Sociétés minières : La Somilo tue Djidjan à petit feu

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La société minière SOMILO semble être passée maîtresse dans la création de situations explosives. Après avoir été à la base du drame que la localité de Loulo a connu le 10 juillet 2009, cette société minière est en train de faire encore parler d’elle. Cette fois-ci, du côté de la localité de Djidjan.

Si à Loulo le problème était le recrutement de certains agents, à Djidjan, la bombe à retardement est environnementale. En effet, dans le cadre du traitement des minerais, certains produits très mortels, comme le Cyanure et le plomb, sont utilisés par les mines. À la fin de la chaîne de traitement, ces produits passent par un tuyau pour un déversoir final. À Djidjan, les tuyaux par lesquels passent ces produits toxiques traversent la ville par un canal. Aujourd’hui, la population de cette localité est victime d’une pollution des cours d’eau et de l’air causée par les explosions régulières des tuyaux.

Face au manque de système d’adduction d’eau potable, les habitants et les animaux, pour leurs besoins, n’ont recours qu’à l’eau de la seule rivière qui traverse le village. Les enfants risquent leur vie tous les jours en jouant dans le canal qui longe les tuyaux. Selon Moussa Coulibaly, un habitant que nous avons interrogé, «lorsque la chaleur seulement  du cyanure vous frappe, vous vous retrouvez contaminé et lorsque qu’une goutte vous touche, c’est la mort. Il suffit de faire un tour du côté de Djidjan pour constater que la majeure partie de la population souffre de maux de ventre chroniques accompagnés de diarrhée».

La population après avoir saisi les responsables de la mine sur la question, elle apprendra de ceux-ci que la société paye une taxe à l’environnement auprès des autorités nationales. Ne se sentant pas concernée par cette taxe, la population a continué à faire pression sur les responsables de la mine, notamment son directeur, Siaka Berthé. Ce dernier, selon nos investigations, aurait demandé la démolition des concessions situées à proximité des tuyaux sans au préalable en dédommager ses propriétaires. Les habitants se seraient opposés à cette mesure pour la simple raison qu’ils étaient là avant l’implantation de l’usine.

Dans le souci de mettre fin à ce qu’ils considèrent comme une extermination programmée, les habitants du village souhaitent le déplacement de ces tuyaux. Pour cela, la communauté de Djidjan, dans une correspondance à la date du 20 juillet 2014, adressée aux autorités locales, régionales et nationales, exige que des mesures soient prises pour arrêter «l’hécatombe». La direction de Somilo, à laquelle une copie de la lettre a été adressée, n’a pas encore réagi.

Au demeurant, c’est bizarre que Somilo soit à la base de la pollution de l’environ, quand on sait que son directeur se fendait, dans une interview accordée à nos confrères de L’Indépendant, du fait que sa société détenait une certification ISO et inscrite en bourse. Ce qui lui impose l’obligation  de se donner une réglementation plus rigoureuse en matière de sécurité et de protection de l’environnement.

En tous les cas, les photos que nous avons pu faire sur les lieux, qui illustrent cet article, sont plus qu’éloquentes au sujet du peu de souci que Somilo accorde à la protection de l’environnement.

Drissa Tiéné

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