Le ministère des Mines a organisé un forum regroupant les miniers et les populations, afin que les communautés riveraines bénéficient enfin des retombées des activités aurifères.
Notre pays est le 4è producteur d’or en Afrique avec en moyenne, 48 tonnes par an. Premier produit d’exportation, le métal jaune est la 2è source d’entrée de devises dans notre pays, mais son impact est peu visible au niveau des communautés locales riveraines. Cette problématique était au cœur d’un forum tenu les 8 et 9 décembre derniers, dans la ville minière de Kalana, située à environ 300 km de Bamako, dans le cercle de Yanfolila (commune rurale de Gouandiaka), en 3è région.
Organisé par le ministère des Mines avec l’appui financier des coopérations canadienne, allemande, suisse et de l’ONG Oxfam, le forum avait pour objectif de renforcer le processus de dialogue entre les communautés des zones minières de la région de Sikasso, les entreprises minières et l’Etat dans le domaine du développement communautaire.
Plus de 2OO personnes venues de toutes les localités et des 5 sociétés minières (SOMIKA-SA, Morila-SA, SOMISY-SA, Wassoul’or-SA, KOMANA-SA, Nampala-SA), ont participé aux travaux dirigés par Mohamed Keïta, conseiller technique au ministère des Mines. Deux jours durant, les échanges et débats ont porté sur l’état des lieux de la problématique du développement communautaire, le repérage des atouts, contraintes et faiblesses de la situation qui prévaut aujourd’hui, à savoir aucun impact visible des ressources générées par les activités minières en faveur des collectivités, sur le développement et l’amélioration des conditions de vie des communautés.
Ce constat est perceptible à travers la misère ambiante qui se lit sur les visages des habitants que l’on croise dans les villages. Le manque d’infrastructures de base (centres de santé, écoles, routes, équipements marchands, etc.), illustre à quel point, l’argent de l’or ne sert pas aux populations riveraines des mines. Les 45 kilomètres de piste qui relient le village de Kalana à la ville de Yanfolila, son chef-lieu de cercle, est très peu carrossable.
Pourtant, le développement local demeure un souci majeur des pouvoirs publics. Il est inscrit au titre VIII du code minier du Mali qui l’aborde sous le thème de l’emploi et la formation du personnel, de la santé, de l’hygiène, de la sécurité et du développement communautaire. Ce dernier aspect est si important que les articles 63 et 150 du code minier, exigent sa planification et sa soumission par l’entreprise minière en même temps que l’étude de faisabilité pour l’exploitation de la mine. En effet, les articles 151, 152 et 153 du code minier stipulent que la société minière a en charge de produire ce plan et de l’actualiser tous les 2 ans. Elle doit le mettre en harmonie avec le Programme de développement social, économique et culturel (PDSEC) des collectivités. Les secteurs prioritaires d’intervention doivent être signifiés aux communes. La mise en œuvre doit être faite sous la surveillance d’un comité technique local qui rend compte aux responsables des sociétés minières.
Gestion responsable et transparente. Malgré cette disposition législative, l’or ne profite guère aux populations locales. En 2014, la valeur totale des exportations d’or a atteint 863 milliards de Fcfa, soit plus de 70% des recettes d’exportation totale du pays, avec une contribution de 254 milliards de Fcfa au budget national. Ce qui représente 25% des recettes budgétaires hors emprunt et dons et une contribution de 8% au Produit intérieur brut (PIB).
Les collectivités locales sont doublement servies. En effet, conformément au principe de la décentralisation, chaque collectivité (région, cercle et commune), reçoit de façon concomitante, les ressources et les moyens nécessaires à l’exercice normal des compétences transférées. En d’autres termes, les communes, cercles et régions minières reçoivent des taxes et impôts pour le développement local. A ceci s’ajoutent les contributions volontaires des sociétés minières. Par exemple, en 2014, le cercle de Kéniéba dans la région de Kayes, a perçu 2 milliards de Fcfa de patentes reversées par le trésor public et environ 1 milliard de Fcfa en contribution volontaire.
Ainsi, qu’il s’agisse d’une nouvelle dynamique de développement communautaire dans les zones minières, de la mise en place d’un cadre de concertation pour le développement et de la redéfinition du contenu des plans de développement, les réflexions au cours de ce forum se sont résolument et constamment orientées vers la lutte contre la pauvreté à travers la satisfaction des besoins et attentes des populations. Les travaux de Kalana ont permis aux acteurs de disposer désormais d’un cadre de concertation dans lequel doivent s’insérer de façon harmonieuse et rationnelle, toutes initiatives et toutes actions destinées à soutenir le développement et à promouvoir le mieux-être des populations des zones minières de la région de Sikasso. L’objectif est de rendre efficientes les actions en limitant les dispersions et les duplications sur le terrain du développement. Ceci permettra en outre d’éviter les distorsions et autres incohérences qui sont souvent constatées.
Aux élus communaux et régionaux, le ministre des Mines, Tiémoko Sangaré, a fortement recommandé une gestion responsable, transparente, équitable et judicieuse de toutes les contributions qui leurs sont allouées par les sociétés minières. L’option qui vient d’être prise vise, selon le chef du département, à promouvoir un développement communautaire durable au bénéfice des populations.
La mise en place du cadre de concertation suppose un dialogue social permanent et l’instauration d’un cadre d’échanges fructueux d’informations, estime-t-il. Il permettra de mobiliser les populations en vue de leur participation consciente à l’amélioration de leur environnement et de leurs conditions de vie. A l’issue des travaux, les participants au forum ont fait des recommandations. Il s’agit pour l’Etat, de financer de façon substantielle l’élaboration des PDSEC, assurer la concomitance et le transfert des compétences et des ressources aux collectivités.
Les collectivités sont tenues de renforcer les dotations en investissements et appui au fonctionnement des collectivités au niveau de l’Agence nationale de l’investissement des collectivités territoriales (ANICT) et de respecter de façon stricte, l’exécution du plan annuel du PDSEC. Tous les acteurs de la communauté doivent être impliqués dans le processus d’élaboration du PDSEC pour la prise en compte des besoins. Il est recommandé aux collectivités de procéder à des restitutions publiques obligatoires sur la gestion des affaires de la commune. Les sociétés minières sont tenues d’accompagner et d’appuyer le processus d’élaboration des PDSEC et, d’aider à la réalisation de projets intégrateurs et fédérateurs des localités de la commune pour le mieux-être des populations. Quant à la société civile, elle est invitée à mobiliser le financement pour la mise en œuvre du PDSEC, diffuser et communiquer auprès des populations sur le PDSEC, procéder au suivi de la mise en œuvre du PDSEC et interpeller au besoin les personnes chargées de son exécution.
C. A. DIA
Rien que ce peu c’est une bonne initiative.En effet il va falloir renforcer des soins de sante pour ces travailleurs auriferes qui ont cruellement besoin .
Sur la terre de leurs aieux leur survi en depend.
Initiative très noble du ministère. Le peuple a été entendu par le Ministre Sangare.
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