Comme en 2015 et en 2016, toute activité sur la totalité des sites d’orpaillage en territoire malien à partir du 15 juin jusqu’au 30 septembre 2017 est interdite. L’annonce a été faite par le ministère en charge des Mines dans un communiqué datant de la semaine dernière. Le gouvernement avance comme argument les risques liés à cette activité pendant l’hivernage. Mais, l’interdiction n’est à chaque fois pas respectée.
Selon le communiqué du ministère des Mines, la mesure d’interdiction de cette activité durant la période du 15 juin au 30 septembre 2017, reste l’une des recommandations issues du forum national sur l’orpaillage traditionnel tenu à Bamako du 18 au 20 septembre 2014. Elle a pour objectif de préserver la vie des populations pratiquant l’orpaillage. Selon le gouvernement, l’activité de l’orpaillage comporte de grands risques pendant la saison d’hivernage, tels que l’éboulement des mines pouvant provoquer des pertes en vies humaines ainsi que d’autres accidents divers. Et, selon le sketch qu’on diffuse à la télé pour la circonstance, les autorités veulent aussi occuper les bras valides pour les travaux champêtres. Toujours, pour le communiqué, le gouvernement invite les autorités administratives, les forces de sécurité ainsi que les responsables des collectivités et les fédérations des orpailleurs à une application rigoureuse de la mesure tout en menaçant de sanctionner les contrevenants.
Par ailleurs, il importe de retenir qu’au Mali l’orpaillage traditionnel est l’activité principale d’une frange importante de la population. Même s’il est difficile d’avoir des chiffres exacts, du fait du son caractère informel, on peut dire que l’orpaillage occupe des milliers de personnes selon ce responsable de la Chambre des Mines du Mali que nous avons joint. L’orpaillage au Mali produit 3 à 4 tonnes d’or par an, soit 4 000 kg malgré le caractère informel de ce secteur. En outre, plusieurs autres activités s’y greffent.
La mesure de fermer les sites d’orpaillage durant la période du 15 juin au 30 septembre 2017, suscite la colère de certains orpailleurs qui dénoncent la décision du Gouvernement qu’ils qualifient d’«unilatérale». Comme dans les années précédentes, à savoir 2015 et 2016, ils disent ne pas se soumettre à cette décision. Alors, le risque d’affrontements entre orpailleurs et forces de Sécurité n’est pas aussi loin. Selon nos sources, «tous les sites miniers ayant été attribués par l’Etat à des sociétés minières, cette période de suspension des activités d’orpaillage n’a d’autre objectif que de permettre l’installation de ces sociétés multinationales sur les sites que les populations exploitent pour leurs besoins de subsistance». Notre source nous indique que les orpailleurs, qui vivent de cela ne peuvent pas abandonner leur activité durant quatre mois sur les douze que compte l’année.
En somme, dans l’application de cette mesure, ces deux dernières années, il y a eu des affrontements entre orpailleurs et forces de sécurité et souvent avec des cas de morts d’hommes. Alors, le Gouvernement doit tout mettre en œuvre pour éviter, cette fois-ci, ces affrontements meurtriers, en faisant une application intelligente de la décision.
Dieudonné Tembely
tembely@journalinfosept.com