Trafic de mercure et cyanure dans l’orpaillage : 8 personnes mises aux arrêts par la gendarmerie

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Orapaillage traditionnel Kangaba
Photo à titre illustratif

A l’initiative du président de la fédération des orpailleurs du Mali (FENOM), Seydou Kéita, huit personnes, de nationalité étrangère, en conflit avec la loi, ont été interpellées par la brigade territoriale de Sadiola, dans la nuit du dimanche 24 au lundi 25 février dernier.

Huit personnes ont eu maille à partir avec la gendarmerie, lors de la descente musclée des responsables de la FENOM. C’était à Sadiola, une localité réputée pour l’exploitation artisanale de l’or et située en terre malienne dans la zone proche de la frontière entre le Mali et le Sénégal, dans la région de Kayes. Cette descente musclée fait suite, selon Seydou Kéita, à l’utilisation abusive de produits chimiques sur les sites d’orpaillage. L’objectif, selon lui est de «mobiliser les troupes pour « mettre de l’ordre dans ce site d’orpaillage traditionnel qui est, depuis quelques temps, sous l’emprise dévastatrice des malfaiteurs».
Outre ces interpellations, de nombreux produits illicites ont été saisis, entre autres, 14 bidons de mercure, 5 détecteurs de métaux et une importante quantité de produits chimiques non identifiés. Ce village, du nom de Koukéto, peuplé de près de 10.000 âmes, a démographiquement évolué, atteignant 20.000 âmes, de plusieurs nationalités, à la recherche du métal précieux.

La question de l’orpaillage clandestin est plus que jamais d’actualité dans notre pays. Pour endiguer le phénomène, le gouvernement a adopté des mesures de répression et de dissuasion. Malgré les actions menées, le phénomène perdure.

Quelles nouvelles actions pour le contenir ?

Sonnette d’alarme. L’orpaillage non organisé est un fléau pour le Mali. C’est également un problème de santé publique à cause de l’utilisation du mercure. Les clandestins ne savent même pas que c’est dangereux. Ils lavent la poussière sur l’or avec du mercure. Ils manipulent avec les mains sans gants. Les hommes, les animaux touchent au mercure, alors que ce produit est très toxique. Les clandestins creusent des trous partout. Ils rendent les superficies impropres à l’agriculture. C’est également un danger pour l’élevage. On enregistre également des pertes en vies humaines avec les effondrements dans les galeries.
Bien qu’encadrée par un dispositif institutionnel et légal, l’activité d’orpaillage est de plus en plus pratiquée de manière clandestine dans le pays causant des nuisances et des conséquences environnementales et sanitaires graves.
A en croire un député de la zone, le trafic jouit d’un réseau bien orchestré. « C’est un circuit organisé qui connait une forte complicité des cadres des régions, et des élus locaux, sans oublier certains acteurs miniers », révèle-t-il.

Les dangers du cyanure
« Le cyanure est un composé chimique fait d’un assemblage d’atome d’azote et de carbone. Il existe plusieurs dérivés du cyanure mais le cyanure de sodium est plus utilisé dans l’exploitation de minerais et notamment de l’or. Ce dérivé agit avec l’eau et se décompose en donnant un gaz très inflammable et très toxique : le cyanure d’hydrogène », informe A.S, professeur de Sciences physiques et de chimie. Il précise que l’effet du produit sur l’organisme dépend de sa concentration ainsi que du temps d’exposition à cette substance.
« L’intoxication au cyanure se produit quand un organisme vivant est exposé. Il entraîne des vertiges, sensation d’ébriété, état confusionnel, troubles respiratoires légers pour ce qui est des formes légères des symptômes », note le scientifique. L’enseignant de sciences physiques et de chimie explique que les symptômes peuvent prendre une forme aiguë.

«Cette forme ressemble à une crise d’anxiété. On note une phase d’excitation avec une hyperventilation, puis d’une dépression. Il y a également les mouvements respiratoires rapides accompagnés d’une sensation d’oppression avec parfois des maux de tête, vertiges ou sensation d’ébriété. La crise évolue rapidement (5 à 20 minutes) vers un coma puis un arrêt cardio-respiratoire », précise l’enseignant. Il n’exclut pas la forme foudroyante, c’est-à-dire la mort en quelques minutes par coma convulsif.

 

Paul N’GUESSAN

Envoyé spécial

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