Anglogold-Ashanti, Rangold, Iamgold ! Vous connaissez certainement. Ce sont là les trois plus grosses sociétés minières du monde. Elles sont toutes trois, aujourd’hui présentes au Mali depuis près de 15 ans pour certaines d’entre elles. Elles ont en commun d’être des spécialistes en matière de recherche, d’exploitation et de commercialisation d’or. Leur arrivée a hissé le Mali à un rang très enviable de troisième producteur d’or en Afrique.
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Grâce à ces trois compagnies, le Mali tâte des deux mains, ce métal dit jaune que la clameur populaire associe aux Djin. Est-il besoin de le dire ? La gigantesque œuvre abattu pour qu’il en soit ainsi est loin d’être une équipée de philanthropes. Et pour cause ! En arrivant au Mali, elles sont venues avec, dans leurs valises, des millions de dollars. Par exemple, Anglogold a investi au Mali plus de 8 millions de dollars.
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Le secteur de l’or est celui qui a attiré les plus gros investissements au Mali. Il convient également d’ajouter à ce décor, les milliers d’emplois créés -plus de 1 300 pour la seule Anglogold- auxquels il faudrait conjuger les employés de leurs sous-traitants. Ce chiffre est sans commune mesure avec les 42 000 employés en Afrique du Sud. Mais, dans un pays comme le nôtre, le nombre d’emplois créés a son pesant… d’or et d’influence.
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Par ailleurs, toutes ces sociétés se vantent des réalisations socio-économiques qu’elles ont faites au profit des riverains des mines.
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Mais, jamais dans leurs discours, il n’est question de leurs identités réelles. Encore moins de ce qu’elles gagnent dans l’exploitation de l’or au Mali.
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Qui sont-elles ? Que gagnent-elles au Mali ? Autant de questions dans lesquelles se trouve un début de réponse à la lancinante interrogation battue en brèche : «Pour qui brille l’or du Mali ?» C’est ce coin du voile que viennent de lever les enquêteurs de la Fidh dont nous publions d’ailleurs, par jet, (voir notre dernière édition) le rapport d’enquête au Mali dont la seconde partie en pages 4 et 5.
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Selon donc ce plus que sulfureux rapport, 63 % du capital d’Anglogold-Ashanti sont détenus par des investisseurs américains et britanniques dont 43 % appartiennent à la société Anglo Américan et à la banque américaine, Bank of New-York. Les capitaux sud africains représentent, quant à eux, 23 % dans Anglogold, les Européens 9 % et le gouvernement du Ghana seulement 3,4 %. Pour ce qui de sa sœur Rangold, son capital est détenu à 78 % par de gros investisseurs américains et 25 % par de petits investisseurs tous américains.
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Ce qu’Anglogold gagne au Mali représente seulement 8 % de sa part au plan mondial. Mais, ramener dans le contexte malien, le chiffre est on ne peut plus faramineux. De fait, pour la seule année 2005, l’or du Mali, notre or, a rapporté à la société Anglogold 70 millions de dollars, soit plus de 35 milliards Fcfa. Ce gain était presque de moitié en 2004. C’est-à-dire l’année précédent 2005. Mais en 2003, Anglogold avait tiré de l’or malien 72 millions de dollars. Pour une société qui n’a investi que 8 millions de dollars pour l’exploitation de notre or, la mesure du bénéfice crève l’œil. Pas étonnant ! Lorsqu’on sait que le Code minier, voté par l’assemblée nationale du Mali plafonne la participation de l’Etat malien à 20 % et autorise, par la même occasion, que la majorité des capitaux de nos mines soient détenus par des étrangers. C’est ainsi qu’Angologold détient 38 % du capital de Sadiola, 40 % des mines de Morila et Yatéla. Sa jumelle qui est Rangold détient elle aussi 38 % à Sadiola et 40% à Morila et Yatéla et 80% à Loulo.
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Vous avez donc compris ce pourquoi et le comment l’or malien profite plus aux Américains, aux Anglais et autres Sudafricains que notre auguste nation.
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Bof ! La clé de répartition du capital a été imposée à notre pauvre pays par la Banque mondiale. Un réservoir de sous inépuisable qui, par surcroît, se trouve être, à ce jour, un fervent partisan de la révision de notre Code minier. Espérons seulement que ce sera pas dans le sens de réduire les 20 % de part pour le Mali. Espérons enfin que ce ne sera pas pour offrir davantage d’exonérations fiscales à des sociétés minières étrangères qui, non contents de ce qu’elles tirent de notre or ont chaque réussi à obtenir de notre Etat qu’il renonce à percevoir à ses profits : impôts et taxes. Toutes choses qui ne figure nulle part dans le calcul de leurs exorbitants bénéfices. Jusqu’à quand ?
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Belco TAMBOURA
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