Empoisonnement de la flore et de la faune, avortements à la pelle, épidémie de goître, céphalées, asthénies…
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Utilisé, dans l’extraction et le traitement de l’or, le cyanure ne cesse de multiplier les victimes au sein des populations locales. Chronique d’une hécatombe annoncée.
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« Pendant longtemps, notre localité a enregistré un nombre élevé d’avortements et bien d’autres maladies ». La mine grave et les gestes hauts et forts, un ex –Maire expliquait ainsi ce que d’aucuns qualifient, déjà, d’hécatombe des populations installées aux abords des mines d’or. Mais trois ans après notre passage dans cette localité, la situation s’est, dit –il, empirée. Hommes et animaux succombent aux vapeurs cyanhydriques, que dégagent les mines. La mort dans l’âme, les Autorités locales assistent, impuissantes, à la mort de plusieurs dizaines –voire des centaines – de singes, de moutons et de bœufs ; soit, pour avoir bu l’eau, soit pour avoir brouté l’herbe contaminées par le cyanure. S’y ajoute la disparition d’importantes populations d’oiseaux rares.
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Basés à Kayes, les services chargés de la protection de l’environnement se disent « incapables » d’agir, faute de moyens matériels.
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Au sein des populations locales, le drame du cyanure est, partout, perceptible : conjonctivites, asthénies céphalées… sont, entre autres, répandues. Au point de ne plus être considérées comme des maladies. S’y ajoutent, les avortements à la pelle, dont les femmes sont victimes. « Au départ, on pensait que c’étaient des faits de dieu. Mais, les avortements sont tellement répandus, de nos jours, ici que le médecin a fini par nous avouer la vérité : ils sont dus au cyanure, qui a contaminé les cultures et les eaux souterraines », nous confie un habitant de Sadiola.
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Les populations, victimes du mépris des sociétés minières
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A l’origine de cette hécatombe, le non –respect, de l’article 60 du code de l’eau par les sociétés minières. Surtout, à Sadiola, Yatela et Morila.
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Selon cet article, les unités industrielles ont l’obligation de traiter leurs effluents (c”est-à-dire leurs déchets industriels) avant de les déverser dans la nature.
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Ce qui, de l’avis des spécialistes, est loin d’être le cas à Sadiola, Morila et Yatela. A les en croire, la concentration de cyanure, dans les eaux souterraines de Sadiola et de Yatela, est supérieure à 0,07 mg par litre. Or, une étude menée par la Banque Mondiale sur ces mines, conclut que lorsque la concentration du cyanure, dans les eaux souterraines, dépasse 0,07 mg par litre, le danger reste permanent. Non seulement, pour les hommes, mais aussi pour l’environnement.
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A Sadiola et Yatela, notamment, les experts seraient arrivés à la conclusion que sept générations d’individus seraient menacés de contamination, par le cyanure, sur ces deux sites miniers.
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Mais, selon une source proche du « service environnement » de la Société d’Exploitation des Mines d’or de Sadiola (SEMOS) il n’y a aucune crainte à avoir vis-à-vis du cyanure, en divagation dans la nature : « les rayons solaires détruisent la toxicité du cyanure », rassure t -il.
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En clair, même en dehors du traitement du cyanure, les rayons solaires peuvent, à eux seuls, détruire sa nocivité.
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Une hypothèse battue en brèche par les spécialistes. Selon eux, la SEMOS peut et doit traiter ses déchets industriels, avant de les déverser dans la nature.
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Il existe trois types de cyanure : le cyanure de sodium, le cyanure de potassium et le cyanure d’hydrogène. Leur dénominateur commun : leur capacité à tuer, par simple contact.
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Mais, rassurent certains responsables de la SEMOS, des systèmes de suivi et de contrôle ont été mis en place pour contrôler les effets nocifs du cyanure.
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Cependant, au regard des risques encourus, par les populations locales, ces « systèmes de contrôle » semblent échapper aux sociétés minières. Hommes et animaux succombent au cyanure, sans que l’Etat lève le petit doigt.
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Bref, on assassine à coup de cyanure, mais le silence est d’or. Pauvres de nous !
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