Nos sources sont formelles : les activités de la compagnie minière BCM Investments représentée au Mali par la société « Algom Resources relève sur le terrain, à Tabakoto dans le cercle de Kéniéba, des dysfonctionnements et des irrégularités criardes dans la mise en œuvre des normes environnementales qu’elle a signée. Plus grave encore, la société minière est accusée d’être à l’origine de l’effondrement de la carrière qui a occasionné la mort d’un ouvrier.
À en croire un ouvrier de la mine de Tabakoto, un conducteur de machine chargeuse-navette du nom de Sidiki Monekeni a été tué et d’autres blessés… par l’effondrement du toit d’un tunnel d’une mine d’or exploitée par l’entreprise BCM …« Je confirme qu’une personne est morte. D’autres ont été soignées dans une clinique (…) après la tragédie survenue dans la nuit du 29 au 30 septembre dernier », a déclaré un travailleur de la mine de Tabakoto. Sur la route, un distributeur de pain a été victime d’un camion-benne de la société, a-t-il précisé. « Tous les ouvriers de BCM Investments à Tabakoto, sont dévastés par ces tragiques accidents et notre priorité est de fournir notre aide aux familles, amis et collègues de travail des personnes décédées », a martelé notre source.
Pour lui, l’effondrement de la mine est très fréquent dans la carrière de Tabakoto : « l’affaissement du grava dans le tunnel est la suite logique d’une négligence coupable des mesures de sécurités au travail par les responsables de la mine qui sont à chaque fois alertés sur les risques ».
Non respect des normes
À en croire les informations qui nous parviennent de la mine de BCM Investments dans la localité de Tabakoto, cette société utilise des bassins de solution cyanurée non totalement couverts. Cependant, nos interlocuteurs expliquent que dans le processus de traitement du minerai par la Société, l’eau contenant du cyanure séjourne dans des bassins de solution avant d’être pompée vers une série de colonnes de carbone pour le captage de l’or. Afin d’empêcher l’accès à cette eau cyanurée par les oiseaux, la compagnie utiliserait des boules en plastique pour couvrir la surface de ces plans d’eau. Cette méthode présente des défaillances dans la mesure où des poches non couvertes sont visibles et accessibles aux oiseaux. La non-couverture de la totalité des surfaces des bassins contenant de l’eau cyanurée constitue une menace pour la biodiversité.
Par ailleurs, nos sources révèlent que la compagnie BCM, a installé dans la mine de Tabakoto, une centrale thermique ayant des cheminées non conformes. La disposition horizontale de ces cheminées ne permet pas le rejet des fumées dans l’atmosphère au-dessus du toit le plus haut de la zone et aucune de ces cheminées n’est équipée d’un système d’épuration de gaz.
En l’absence d’un tel dispositif, les concentrations des particules émises dans l’atmosphère peuvent affecter dangereusement la santé humaine et animale.
Aussi, nos interlocuteurs ajoutent que la société BCM utilise un centre d’enfouissement des déchets solides qui n’est pas conforme. En effet, dans la décharge de la mine à Tabakoto, les déchets solides sont déversés et empilés sans tri préalable. Les déchets en vrac sont juste recouverts par une couche de latérite. Et aucune disposition n’est prise pour permettre des traitements spécifiques à chaque catégorie de déchets solides. Ce non-respect de la réglementation peut porter atteinte à la santé humaine et animale tout en affectant dangereusement le milieu naturel.
Pour vérifier ces informations, somme toute accablante, nous avons tenté de joindre au fixe, la Direction de la société à Bamako. Peine perdu.
Par ailleurs nos sources révèlent que les droits des travailleurs de la mine de Tabakoto sont bafoués par l’employeur, la société BCM Investments.
Mariam Konaré