Le Conseil économique, social et culturel (CESC) et la Chambre des mines du Mali (CMM) se sont imprégnés des conditions d’extraction de l’or sur certains sites d’orpaillages à Kangaba. Malgré la contribution cette activité à l’économie nationale, elle est source de nombreux problèmes qui nécessite règlementation.
Préoccupés par la problématique de l’orpaillage, une mission du CESC en collaboration avec la CMM s’est rendue la semaine dernière sur le site d’orpaillage de Salamalé, à une quinzaine de kilomètres de Kangaba et le site d’exploitation d’or par dragues sur la berge du fleuve à Kangaba. La délégation était dirigée par Mamoutou Kéita du CESC et Abdoulaye Pona, président de la Chambre des mines du Mali.
La mission conjointe était partie faire des constats, voir les conditions d’extraction de l’or sur ces sites avant un compte rendu fidèle aux plus hautes autorités pour qu’elles légifèrent. La délégation a été accueillie à Salamalé par les autorités locales et coutumières.
Avant la visite guidée du site, l’autorité coutumière a formulé des doléances au nom des orpailleurs. Le président Abdoulaye Pona a répondu qu’il a pris bonne note des revendications. Il s’agit, entre autres, de la détermination des couloirs pour cette activité, l’implication des autorités coutumières dans la délivrance des permis, la priorité aux autochtones dans l’exploitation des sites, la délimitation de la frontière Mali-Guinée pour éviter les affrontements entre orpailleurs tel que le cas de Niaouléni. De plus, les orpailleurs ont dénoncé l’arrivée des dragues chinoises sur le fleuve qui polluent et empêchent même des exploitants locaux sur les sites.
Un désastre écologique
Difficile cependant d’encourager une telle activité une fois sur le terrain. Trous creusés et abandonnés par-ci, villages fantômes par-là : la dégradation avancée de l’écosystème, des occupations anarchiques un peu partout sont les stigmates de l’orpaillage qui déforment le visage de cette portion du territoire. La situation est très complexe sur ce site où certains orpailleurs affirment gagner 10 grammes d’or de bénéfice par mois. Certains nous ont témoigné leur calvaire.
Environ 3000 personnes cohabitent sur le site qui s’étend plus de 3 km et dans des conditions extrêmement difficiles sans eau potable, ni centre de santé. Après le tour du site, Mamoutou Kéita du conseil économique et social est formel : “Il faut que l’Etat légifère. Si les lois existent qu’elles soient appliquées pour mettre de l’ordre dans le désordre”, dit-il.
La visite a pris fin sur la berge du fleuve à Kangaba, aujourd’hui envahie par des dragues avec des conséquences incalculables sur l’environnement. Le chef d’agence du bassin du haut Niger, Operi Berthé, évoque plus 100 dragues qui pullulent dont certaines utilisent même le cyanure.
Zoumana Coulibaly de retour à Kangaba