Sadiola, Yatela, Morila… Les multinationales, exploitant l’or du Mali, seront –elles, un jour, traduites devant les tribunaux, pour leurs crimes contre les populations locales ?

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Contamination des hommes et des animaux, avortements à la pelle, épidémie de goître, céphalées, asthénies…

Le cyanure, utilisé par les multinationales dans l’extraction et le traitement de l’or, multiplie les victimes au sein de ces trois localités : Sadiola, Yatela, Morila. Chronique d’une hécatombe annoncée.

« Pendant longtemps, notre localité a enregistré un taux élevé d’avortements et bien d’autres maladies, sans qu’on sache trop pourquoi. Mais aujourd’hui, on connaît la cause : le cyanure » le visage grave, les gestes hauts et forts, le Maire d’une de ces trois localités –dont nous tairons le nom à cause des pressions qui pèsent sur son crâne –fustigeait, il y a quelques mois, ce que d’aucuns qualifient, déjà, « d’hécatombe ». Rencontré, récemment à Bamako, il nous invite – de nouveau –dans son bled. Et pour cause. « La situation s’est empirée. Pendant ce temps, c’est partout le silence radio », ajoute t –il, la voix nouée par la colère. Mais ce que notre interlocuteur feind d’ajouter, c’est le nombre de victimes. Tant au sein des populations locales qu’au sein du monde animal.

La mort dans l’âme, les Autorités locales assistent, impuissantes, au génocide de plusieurs dizaines de chimpanzés. Mais aussi, d’oiseaux. Soit, pour avoir bu l’eau, ou consommé des végétaux, contaminés par le cyanure. A en croire le Maire, plusieurs victimes humaines ont été accueillies, récemment, dans les centres de santé de ces trois localités. Certains ont passé l’arme à gauche sans, au préalable, savoir de quoi ils souffraient. D’autres, plus ou moins guéris, continuent de traîner les séquelles : l’invalidité.

L’origine de l’hécatombe

A l’origine de cette hécatombe, le non –respect de l’article 60 du code de l’eau, par les multinationales. A Sadiola, notamment, les populations fustigent l’indifférence de la SEMOS (Société d’Exploitation de la Mine d’Or de Sadiola), face au sort des victimes. « Elle n’a rien fait pour les victimes, devenues des loques humaines, à cause du cyanure qu’elle déverse dans la nature, sans traitement, au préalable », nous confie un ressortissant de Sadiola.

Selon l’article 60 du code de l’eau, les unités industrielles ont l’obligation de traiter leurs effluents (c”est-à-dire les déchets issus de leurs activités industrielles), avant de les déverser dans la nature.

Ce qui, de l’avis des spécialistes, est loin d’être le cas de la SEMOS. A les en croire, la concentration du cyanure, dans les eaux souterraines de Sadiola, Yatela et Morila, est supérieure à 0,07mg par litre.

Or, selon une étude, menée par la Banque Mondiale, sur ces trois sites, le danger est permanent. Et, plus grave, conclue cette étude : « Sept générations d’hommes sont menacées de contamination, par le cyanure, sur ces sites ». Toujours selon cette étude, lorsque le taux de cyanure est supérieur à 50 mag par Cm3 dans l’atmosphère, la respiration du gaz de cyanure entraîne la mort. Et, ajoutent –ils, au bout d’une demi –heure. Seulement.

Un gaz qui provoque, aussi, la conjonctivite. Mais ce qui suscite la peur chez les populations locales, c’est le nombre, de plus en plus, élevé d’avortements, indique l’étude menée par la Banque Mondiale.

A en croire les experts, il existe trois types de cyanure : le cyanure de sodium, le cyanure de potassium et le cyanure d’hydrogène. Bien que différents, ils ont un dénominateur commun : le pouvoir de tuer, jusqu’à sept générations d’individus. Du moins, s’ils ne sont pas traités.

Les services de protection de l’environnement, basés à Kayes, se disent « incapables » d’agir, faute de moyens matériels.

Malgré le taux élevé de victimes, ils observent un silence assourdissant. Contre, dit –on, espèces qui sonnent en trébuchant. Un silence que les travailleurs de la mine de Sadiola appellent, volontiers, « le silence du deuil ».

Mais ces multinationales, seront –elles, un jour, traduites devant les tribunaux pour leurs crimes contre les populations locales ?

Affaire à suivre !

Le Mollah Omar

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