Production d''or au Mali : Quel est l’impact des différentes mines sur l’environnement?

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On assiste de nos jours à des crises dans certaines grandes mines à travers le monde. Le Mali est parmi les plus grands producteurs d’or en Afrique, pour le moment il ne dispose que de deux mines souterraines. Quel est l’impact des différentes mines sur l’environnement dans notre pays ? Nous avons approchés quels spécialistes en la matière.

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La géologie est une science destructive, à ce titre le géologue agit en profondeur et détruit ce qui se trouve en profondeur d’un espace pour l’exposer en surface. De ce fait, il détruit le sol, donc son travail a un impact certain sur l’environnement. Les avis divergent sur l’impact de deux types de mines (à ciel ouvert ou souterraine) sur notre environnement. «Je pense que les impacts c’est surtout les méthodes d’extraction employées. Si c’est une mine où on emploie des produits chimiques ou des explosifs dans les deux cas l’impact peut être négatif.
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rnSi c’est des produits chimiques, s’ils ne sont pas bien canalisés ça peut faire des dégâts à l’environnement. Dans le cas des deux mines (à ciel ouvert ou souterraine) ce sont les méthodes d’extraction de l’or qui peuvent poser des problèmes  à l’environnement», souligne Tidiane Kané, ingénieur géologue à Wassoulou or.Pour Seydou Kanté de la mine d’or de Morila,  les impacts de mine à ciel ouvert sur l’environnement sont réels mais gérables. Parce qu’on fait un trou pour pouvoir accéder au minerai. Le directeur régional de la géologie et des mines de Kayes, Oumar Touré, estime que les deux phases l’exploitation et le traitement des mines ont des impacts sur l’environnement «En phase d’exploitation,  surtout la carrière,  parce que c’est une grande excavation (carrière) qui ne peut pas être refermée.
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rnOn est obligé dans l’avenir après la fermeture de la min,  d’en faire soit un lac artificiel, un site touristique ou tout  autre chose de ce genre. Et puis pendant l’exploitation il y a la poussière qui peut avoir des impacts sur l’environnement. Les produits chimiques qui sont utilisés dans le traitement de l’or s’ils ne sont pas bien gérés peuvent aussi avoir des impacts négatifs sur l’environnement».Le géologue enlève ce qui se trouve en surface, dira Aoua Coulibaly, étudiante en géologie,  pour prendre ce qui se trouve en profondeur. Mais déjà c’est une destruction  de l’environnement. Comme toute mine, la mine à ciel ouvert exploite une grande surface. La mine souterraine va en profondeur et les travailleurs opèrent à l’intérieur.
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rnC’est une mine dangereuse parce que les études géophysiques au Mali ne sont pas bien faites. En fait même les mines à ciel ouvert ont des problèmes géotechniques (problème que les géologues rencontrent sur le terrain c’est-à-dire la disposition, la propriété même du terrain) à plus forte raison une mine souterraine. Cette étude est nécessaire pour la mise en place d’une mine rappelle l’étudiante en géologie. Un observateur témoigne «J’ai constaté que dans la mine à ciel ouvert de Morila au cours de l’exploitation une partie est gardée et après l’exploitation la mine sera réhabilitée. La surface exploitée sera réhabilitée pour en faire d’autres choses sur place. Si tel n’est pas le cas c’est un grand trou qui est légué aux populations riveraines. Il peut entraîner des accidents car les hommes et les animaux peuvent tomber la dans ». Tidiane Kané de Wassoulou,  l’or révèle que les mines souterraines ciblent des objectifs en profondeur.
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rnPar conséquent,  elles ne peuvent pas faire de grande galerie, il faut aller chercher sur cette mare où se trouve le minerai et essayer de l’extraire avec plus de sécurité. «Si vous créez de grande galerie, c’est des  grands travaux. Lorsque vous prenez votre minerai dans de petits trous vous ne pouvez pas estimer la profondeur. Il y a des miniers qui vont jusqu’à 2 000 voire 3 000 m pour aller chercher l’or. Si l’étendue n’est pas grande la mine est souterraine. En fonction des méthodes d’extraction,  on a à faire à une mine à ciel ouvert ou une mine souterraine», explique-t-il.Les techniciens semblent opter pour la mine à ciel ouvert à l’image de Mlle Sanogo,  étudiante à l’ENI au département de la géologie pour la simple raison que la seconde est dangereuse pour les travailleurs de la mine. Il y a de fortes chances qu’elle s’écroule sur les travailleurs. Même si ce problème peut être résolu par des solutions géotechniques. «En général on ne peut pas ouvrir une mine sans qu’il y ait des problèmes environnementaux. Mais à côté de la mine les environnementalistes sont là pour trouver une solution à ces problèmes » soutient-elle.
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rnPour le directeur régional de la géologie et des mines de Kayes, pendant l’exploitation d’une mine à ciel ouvert,  la poussière, les bruits et les produits chimiques mal gérés ont des impacts négatifs sur l’environnement. Il en est de même pour la mine avec des installations souterraines. Il faut bien l’aménager faire en sorte qu’il n’y ait pas d’écoulement. Donc il y a toute une technologie en la matière (une norme) qu’il faut respecter. Dans une mine souterraine le minerai qui sort est traité sur la surface dans une usine tout comme pour la carrière.Les acteurs sont conscients du dommage causé par les mines.
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rnCependant des dispositions sont prises pour atténuer les effets. Seydou Kanté de Morila rappelle : « Je pense que les impacts des  mines  à ciel ouvert sur l’environnement sont réels mais gérables. Parce que on ne peut pas installer  une mine sans faire des trous pour accéder au minerai. Mais pour pouvoir atténuer ses impacts, il y a un plan de réhabilitation de l’environnement en place qui vise essentiellement à la végétation des environs immédiats de la mine. On redépose de la terre arable sur les résidus  de la carrière. Cet impact est géré au fur et à mesure de l’évolution  de la mine. Mais en ce qui concerne l’après mine il y a un plan de réhabilitation dans la convention signée entre le gouvernement du Mali et les différentes mines.
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rnCe plan est financé par un fonds alimenté quotidiennement qui est géré de commun accord avec le gouvernement du Mali et les sociétés minières. Donc ce plan peut consister à remettre en valeur les anciens sites miniers. Tout cela est inscrit dans le code minier,  dans les conventions signées entre le gouvernement du Mali et les sociétés minières.Pour Oumar Touré, la procédure au niveau des mines c’est de gérer au mieux les différents  aspects pour atténuer l’impact des mines sur l’environnement.« Bien sur, il y a des nuisances. Je pense que tout ça peut être maîtrisé et contrôlé avec une bonne intelligence » rassure Tidiane Kané.
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rnQuel type de mine pour notre pays ? « Je ne peux rien dire »,  avoue Aoua Coulibaly, sa camarade qui a un penchant pour les mines à ciel ouvert. «Je préfère une mine à ciel ouvert. Parce que les miniers trouvent une solution après l’exploitation à la question fondamentale : Comment fermer le trou ? C’est mieux que d’exploiter une mine souterraine avec ses conséquences »,  justifie t-elle.Quant à l’ingénieur Tidiane Kané, il précise que ce n’est pas une question de souhait car le type de mine dépend du gisement et surtout de la disposition de l’or. «Parce que, si vous voulez extraire l’or, c’est à deux (2) niveaux : en surface dans les oxydés, c’est-à-dire dans la parties altérée et en profondeur. Dans cette partie l’or est ciblé et il faut le chercher même s’il est à 1Km, intéressant et économiquement exploitable. On cherche toujours des moyens pour l’atteindre à plus forte raison si l’or est dans la partie altérée en surface 0 à 50 m (superficielle).
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rnL’étudiante,  Aoua Coulibaly affirme que la découverte et l’exploitation d’une mine nécessitent des préalables,  surtout des études. Des études qui peuvent prendre souvent du temps.« On ne connaît pas le temps que cela va prendre. Les études géotechniques peuvent se faire avant la mise en place de la mine et se poursuivre pendant la phase d’exploitation. Nos terrains sont très anciens (2 à 3 milliards d’années) et le climat favorise la dégradation de notre sol. Ce qui est un sérieux handicap pour l’exploitation de mine souterraine.»

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Birama Touré

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