Le ministre Boubou CisséCissé lors du forum national sur l’orpaillage : « Il faut supprimer les risques d’accidents mortels »

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Le ministre des Mines Boubou Cissé devant la presse : Le secteur doit mieux contribuer à la croissance
Le Ministre de l’Industrie et des Mines, Dr Boubou Cissé

Le Forum national sur l’orpaillage a ouvert ses portes hier jeudi 18 septembre au Centre international des Conférences de Bamako pour trois jours de réflexion. Initié par le ministère des Mines et placé sous la haute présidence du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, le Forum a pour objectif de réformer le secteur de l’orpaillage traditionnel afin de le rendre plus profitable à l’ensemble des acteurs, y compris l’Etat. 

 

Les conséquences négatives de l’orpaillage sur l’environnement, la santé des populations, la scolarisation des jeunes et le  développement du monde rural. Telles sont, entre autres, les principales préoccupations auxquelles les participants au Forum national sur l’orpaillage tenteront de proposer des solutions concrètes au gouvernement. Faut-il le rappeler ,ce Forum intervient quelques jours après un drame survenu sur  un site d’orpaillage à Niaouléni, dans la commune de Nouga, cercle de Kangaba, faisant 16 morts et 8 blessés dont 1 grave. D’où l’occasion pour le ministre des mines, Boubou Cissé de tirer la sonnette d’alarme. « Cette tragédie nous rappelle à quel point la question de l’exploitation artisanale de l’or, le thème du présent forum, requiert aujourd’hui une attention urgente et doit être traitée avec rigueur et diligence » dit-il.

Selon lui, le drame survenu à Nouga tout comme d’autres auraient pu être évité, si les jeunes orpailleurs avaient, comme leurs aînés, la maîtrise des techniques de fouille. A savoir : la définition du diamètre du puits, le placement des puits en lignes parallèles tracées à des distances fixes l’un de l’autre sur chaque ligne, la conservation d’une zone de protection entre les lignes, entre autres. Mais aussi, dit-il, le drame aurait pu être évité, si l’arrêté ministériel numéro 2014-1663/ MM-MIS-MEEA-MDV du 6 juin 2014 portant interdiction de l’activité d’orpaillage en période hivernale avait été respecté.

« La multiplication, ces derniers temps, d’accidents mortels et de conflits sociaux dans le secteur aurifère, conflits entachés parfois de sang, pourrait laisser croire à ceux qui ne connaissent pas l’histoire de notre pays, que cette richesse du sous-sol malien est porteuse de malheur au même titre que celle que l’on associe à l’or noir » explique-t-il. Avant de rappeler que l’exploitation de  l’or a été, depuis des siècles, une activité économique qui a fait la réputation et la gloire du Mali en Afrique et dans le monde. Mais selon le ministre des mines, l’orpaillage traditionnel est confronté à d’énormes problèmes ces dernières décennies.  Au nombre desquels, la mécanisation, qui selon lui, a occasionné une hausse sensible des frais d’exploitation pour les orpailleurs qui dépensent le gros de leurs revenus dans l’acquisition d’équipements. Mais aussi, la monétarisation des rapports sociaux sur le placer qui est perçue par les orpailleurs âgés comme une dégradation de l’éthique sociale basée sur le respect des rôles et les principes d’égalité. Par ailleurs dit-il, l’engagement des paysans dans l’orpaillage se fait au détriment de l’agriculture, causant une dépendance alimentaire auprès des producteurs de céréales.

« La recherche de productivité accrue via la mécanisation est allée de pair avec l’introduction de produits chimiques et en particulier l’utilisation non contrôlée du mercure et du cyanure, tous deux fortement nuisibles à l’environnement et à la santé » a-t-il  regretté.

A en croire le ministre Boubou Cissé, son département est à la recherche des alternatives qui permettront de sortir les orpailleurs de la précarité et de supprimer les risques d’accidents mortels. « Il appartient au Forum de faire des propositions d’axes d’intervention pour impulser durablement ce secteur vital de l’économie malienne qui emploie près de 2 millions de personnes » ajoute-t-il.

Le président de la République, Ibrahima Boubacar Keïta dira pour sa part que la réforme du secteur de l’orpaillage n’a d’autres objectifs que de protéger les populations maliennes tout en améliorant  leurs conditions de vie. « Nous sommes d’accord avec la pratique de l’orpaillage, mais sans l’utilisation des produits chimiques tels que le cyanure et mercure  qui nuisent gravement à la santé des populations et à  l’écosystème » a-t-il  lancé.

 

Lassina NIANGALY 

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