A la suite des incidents sur le site minier de Kobada (cercle de Kangaba), le ministre Dr Boubou Cissé a convoqué la presse dans la salle de conférence de son département. C’était le mercredi dernier où il a parlé de cette situation tout en dévoilant ses vraies ambitions concernant l’exploitation de notre sous sol.
Sur la situation de Kobada, voici ce qu’en dit le communiqué : “Le Ministre des Mines informe l’opinion publique et internationale que le jeudi 03 juillet 2014 aux environs de 08 heures, les gendarmes en poste sur le site de Kobada (cercle de Kangaba) ont été pris à partie par des individus mal intentionnés qui ont tiré sur eux avec des fusils de chasse, faisant un mort et huit blessés.
Au cours d’une mission de surveillance, une équipe de patrouille de la gendarmerie a surpris des orpailleurs clandestins, opérant en violation de l’arrêté interministériel 2014-1663 MM-MIS-MEEA-MDV du 6 juin 2014, interdisant l’activité d’orpaillage pendant la période hivernale, du 15 mai au 31 octobre 2014, sur toute l’étendue du territoire.
Invités à quitter les lieux, les orpailleurs se sont rebellés contre les agents de la force publique, qui au regard de leur nombre très élevé (un millier) a utilisé des grenades lacrymogènes pour se désengager et rejoindre leur base. Une foule de manifestants hostiles et armés s’est attaquée au détachement composé de 37 gendarmes. Ils ont tiré au fusil de chasse, blessant 9 gendarmes dont un succombera lors de son évacuation sur le centre de santé de Sélingué.
Le bilan matériel très lourd se traduit par le saccage et la destruction des installations de l’unité pilote, bureaux et le stock de combustible de la société d’exploration d’African Gold Group (AGG) qu’ils ont entièrement incendiée.
Les agents sur place ont su garder leur sang-froid. Ils ont pu mettre la main sur trois meneurs armés pris en flagrant délit entrain de tirer sur les renforts de gendarmerie.
Le Ministère des Mines en collaboration avec celui de l’Intérieur et de la Sécurité ont entrepris des actions avec les notabilités et les élus pour trouver une solution pérenne à cette crise récurrente.
A la suite des investigations menées sur le terrain, à la date de ce jour, 56 interpellations ont été faites dont deux individus en flagrant délit de tirer avec des fusils de chasse et un chasseur traditionnel.
Des matériels ont été saisis : 4 motos pompes, 6 manchettes, 2 appareils détecteurs d’or, 20 marteaux, 50 pioches.
En cette douloureuse occasion, le Ministre a présenté ses condoléances les plus attristées à la famille du défunt et prie le tout puissant Allah pour le repos de son âme. Il souhaite par la même occasion un prompt rétablissement aux blessés.
Le Ministre informe que les enquêtes sont en cours pour situer les responsabilités afin de rechercher et de punir les auteurs avec la dernière rigueur. Il rassure les populations que l’ordre et la tranquillité seront rétablis le plus rapidement possible et qu’elles seront tenues informées de l’évolution de la situation.”
En outre, le ministre Cissé a indiqué que : “Le Gouvernement Malien veut faire du secteur minier un moteur de développement socio – économique pour créer des emplois et réduire la pauvreté.”, et que la stratégie, à cet effet, a consisté à attirer les investisseurs miniers privés, cibler les exploitations minières industrielles, semi-mécanisées et l’orpaillage.
Cependant, Dr Cissé rappelle que la cohabitation entre les mines industrielles et l’orpaillage constitue de nos jours une source de conflits dans les zones minières. Les orpailleurs mènent leur activité sur des titres miniers attribués régulièrement à des compagnies minières.
L’exploitation artisanale de l’or, indique-t-il, qui est supposée avoir un impact direct sur les économies des zones minières se développe de manière informelle et anarchique malgré les dispositions pertinentes prévues par le code minier de 2012. Ce sous-secteur occupe de nos jours des centaines de milliers d’acteurs nationaux et étrangers dont les activités sont au cœur de nombreuses controverses.
COMMENT FAIRE POUR QUE L’ORPAILLAGE CONTRIBUE A L’ECONOMIE ?
Comment faire pour que l’orpaillage contribue à l’économie locale, régionale et nationale et se transforme en une filière génératrice de revenus financiers aux niveaux local, régional et national sont les défis que le département s’efforcera de relever prochainement dans le cadre d’une stratégie de développement.
Dans le domaine des Mines, l’action du Gouvernement, a martelé le ministre Cissé, s’articulera autour de quelques axes:
a) la réaffirmation du rôle majeur de l’Etat dans le secteur pour le progrès global de la Nation,
b) la mise en œuvre d’une stratégie de développement industriel basée sur l’exploitation et la valorisation des substances minérales autres que l’or,
c) la conjugaison du développement minier avec la concrétisation opérationnelle d’une nouvelle politique d’Aménagement du territoire.
L’activité minière s’inscrira désormais dans un projet global de développement et non plus se dérouler au sein d’enclaves déconnectées du reste de l’activité économique nationale.
Cette stratégie globale sera déclinée dans une Loi de Programmation décennale de développement industriel du secteur minier (2014-2024) qui définira très clairement les responsabilités de tous les acteurs intervenant dans le secteur.
Mon département envisage notamment le Développement/encadrement de l’Orpaillage et la Sécurisation des Sites Miniers (un secteur qui emploie des centaines de milliers de maliens aujourd’hui mais très mal encadré avec des risques sanitaires, sécuritaires, fiscaux …).
Nous doterons ce secteur d’un cadre institutionnel, soutiendrons la formation, le renforcement des organisations professionnelles, mettrons en place des services financiers d’accompagnement…).
Afin une transformation structurelle de l’économie en utilisant les ressources minières comme catalyseur d’une croissance multisectorielle inclusive, nous engagerons des mesures de diversification de ce secteur vers d’autres ressources et surtout la mise en place progressive d’industries minières à travers le soutien aux autres fonctions du secteur.
Ousmane COULIBALY
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