Dans ses déclarations sur l’ORTM, au cours de son entretien avec le député de Kangaba et encore lors de sa rencontre avec un adjoint du maire de la Commune de Nouga, le Ministre des Mines, Boubou Cissé, a toujours martelé la phrase suivante : « Force doit rester à la Loi ».
Avec ce leitmotive, il a entrainé dans son sillage le Ministre de la Sécurité, Sada Samaké, (Référence : déclarations de Sada devant les Parlementaires).
Force doit rester à la loi !
Au nom de cette loi, le Ministre Boubou Cissé a livré à la violence des gendarmes, les populations des communes de Kaniogo et de Nouga. Le rapport officiel fait état de 2 morts et quelques blessés.
Sept morts civils dont six blessés et un gendarme tué
Contrairement à ce que dit le rapport officiel, nous avons la preuve de 7 morts dont 6 civils et1 gendarme et l’on décompte aussi de nombreux blessés graves. Les disparus ne sont pas évalués et nul ne peut certifier s’ils sont vivants ou morts. Nous avons des photos et des témoignages à disposition.
Tout doit commencer par la loi et se fasse par la loi
Je voudrai faire remarquer au Ministre Boubou Cissé que pour que Force reste à la loi, il faudrait que tout commence par la loi, se fasse par la loi. Et c’est là que réside le problème, que le Ministre Boubou Cissé ne peut pas dire ignorer, car ce faisant, il n’aurait aucune raison d’occuper son fauteuil.
Ce problème, c’est la délivrance de ces fameux permis miniers qui ne respecte pas la loi ! Lesdits permis miniers pour lesquels un Ministre de la République, au nom de la protection des Investisseurs (qui lui sont plus chers que ses compatriotes), n’hésite pas un instant à laisser massacrer ses concitoyens.
Des maliens tués pour des permis obtenus en toute illégalité
Que le Ministre Boubou Cissé ne nous parle surtout pas de pression des Institutions financières car je vais lui opposer le pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations Unis.
Mieux, quelque soit la pression, est-elle suffisante pour faire tuer des maliens pour des permis obtenu en toute illégalité ?
L’illégalité de ces permis se trouve dans les différents codes miniers.
v Ordonnance N°99-032/P-RM du 19 Août 1999 portant code Minier en République du Mali.
Article 59 : Nul droit de recherche ou d’exploitation découlant des titres miniers ne vaut sans le consentement du (des) propriétaire (s) foncier (s) de ses (leurs) ayants droits, en ce qui concerne les activités impliquant la surface on ayant un effet sur celle-ci.
v La loi N°2012-015 du 27 Février 2012 portant code minier reprend mot à mot les mêmes dispositions dans son article 73 aliéna 1er
Le Ministre Boubou Cissé peut-il certifier que cette clause, primordiale, a été toujours respectée avant la délivrance d’un permis ? NON ! Tout se passe dans les locaux de la D.N.G.M et un beau matin, les villageois voient des techniciens entrain de procéder à des bornages et découvrent que leur patrimoine (champs, pâturages, maisons, cimetières, lieux de cultes) ne leur appartient plus et est désormais la propriété d’un quidam.
Le Ministre Boubou protège d’anciens Ministres des Mines…
Evidemment, Boubou Cissé va certainement rétorquer que ces permis sont antérieurs à sa nomination. Qu’à cela ne tienne, mais il se raconte partout qu’il a découvert beaucoup d’illégalités, beaucoup de choses pas claires, mais que pour ne pas mettre en mal ses prédécesseurs, il a tout cautionné.
Et pour protéger les anciens ministres, il n’a pas protégé les communautés locales et il y a eu mort d’hommes. L’Etat étant une continuité, il a agi au nom de cette continuité. Sinon, pourquoi n’a-t-il pas remis tout ça en cause à son arrivée à la tête du Ministère des Mines ?
Des populations tuées, blessées et dépossédées à cause de 70FCFA seulement…
Pour en revenir à ces fameux permis qui n’ont pas été délivrés dans le respect de la loi, pourquoi veut-on les placer aujourd’hui sous la force de la loi ? Sous la protection de la loi qu’ils ont violée délibérément ?
Pourquoi les différents Ministres des Mines qui n’ont pas été regardant sur la loi quand les intérêts des Investisseurs sont en jeu, ne se sont jamais souciés du devenir des villageois dépossédés de leurs terres ?
Pire, comment comprendre que pour des actions qui coûtent 14 cents à la bourse (valeur des actions de AGG) qu’on aille tuer, blesser, dévaliser les populations de 5 villages ?
Si Force doit rester à la Loi, Monsieur le Ministre Boubou doit donc dénoncer tous les permis qui ont été délivrés dans des conditions illégales.
Une pétition est en cours pour dénoncer le Ministre Boubou
En tout cas, une partie de la Société civile, les villageois dépossédés de leurs terres, leurs diasporas et certains maliens qui se sentent concernés, se proposent de remettre une pétition au Président de la République et à son 1erMinistre, pour dénoncer cet état de fait et dévoiler au peuple ce que pense le Ministre Boubou Cissé de ces pauvres villageois.
Cette motion nous permettra de rappeler aux Autorités que les communautés locales ont des droits sur leurs terroirs ; que ces pauvres villageois sont les propriétaires coutumiers de leurs « sols ancestraux ».
Le code domanial, dans son article 43 leur donne des droits. Le pacte International relatif aux droits civils et politiques des Nations Unis est encore plus tranchant dans son article 1er aliéna 2 de la première partie « … pour atteindre leurs fins, tous les peuples peuvent disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles sans préjudice des obligations qui découlent de la coopération économique internationale, fondée sur le principe de l’intérêt mutuel et du droit international. En aucun cas, un peuple ne pourra être privé de ses propres moyens de subsistance ».
La terre est le premier moyen de subsistance de ces populations
La terre est le premier moyen de subsistance de ces populations soit pour l’agriculture, soit pour l’élevage, soit pour l’orpaillage. On ne peut donc pas les priver de leur bien le plus sacré et le plus précieux si non, « une adéquate et préalable compensation leur ai donnée (article 74 et suivants du code minier de 2012). Rien de tout cela et le Ministre Boubou Cissé prétend que force doit rester à la loi. Quelle Loi ???
A.G.G, en occupant les lieux, n’a pas, au préalable, saisi les populations. C’est muni d’un permis que cette société a fait valoir ses droits sur le site.
Les populations spoliées, humiliées très déçues d’IBK
La société A.G.G peut-elle nous prouver qu’elle a dédommagé les populations riveraines avant de s’installer ? Non ! Nous avons des témoignages des ressortissants de la zone, je suis tenté de rejoindre les habitants des villages détruits quand ils disent : « Nous avons voté, en âme et conscience pour I.B.K, en étant persuadé que c’était l’homme du changement. Mais le changement est du mauvais sens. Y’aurait-il un jour, un vrai changement sous I.B.K ? Nous en doutons. »
Le changement est possible
Mais moi, je suis persuadé, comme le dit l’autre, que le changement est bel et bien possible. Il suffit juste qu’I.B.K mette les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Qu’il responsabilise les maliens qui ont le souci de leurs compatriotes. Qu’il mette des hommes qui ne priorisent pas leurs intérêts et ceux des Investisseurs au détriment de ceux du peuple malien.
Que Dieu sauve le Mali !
NB : Les intertitres sont de la rédaction
Mohamed Diatigui DIARRA