Acculée récemment par une manifestation des communautés riveraines de la mine Morila, qui exigent plus de postes, la Direction de ‘’FireFinch’’, la société repreneuse de la mine, dément les allégations de discriminations dans le processus de recrutement des habitants des villages impactés par les activités minières. Les détails.
Quelques jours après la violente manifestation des communautés riveraines de la mine de Morila, mécontentes du nombre de postes qu’ils occupent, la Direction de FireFinch a décidé d’informer l’opinion sur sa transparence dans le processus de recrutement. Il faut rappeler que ces manifestations ont occasionné un incendie qui a failli compromettre l’activité minière de Gold mine. Des manifestants ont occupé la devanture de la mine, barricadées les routes qui mènent à la mine en exigeant plus de postes de travail pour les populations qui entourent la mine. « Il y a longtemps que ce problème perdure. Nous avons protesté contre la discrimination dont nous sommes victimes en barricadant et en interdisant l’accès à la mine », explique Dramane Mariko, qui exige plus de recrutement des jeunes de la contrée. Seydou Mariko, un Habitant du village de Morila et déjà employé dans la mine depuis d’une vingtaine d’années, pense que le nombre de postes réservés est insuffisant qu’il faut impérativement augmenter. « Nous ne voulons pas les postes dirigeants mais nous voulons que tous ceux qui ont été licenciés avec le départ de Barrick et Rangold reprennent leurs postes », lance –t-il.
En effet, le départ de la première société opératrice de la Mine de Morila (Barrick et Rangold) il y a moins de trois ans a occasionné le licenciement de beaucoup de travailleurs locaux en réduisant le pouvoir d’achat des communautés qui dépendaient des activités minières. . Sa reprise par une autre société opératrice a suscité les appétits des populations qui pressent aujourd’hui les nouveaux dirigeants et exigent à ce que tout le monde trouve du travail dans la mine. Et c’est ce que les nouveaux repreneurs disent avoir fait. Le secrétaire du syndicat de la mine, Abdoulaye Kanté, dit s’inscrire en porte à faux avec les revendications et les arguments que les manifestants avancent. Selon lui, tous les travailleurs de Barrick ont été repris par Firefinch avec les mêmes clauses de contrats. « Même les employés licenciés il y a plus de deux ans ont été réemployés », insiste le chef du syndicat. Pour preuve, il a présenté physiquement un employé de la mine qui relève de son département qui avait précédemment affirmé devant les médias que son contrat n’a pas été renouvèlé. Pour le chef du comité syndical, la plupart des manifestants veulent coûte que coûte récupérer les postes qu’ils occupaient lorsque l’ancien opérateur était en activité. Ce qui semble impossible pour lui parce que les activités n’ont pas encore reprise normalement au point de satisfaire à cette doléance.
29% des employés issus des communautés
Selon le rapport de l’effectif de la mine, sur les 1707 employés 29% sont issus des communautés riveraines à savoir : les villages de Morila, Finkolo, Sanso et Domba. « Ces chiffres ne prennent pas en compte le nombre des personnes employées par les GIE et les travailleurs journaliers avec lesquels la mine sous-traitent certaines activités et collaborent quotidiennement », explique le responsable des ressources humaines, Mamadou Traoré. Lequel poursuit que les GIE emploient des centaines de personnes.
Pour sa part, le chef du développement communautaire, Mamadou Dembélé, estime que la manifestation ne tire pas son origine de l’insuffisance de postes, mais plutôt à un problème de choix. « Des personnes sans compétences ni qualifications requises veulent qu’on leur attribue certaine responsabilité dans la mine uniquement pour avoir les gros salaires », résume-t-il le bras de fer qui oppose la mine aux protestataires. Pour confirmer cette thèse, le département du développement communautaire a fait le tour de la mine avec l’équipe des journalistes et les villages qui sont impactés par les activités minières afin que l’on soit témoin l’effectif qu’emploie les GIE. « Plus de quatre GIE font des prestations pour la mine et chacun d’eux aurait plus d’une centaine d’employés », nous glisse un responsable de GIE qui semble ne pas partager les revendications catégorielles.
« Les attentes de la communauté riveraine de la mine sont devenues grandes depuis sa réouverture par la société Firefinch. Nous avons pris l’engagement de donner du travail aux communautés conformément au code minier en fonction des besoins. Et c’est ce que la direction actuelle est entrain de faire », a déclaré le directeur de la mine de Morila, Drissa Arama, Le Directeur de la Mine reste convaincu que ces attentes vont se dissiper ou seront comblées aussitôt que les activités auront atteint leur vitesse de croisière. Aujourd’hui ce sont seulement quelques mines satellites que la société minière Firefinch qui, selon lui, n’a pas les mêmes capacités de production que l’ancien opérateur et arrive seulement à faire fonctionner. « Les activités n’ont pas encore atteint une proportion importante », explique le directeur, qui a rejeté totalement les allégations de discrimination dans le recrutement des communautés. Pour lui, toutes les activités de la mine, notamment la politique de recrutement, sont conformes au nouveau code minier. Cette disposition légale précise que les postes doivent revenir aux Maliens et non uniquement aux communautés riveraines.
Des projets de développement financés
En plus du recrutement des populations maliennes, la mine annonce avoir injecté plus 1222 milliards FCFA entre 2000 et 2021 dans l’économie nationale. En dehors de ces chiffres, elle précise que 3,9 milliards FCFA ont été investis dans le développement des villages impactés par les activités de la mine. Il s’agit, entre autre, du secteur de la santé, de l’éducation, les infrastructures routières et d’adduction d’eau sommaire, hydroélectriques, d’agro-business, d’aviculture. Parmi ces réalisation citées, il faut retenir 71 forages, 5 maternités et 39 classes construites et équipées, l’aménagement de 12 hectares destinés au jardinage des femmes, des tracteurs offerts aux villages pour l’intensification de la culture vivrière, le financement des programmes de lutte contre VIH et des activités génératrices de revenus permettant la construction des centres multifonctionnels etc. S’y ajoute à la création d’un centre agro-business et un lac artificiel sur une superficie de 2 hectares avec une capacité de stockage 1, 5 millions de litres d’eau, où les alevins sont constamment versés pour développer la pêche. « C’est la mine qui a remplacé l’Etat dans cette partie du Mali », nous lance Sayon Kamissoko, membre du développement communautaire, ajoutant que ces montants n’ont rien avoir avec les 300 millions FCFA que la mine verse chaque année à la mairie de Sanso. Et ces réalisations de la mine dans le développement communautaire font l’unanimité auprès des élus et les populations. « La plupart des infrastructures de développement ont été réalisées grâce à la mine », reconnaît le maire de Domba dont la commune abrite certaines mines satellites.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net