Ras-le- bol des travailleurs licenciés de la mine d''or de Morila : Nous n''allons pas prendre les armes mais nous allons nous battre jusqu''au bout""

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Réunis le vendredi dernier en assemblée générale au domicile de Amadou Nioumanta, le secrétaire général du comité syndical de la mine, les travailleurs abusivement licenciés de Morila exigent la reprise immédiate du travail, le paiement de leurs primes de rendement et de 20 mois d”arriérés de salaire ainsi que la régularisation des faux contrats de travail. Vont-ils, une fois de plus, se heurter à un mur de silence érigé par nos autorités comme il est de coutume dans ce pays ?rn

Situation inouïe que celle des 530 travailleurs abusivement licenciés de la mine d”or de Morila : d”un côté on les assure qu”ils ne sont pas jetés à la rue, de l”autre on leur claque la porte au nez partout où ils passent. Pourtant depuis le 5 juillet 2005, ils sont au régime du pain sec, condamnés à errer comme des chiens perdus sans collier.

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C”est ce jour là, en effet, que par un communiqué laconique lu sur les ondes qu”ils ont appris leur renvoi de la mine. Sans préavis, sans notification de la part du directeur régional du travail à Sikasso. Au seul motif qu”ils ont observé une grève de 72 heures.

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Un complot ourdi par  Ahmed Diane Séméga

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Aussi, se retrouvent-ils périodiquement au domicile du secrétaire général du comité syndical de la mine d”or de Morila à Daoudabougou pour faire le point de la situation. L”assemblée générale de vendredi dernier 16 février tournait justement autour de la reprise immédiate du travail, le paiement des primes de rendement et de 20 mois d”arriérés de salaire, la régularisation des faux contrats de travail.

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La rage au cœur le secrétaire général du syndicat, Amadou Nioumanta, est monté au créneau pour fustiger le complot ourdi par le ministre des mines Ahmed Diane Séméga, contre les travailleurs de Morila : " quand les déserteurs de l”armée ont pris les armes, ATT a dit que les Maliens n”ont pas besoin de prendre les armes pour se faire entendre. Nous, nous n”avons pas pris les armes mais on n”a pas été entendu. Kafougouna a refusé de nous recevoir alors qu”il s”est précipité pour aller signer les accords d”Alger. Je n”en veux pas au directeur de la mine Jean Pierre Julien qui a reconnu la légitimité de nos revendications devant le SYNACOME. Il avait même promis de payer tous nos arriérés. Il a reconnu que le chef du personnel a falsifié les contrats et qu”il allait le poursuivre devant les autorités judiciaires. Mai c”est quand Séméga a envoyé son conseiller à Morila que tout a été bloqué. Nous n”allons pas prendre les armes mais nous n”abandonnerons pas la lutte tant que les travailleurs ne sont pas rentrés dans leurs droits ".

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Amadou Nioumanta affirme qu”il a rencontré les plus hautes autorités du pays mais que partout, hormis le premier ministre, il a trouvé porte close : "j”en veux beaucoup au président de la République parce qu”il n”a pas seulement honte mais il a peur. Nous avons été aidés par le SYNACOME et Amadou Amion Guindo du CSTM mais l”UNTM nous a trahis. J”ai rencontré Modibo Sidibé avant la grève qui avait promis de nous aider, j”ai rencontré le ministre des mines, Mme la présidente Lobbo Traoré, Bouillé Siby mais personne n”est intervenu ".

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Que signifie donc cette conspiration du silence autour d”une affaire aussi grave surtout que tout indique que les travailleurs sont allés en grève pour la satisfaction de revendications légitimes.  

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A Morila ni clinique ni médecin pour soigner les malades

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Qui ont pour nom la falsification des contrats de travail, l”imitation de la signature des travailleurs, des ouvriers qui ont cinq ans de service sans contrat, l”emploi abusif de travailleurs pour des contrats à durée déterminée. Le 9 février dernier le tank du cyanure a pété faisant de nombreux blessés. On n”a trouvé personne pour les soigner. Parce qu”à Morila il n”y a ni clinique ni ambulance, pas de médecin non plus pour soigner les malades dans un environnement à haut risque comme une mine. Au refus de la prise en charge par l”entreprise des personnes malades s”ajoute le non paiement de la prime de rendement des années 2000, 2001,2002, 2003, 2004 et 2005.

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Trop c”est trop, le cumul de tous ces excès a entraîné un préavis de grève de 72 heures qui aboutit au licenciement de 530 employés sur un effectif de 748 travailleurs. Outre le sous-préfet de Morila Cheick Kouyaté qui a signé les avis de licenciement, les gendarmes de Bougouni ne sont pas allés avec le dos de la cuillère, foulant au pied tous les droits humains en procédant à des arrestations arbitraires à des heures indues.

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Amadou Nioumanta de renchérir : «lors de la grève les gendarmes sont partis chez les gens à minuit pour les arrêter. Les deux bus qui transportent le personnel ont été brûlés dans la cour même de la gendarmerie. Alors s”ils n”ont pas arrêté les gendarmes, pourquoi s”acharnent-ils sur de pauvres travailleurs ? Les gendarmes sont venus ici chez moi à Bamako. Ils ont pris 3,4 millions F CFA. Ils ont amené mes deux mercedès qui sont toujours à la section recherche du camp I. Au total ils ont emprisonné 38 ouvriers dont neuf pendant 14 mois».

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Toutes ces exactions commises sur les ouvriers de Morila n”ont pas laissé le monde du travail indifférent. Ainsi le Syndicat national algérien des personnels de l”administration publique (SNAPAP) à travers un texte remis à l”ambassade du Mali à Alger a exprimé son entière solidarité aux mineurs de Morila et exigé la libération immédiate et inconditionnelle de ceux qui ont été arrêtés. Quant à la confédération nationale du travail syndicat intercorporatif du Jura (France), elle a rappelé que le droit de grève doit être respecté parce qu”étant une forme légitime de lutte pour l”amélioration des conditions de travail des salariés. "Les mineurs incarcérés à la maison d”arrêt de Bougouni doivent être immédiatement libérés " exige ce syndicat.

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 L”internationalisme prolétarien n”est pas un vain mot contrairement à ce que pensent nos dirigeants qui continuent de faire la sourde oreille face au sort de centaines de chefs de familles injustement jetés à la rue. La grève des travailleurs de Morila a franchi nos frontières et terni l”image de marque de la SOMADEX et celle des autorités maliennes.

rnMamadou L. DOUMBIA

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