Le fleuve Bakoye est aujourd’hui agressé pour ne pas dire pollué au niveau du cercle de Kati, plus précisément dans les communes de Founia et de Gallé, suite à l’activité des orpailleurs semi-industriels. Eleveurs, jardiniers et pécheurs ne savent plus à quel saint se vouer, d’où leur appel au ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable de s’investir en prenant ses responsabilités pour mettre fin à cette destruction anarchique des ressources aquatiques et végétales par les orpailleurs.
Le fleuve Bakoye prend sa source en Guinée et traverse une bonne partie de la première région. Avec sa rencontre avec le fleuve Bafing à Bafoulabé, ils donnent naissance au fleuve Sénégal. Aujourd’hui une bonne partie de ce cours d’eau au niveau de la région de Kayes dans le cercle de Kita, plus précisément dans les communes de Founia et de Gallé, est agressé voir polluée par les orpailleurs semi-industriels opérants avec des mini bagues. C’est au village Badala dans la commune de Founia, situé à environ 40 km de Kita, que l’activité de ses orpailleurs est dense. Ainsi, sur dans un rayon de 50 mètres carrés on peut compter plus de 20 mini bagues. Fonctionnant avec des moteurs de camions remorques, ces machines sont équipées de grands tuyaux qui servent à aspirer du sable qui est aussi traité sur place avec des produits chimiques dont les résidus sont rejetés dans le même fleuve.
Sur place, un orpailleur s’est réjoui de cette activité qu’il qualifie de lucrative tout en ignorant ces effets néfastes sur l’environnement. “C’est une activité lucrative car tous les jours que Dieu fait nous gagnons quelques grammes d’or. De quoi nourrir nos familles et entretenir les machines” a souligné notre interlocuteur. C’est au mois d’octobre dernier que cette zone a été décelée par les orpailleurs avant d’être une destination prisée, il y a juste quelques semaines, avec la découverte d’une grande quantité d’or soit 100 grammes.
Depuis lors, c’est un petit village qui est sorti de terre au bord du fleuve Bakoye qui sépare les communes de Gallé et de Founia.
Selon plusieurs sources concordantes, ce sont en tout plus de 100 machines qui sont en activité sur ce cours d’eau au niveau de ces deux communes avec des bruits assourdissants. Cependant, si les orpailleurs sont en train de tirer profit de cette activité, elle est en train de causer un énorme dégât aux ressources aquatiques de la zone, mais surtout aux promoteurs de fermes, jardiniers et éleveurs qui sont dans la zone.
Rencontré sur place, un promoteur d’une ferme n’a pas caché sa désolation quant aux dégâts causés non seulement sur l’environnement, mais aussi sur leur plantation. “Depuis que ces orpailleurs opèrent ici, nous ne savons plus quoi faire car nous avons investi plusieurs dizaines de millions Fcfa dans cette plantation afin de pouvoir mettre sur le marché des fruits et légumes propres à la consommation sans produit toxique. Aujourd’hui, ces orpailleurs sont installés à moins de 100 mètres de notre plantation. C’est pourquoi nous sommes inquiets quant à l’avenir de notre activité” a soutenu un promoteur de plantation.
Pour lui, ses soucis sont à deux niveaux : la qualité de l’eau qui est de couleur ocre et surtout les produits utilisés par ces orpailleurs dans le traitement de l’or dont les résidus sont reversés dans le même fleuve. Or dans cette plantation arrosée à partir du fleuve, on y trouve surtout des produits de maraichage dont des salades, des aubergines…
Un éleveur aussi dans la zone n’a pas caché son désarroi. “C’est dans ce fleuve que nos troupeaux vont s’abreuver, même nous-mêmes, nous buvons l’eau de ce fleuve, mais à voir de très près aujourd’hui la qualité de cette eau nous avons de nombreux soucis pour nous-mêmes, mais aussi pour nos troupeaux. Mais comme nous n’avons pas d’autres sources d’eau, on ne peut que s’en remettre au Bon Dieu” regrette notre source. Le chef de village de Badala dans la commune de Founia, stupéfait par l’activité de ces orpailleurs, ne cache pas son impuissance. “Nous sommes inquiets de cette prolifération de machines, lesquelles à force de travailler ont souillé notre eau” nous a confié le chef de village, un non voyant septuagénaire. Mais qui a donné l’autorisation à ces orpailleurs d’exercer pareille activité dans cette zone ? A cette question, un notable de la localité nous a fait savoir qu’ils n’ont pas eu d’autorisation. Par contre, chaque promoteur de machine paye une forte somme à la commune comme redevance. En retour la commune ferme les yeux sur leur activité.
Contacté par nos soins sur place dans sa localité, Mme le Maire de la commune de Gallé nous a fait savoir, au téléphone, qu’elle est en atelier à Kayes et qu’elle n’est pas prête à nous répondre au téléphone.
En tout cas, cette extraction aurifère dans le lit du fleuve bat son plein dans ces deux communes et les populations dont la vie est liée à ce cours d’eau ne savent pas à quel saint se vouer. C’est pourquoi, elles interpellent la ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Mme Kéïta Aïda M’Bo, à dépêcher au plus vite une mission sur le terrain pour constater de visu la gravité de la situation pour mettre un terme à cette destruction de l’environ.
“Pécheurs, éleveurs, jardiniers, nous sommes tous inquiets quant à notre avenir avec cette extraction sauvage” a conclu un cadre de la localité, un officier supérieur à la retraite.
Kassoum Thera, envoyé spécial dans la commune de Gallé (Kita)
Une petite erreur Monsieur le journaliste ” Le fleuve Bakoye est aujourd’hui agressé pour ne pas dire pollué au niveau du cercle de Kati” c’est Kita.
Comments are closed.