Connu pour sa liberté de pensée et d’action que d’aucuns lui reprochent souvent, l’ex ministre de l’Habitat de Urbanisme, Dramane Dembélé, peut manquer de tout sauf le franc-parler. Il s’en est, comme toujours, illustré sur sa page Facebook, où il fait des propositions aux autorités de la transition, afind’amorcer la croissance et d’apaiser le front social. Pour le consultant minier, l’Etat malien peut récupérer des mines sur la base d’une valeur résiduelle pour disposer d’une ressource de 5 milliards de dollars américains. Une manne financière qui permettra de faire face à la principale revendication de l’UNTM, portant sur l’harmonisation des grilles salariales et des primes et indemnités dans la fonction publique, dont l’incidence financière est d’au moins 1800 milliards de nos francs par an, selon des estimations. Il s’agit notamment des mines d’or de Yatéla (tenue par Iamgold à 40 %, AngloGold Ashanti à 40 %, l’Etat du Mali à 20 %) et de Sadiola (18% pour l’Etat malien, 41% pour AngloGold Ashanti et 41% pour Iamgold). Ces mines ont été fermées respectivement en 2016 et 2019.
La mine d’or de Sadiola, dont la première phase d’exploitation consacrée aux roches molles est terminée, est dans l’attente pour obtenir des facilités douanières et fiscales et de fourniture d’électricité de l’Etat malien (condition sine qua non pour l’entame des travaux de la seconde phase de l’exploitation), a expliqué Dramane Dembélé. Trois ans après ce vœu, les négociations sont toujours au point mort et la Semos est en passe d’abandonner définitivement sa lutte, a ajouté l’ex-ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme.
Parlant de la mine d’or de de Yatéla, il a laissé entendre que « les activités minières ont été suspendues en septembre 2013 alors que le traitement du minerai extrait se poursuivra pendant la réduction progressive des activités de l’exploitation. Même si cette réduction progressive a continué jusqu’à la fin de 2014, où l’empilement de minerai sur le remblai de lixiviation a cessé, la mine finira par fermer ses portes en 2016.
Dans sa publication, Dramane Dembélé a également signalé une incohérence, avant de se poser un certain nombre de questions. En effet, selon lui, le 1er juin 2012, le ministre chargé des Mines, Ahmadou Touré, et le PCA de la société d’exploitation de la mine d’or de Sadiola (SEMOS), Christian Rampa, ont signé l’avenant N°2 portant exploitation du sulfureux profond de la mine d’or de Sadiola, soit 120 tonnes d’or ; cela jusqu’ en 2025, a rappelé Dramane Dembélé. D’où la question de savoir qui sont derrière l’acquisition des 82% de Sadiola par Allied, une société basée à Abu Dabi avec la modique somme de 50 milliards de F CFA, alors que les immobilisations corporelles valent plus de 150 milliards de FCFA et un capital dormant de 120 tonnes d’or, et pourquoi l’Etat du Mali n’a pas usé de son droit de péremption pour être propriétaire à 100% de Sadiola ?
En guise de perspectives, le consultant minier propose à l’Etat du Mali de profiter de la conjoncture de guerre pour acquérir stratégiquement ces mines. « De l’analyse des méta-données,nous sommes en situation de récupérer ces mines sur la base d’une valeur résiduelle …Comme SEMOS veut considérer les sulfureux profonds sous un régime d’exception, c’est-à-dire continuer à bénéficier des exonérations pour commencer cette seconde phase, rien l’oblige l’Etat à cela, d’autant plus qu’elles sont en train de fuir leur obligation de restauration environnementale en nous cédant la mine de Yatéla au dollar symbolique», a expliqué Dramane. Toute chose qui, selon lui, va permettre au Mali de disposer de ressource pour financer la guerre qui a été imposée par une méthode non conventionnelle, au total amorcer notre croissance, in fine apaiser le front social.
En terme de chiffres, selon lui, le gisement sulfureux de Sadiola correspond à une production d’or de près de 120 tonnes (soit 3,5 millions d’onces) par un modèle de vente à terme ; cela généra environ 5 milliards $US bruts dont n’importe quelle place financière ou fonds d’investissement sera preneur d’une telle opération sur une maturité de dix ans.
Amidou KEITA