conseils et de l’expérience du Maroc». Le choix de ce pays s’explique par le fait qu’il a une longue expérience en la matière. En effet, le Maroc pratique le budget programme depuis 2001. En 2015 (fin de la phase expérimentale), le Mali est passé à la vitesse supérieure dans la mise en œuvre de cette réforme. «Pour espérer réussir la présente réforme, il importe d’éviter certaines erreurs», a prévenu le conseiller technique du ministère de l’Economie et des Finances.
De son côté, le conférencier, Jalil Hajarabi (agent de l’inspection des finances du Maroc), soulignera que la qualité des documents de planification est déterminante dans l’atteinte des résultats assignés aux différents départements. Par exemple en matière d’audit de performances, il a estimé important de s’assurer de la pertinence des indicateurs en ayant surtout une valeur cible du projet sur plusieurs années. C’est-à-dire, être à mesure de dire, avec précision et des chiffres à l’appui, le résultat que l’on atteindra, année après année, jusqu’à la fin du programme.
Par ailleurs, Jalil Hajarabi a attiré l’attention sur toute l’importance que revêtent la modernisation et l’amélioration de la qualité de l’information financière. Ainsi au Maroc, fera-t-il remarquer, elle a considérablement évolué à la faveur de la réforme budgétaire axée sur les résultats. Dans ce processus, les informaticiens du ministère de l’Economie ont intégré un nouveau système de gestion de l’information financière qui a abouti à la mise en place d’une base de données des marchés publics et à la dématérialisation de tous les achats publics, a-t-il expliqué.
S’agissant des erreurs à ne pas commettre, M. Hajarabi a exhorté les acteurs à éviter la mauvaise coordination entre les différents départements dans la mise en œuvre des programmes. A titre d’exemple, il citera la mise œuvre du Plan d’émergence industrielle du Maroc, qui avait démarché des multinationales afin de les implanter dans le pays. Mais ces dernières, à l’époque, avaient exigé du pays la formation de 10.000 ingénieurs par an. D’où l’importance du rôle du ministère de l’Education pour l’aboutissement d’un tel projet.
Mamadou DOLO